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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 21:45

Gloire aux Femens !

 

Chanson française - Gloire aux Femens ! - Marco Valdo M.I. – 2013

 

 

 

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Les propos malsonnants à l'égard de femens émis par certaine éditorialiste du principal quotidien de la capitale de l'Europe m'amènent à publier ici cette chanson : « Gloire aux Femens », en précisant Gloire aux femens de Bruxelles et d'ailleurs. Cette dame du haut de sa page s'insurge contre la violence faite par les femens à un représentant notoire de l'Eglise catholique, dont les actes d'une violence démentielle ont jalonné l'Histoire depuis des siècles et des sicècles – entre le massacre des Albigeois ou des braves gens de Béziers, la chasse aux Vaudois, les bûchers, la mise à sac de Jérusalem, les massacres des Juifs de la première Croisade, etc, etc... Et la déconsidération systématique, pour ne pas dire la diabolisation, des sorcières et des homosexuels... Pourquoi n'a-t-elle pas rappelé tous ces hauts faits du catholicisme en comparaison un jet d'eau bénite lancé par une jeune personne. Deux poids, deux mesures... À proprement parler, cet éditorial est réactionnaire, on n'en attend pas moins de ce quotidien institutionnel.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

L'Italie est vraiment un enfer, dit Lucien l'âne en faisant une épouvantable grimace. Les flics sont tellement mal élevés qu'ils s'en prennent aux femmes... (http://www.corriere.it/politica/speciali/foto/2013/elezioni/nudi-al-voto/attiviste-femen-seno-nudo-contro-berlusconi_8cd6df56-7e7c-11e2-b686-47065ea4180a.shtml#1). Comme en Russie, comme en Chine, comme en Belgique... Et tout ça pour protéger une girouette politique...

 

 

D'accord, dit Marco Valdo M.I., ils ont fait fort, mais il faut bien reconnaître qu'à Anvers, ils cognent sur les mecs et c'est tout aussi dégueulasse. Mais, c'est à Mortsel, bij Antwerpen...

 

 

Cependant, quand même, avec un seul neurone sous leur couvre-chef, ces flics-là (à Milan, capitale de la Lombardie...) auraient pu et dû saluer ces femmes-là, courageuses et honnêtes – chapeau bas et respect; ils auraient dû leur faire la haie d'honneur, les escorter, s'agenouiller, leur baiser la main comme de galants chevaliers et s'en prendre vigoureusement à ce vieux salaud – pervers, grossier, con, escroc et menteur qui depuis des années, sous sa cuirasse de Président du Conseil des Ministres, derrière ses gardes du corps se pavane et trompe son monde et le nôtre. Car, figure-toi, Marco Valdo M.I. mon ami, cet éminent homme d'État, cet homme le plus intelligent du monde (qu'il dit!), ce héros des temps modernes (qu'il croit!), ce courageux paladin a besoin de gardes du corps (sept, dix, treize, cent, mille, dix mille ?) On est quand même en pleine Guerre de Cent Mille Ans que les riches font contre les pauvres pou imposer leurs mœurs par la terreur.... Il ne serait rien sans un tas de gardes du corps pour le protéger, car dans le réel, ce brillant Cavalier se cache derrière une troupe de mercenaires et n'ose pas affronter le monde directement... Il le fait seulement, par écrans interposés... Cet homme (mais en est-ce un?) fait la honte au peuple d'Italie, à tous les gens d'Europe et aux hommes du monde entier. Et encore, je modère mes propos, il pourrait y avoir des enfants qui nous lisent.

 

 

D'ailleurs, nous aussi, mon cher Lucien l'âne, mon ami, on crie hourra !, on salue ces femmes, on les vénère, on leur envoie nos plus chaleureuses félicitations et on jette la honte sur ces policiers sans conscience et sans ce qui fait d'un homme, un homme, sur ces policiers, tout juste bons à être gardiens de Dachau ou d'Auschwitz... Tout juste bons à obéir aux ordres sans même réfléchir...

 

 

Ah, Marco Valdo M.I. mon ami, penses-tu un seul instant que de tels êtres soient capables de penser ? Pour le reste, leur côté animal reproducteur, je n'en sais rien... On en sait peut-être quelque chose au Vatican... Mais comme toi, j'imagine que s'ils en avaient (Habent et bene pendentes ?), ils ne s'en seraient pas pris à des femmes... Ils auraient eu un sursaut de résistance (Ora e sempre : Resistenza!). S'ils avaient un peu de dignité... Qu'on ne me dise pas que c'est impossible... Il y a des exemples... Par exemple, les soldats du Dix-Septième de ligne... [[704]] qui malgré les injonctions virulentes du gouvernement et de leurs officiers, ont refusé de s'en prendre aux viticulteurs et ont tranquillement retourné leurs baïonnettes. Donc, si ces policiers milanais (ou d'ailleurs) avaient été des gens d'honneur et de courtoisie, ils n'auraient jamais, au grand jamais accompli pareille infamie... Si c'était le cas... si c'eût été des gens corrects, on le saurait et en plus, ils n'auraient même pas été engagés dans ces meutes... ou alors, ils dénonceraient tous les jours à la face du monde ce que font leurs collègues véreux ou tout ce qu'on les obligerait à faire, tout en refusant de le faire... Avec obstination, insubordination et dignité humaine.

 

 

Je sais, je sais... Enfin, en ce qui concerne ces flics-là qui s'en sont pris à des femmes et en plus, à des femmes sans armes, pacifiques, partiellement et dans certains cas, totalement dénudées (signifiant ainsi qu'elles n'ont que leurs corps pour affronter les armées des puissants et des riches) et qui en plus énonçaient une vérité éclatante (ce monsieur est un personnage ignoble), je suis persuadé qu'ils tueraient père et mère, s'ils en recevaient l'ordre... C'est pour elles d'abord que j'ai fait cette chanson et leurs (nos) soeurs. C'est une parodie de la chanson de Montéhus, dont tu parlais tout à l'heure, qui peut se chanter sur son air et qui s'intitule « Gloire aux Femens ! ». Pour ce qui est des lâches comportements de la police, j'aimerais beaucoup qu'on me montre le contraire... par exemple, un flic refusant d'accomplir un ordre contraire à la morale, à la raison, à la dignité (la sienne ou celui de sa future victime) ou même, aux droits de l'homme, de la femme, des étrangers, des travailleurs, des chômeurs, des pauvres... ou tout simplement, refusant d'exécuter un ordre idiot... Note que j'ai connu ça : un jour, il y a bien longtemps, un agent s'est excusé de m'avoir bousculé avec son engin contondant dans une manifestation. Ce fut une exception... D'autres m'ont frappé, d'autres m'ont emmené, d'autres m'ont arrêté, d'autres m'ont enfermé et j'attends toujours leurs excuses.

 

 

Il faut bien, dit Lucien l'âne, une exception pour confirmer la règle.

 

 

Bref, j'aimerais que parmi ces gens-là, on me montre des hommes droits et corrects... Simplement, corrects. Mais je vois bien qu'à l'exception près, ils n'ont ni conscience, ni cerveau, ces gens-là. En fait, ce sont des chiens de garde... On siffle et sur ordre, ils attaquent... Ils frapperaient et tueraient n'importe qui... Les exemples ne manquent pas, d'ailleurs. Dans les années 40, en Allemagne, ils auraient eu droit à un uniforme noir, avec une tête de mort... Ce sont des tortionnaires, des malappris, des machos et des imbéciles...

 

 

En effet, Marco Valdo mon ami, on pourrait rêver de policiers honnêtes et consciencieux qui refusent d'accomplir des ordres contraires à la loi ou quand la loi est insuffisante ou malhonnête ou contraire aux lois humaines (par exemple, on ne s'en prend pas à une femme désarmée), contraire aux lois de l'humaine raison (on n'attaque pas des gens paisibles ou des gens qui réclament leurs droits, des gens qui marchent pour la paix, des gens qui demandent à manger, des gens qui protestent contre des injustices, qui dénoncent la misère ou des gens qui disent la vérité...) ou on pourrait rêver d'agents des services ou de la puissance publique qui refusent d'appliquer les ordres ou la loi elle-même quand elle va à l'encontre de l'humaine raison ou de l'humaine nation.

 

 

C'est d'ailleurs ce que dans certaines bonnes constitutions, on appelle pour les fonctionnaires et les agents de l’État ou pour les agents des services publics et les agents des forces publiques (eux qui somme toute, sont, par délégation, la force mandatée par les gens du peuple), y compris les policiers et les militaires, y compris les magistrats et les ministres, on appelle le droit de réserve, le droit de conscience... Mais évidemment, quand on n'a pas de cerveau, on ne peut y penser... et même si on s'en souvient et qu'on y pense, il faut encore oser l'appliquer... Louis Jouvet disait : « Pour être un homme, il faut avoir des couilles au cul... »

 

 

En effet, il est difficile d'être digne quand on a peur du maître, quand on mange dans la gamelle, quand on fait carrière... Et puis enfin, quand on n'a pas de dignité, on ne veut pas y penser : on veut oublier ce qu'impose la dignité humaine... Ainsi, il appert que ce vieux monde est en décomposition avancée, il sombre de partout, il pue de tous les côtés... Tissons donc son linceul, il est plus que temps d'y mettre fin et de le remplacer par un monde de vivants honnêtes et sains. Ne sentez-vous pas ses remugles malsains... Il est cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Légitime est votre colère
Votre refus est un grand devoir
On ne doit jamais laisser faire
Les grands qui sont au pouvoir
Femmes, votre conscience est nette
Il faut mettre au jour tous leurs méfaits
En récusant les malhonnêtes
Femmes, oui, vous avez bien fait.

 

Salut, salut à vous
D'avoir agi ainsi quand même
Salut , salut à vous
Chacun vous admire et vous aime
Salut, salut à vous
À votre geste magnifique
Vous auriez en restant chez vous
Assassiné la République

 

Comme les autres vous aimez la vie
J'en suis sûr même vous l'aimez bien
Mais sous le beau ciel d'Italie,
Les riches se moquent des citoyens
La vie, c'est d'abord d'êtres libres
Et de vivre bien parmi les siens
Et vaut mieux même aller en galère
Que d'accepter de tels aigrefins

 

Salut, salut à vous
D'avoir agi ainsi quand même
Salut , salut à vous
Chacun vous admire et vous aime
Salut, salut à vous
À votre geste magnifique
Vous auriez en restant chez vous
Assassiné la République

 

Espérons qu'un de ces jours, patience
Il n'y aura plus de guignols comme ceux-là
Ayons tous au cœur cette espérance
Que bientôt ce grand jour viendra
Vous avez montré votre courage

Et votre admirable volonté
Quand la révolte tournera à l'orage
Ce jour-là, vous serez toutes fêtées.

Salut, salut à vous
D'avoir agi ainsi quand même
Salut , salut à vous
Chacun vous admire et vous aime
Salut, salut à vous
À votre geste magnifique
Vous auriez en restant chez vous
Assassiné la République

 

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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 09:39

LE COEUR DES ATHÉES

 

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (24 avril 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/04/24/il-cuore-degli-atei/

 

 

 

coeur d'athée
 

 

 

 

Les amis italiens de l'UAAR présentent une réflexion sur le fait que selon les rumeurs religieuses, les athées et autres mécréants seraient des êtres aux cœurs absents.

Tout fait farine au moulin des religions et toutes les médisances, calomnies, ragots et dénigrements sont bons pour déconsidérer les laïques...

Voilà-t-il pas qu'on les accuse (on, c'est-à-dire les gens de confessions diverses) d'être handicapés du cœur et même, pourquoi pas, tant qu'on y est, de manquer de cœur.

Il y aurait donc deux sortes d'humains : ceux avec un cœur (les croyants de toutes les sortes) et ceux sans cœur (les incroyants). Ce qui pourrait avoir comme conséquence que le fait d'être athée, agnostique ou tout simplement, incroyant – vu le taux de mortalité dû aux crises cardiaques et autres maladies du cœur – rendrait le malheureux sans dieu(x)... immortel ou prolongerait considérablement sa vie.

Dès lors, à en croire les tenants des croyances déiques, il vaudrait mieux tous comptes faits se rallier d'urgence à l'athéisme le plus ferme, si ce n'était déjà le cas – comme pour le soussigné. Une démarche prophylactique, en quelque sorte.

 

 

 

 

L'édition du Tg1 (télé-journal) dans lequel il a été soutenu, sans contredit ou sans recul, que les athées sont « handicapés du cœur », a montré de manière ostentatoire combien ce stéréotype négatif est répandu et partagé dans le monde clérical, dont le journaliste auteur de ce morceau de bravoure est une expression convaincue. Pourtant il n'est pas difficile de montrer que les athées, à l'égard du « prochain » en difficulté, n'éprouvent pas moins d'empathie que les croyants.

 

Serait-ce que non-croyants et croyants ne partagent pas le même héritage biologique ? Le primatologue bien connu Frans De Waal a mis en évidence dans ses études que chez les chimpanzés et autres primates, il y avait déjà en germe l'empathie et la solidarité comme nous l'entendons, nous-autres humains. Et que ces aptitudes ont un fondement biologique. Nos « cousins lointains » ne connaissent certainement pas Dieu, Allah ou Zeus. On trouve donc toujours plus de confirmations de l'idée que déjà parmi les hominidés et parmi les primates, en général, il y a une forme de moralité préexistante qui sera ensuite récupérée par les religions. Le même De Waal, incroyant, depuis longtemps déjà critique la démarche monopoliste des confessions religieuses par rapport à l'éthique, en faisant remarquer qu'elle est née avant celles-là, et que les religions sont au mieux un pur accessoire culturel pour lui donner une expression, souvent en la déformant.

 

Toutes les religions ont inséré parmi leurs préceptes la charité ; aux fidèles, évidemment, elle ne vient pas ainsi naturellement et il a été nécessaire d'introduire une obligation de nature morale qui appelle à la cause rien de moins que la divinité. La-dite « charité », mais il est sans doute plus opportun de parler de solidarité, chez les athées et chez les agnostiques, apparaît plus naturellement, plus spontanément, précisément car elle ne se fonde pas sur la foi ; il n'y a pas de motivation (ou de récompense) ultra-terrestre. Justement [elle naît] du fait qu'en tant qu'êtres humains, nous avons tous la capacité de nous reconnaître profondément dans les émotions et dans les sentiments d'autrui, en percevant même la souffrance, la douleur et le malheur. Les incroyants, de ce point de vue, apparaissent plus désintéressés (et même plus « purs de cœur ») ; ils ne regardent pas tant à qui ils ont à faire et n'ont pas de prétention à l'évangélisation. Ils regardent plutôt les résultats de la manière plus rationnelle possible. La dichotomie entre « raison » et « sentiment » est un vieux stéréotype, bon pour les romans. La capacité empathique est stimulée précisément par notre mécanisme cérébral complexe, fruit de l'évolution si abhorrée des créationnistes et compagnie.

 

Ce n'est pas un hasard si la première réponse efficace et concrète à la pauvreté répandue au dix-neuvième siècle par le capitalisme sauvage des débuts est venue du socialisme et de l'anarchisme, qui mirent en place un solide réseau d'organisations, de syndicats, de caisses d'épargne, d'écoles pour les ouvriers. L'Église n'eut de cesse de condamner ces idéologies laïques et le volontariat catholique naquit en réponse à celles-ci, fondamentalement pour éviter que le troupeau ne se disperse. Mais même du côté économique opposé, celui des super-riches, parmi les majeurs philanthropes contemporains nous trouvons des non-croyants tels, pour donner quelques exemples, Warren Buffett, Mark Zuckerberg et Bill Gates.

 

Contre les incroyants cependant joue l'image déformée proposée par les media, qui hhante les programmes d'information plus ou moins pilotés par la pensée cléricale jusqu'aux émissions de l'après-midi ou aux fictions qui exaltent la foi et dépeignent les athées avec des stéréotypes négatifs pénibles. Les croyants ne sont pas communément étiquetés comme solitaires, asociaux, cyniques, sans sentiments, angoissés par l'incapacité de croire. Les croyants, par contre, sont représentés comme des hommes et des femmes qui vraiment en vertu de leur foi passent leur temps à faire le bien du prochain – et, s'ils ne le font pas, c'est seulement car ce sont des incroyants camouflés.

 

Mais la réalité est bien différente et il suffit d'aller parmi les citoyens et dans la société pour s'en rendre compte. Juste pour donner un exemple : en Italie, moins de la moitié des associations de volontariat sont catholiques et parmi les dix premières associations du classement du 5 pour mille, il y en a seulement deux catholiques (et, voyez un peu, ce sont celles spécialisées dans la compilation de déclarations de revenus). Sans compter que beaucoup d'incroyants, qui en vérité, regardent à la substance et pas à la forme, prêtent leur concours de volontaires à des organisations qui font référence à l'Église. Laquelle par contre démontre une attention toujours plus grande à la forme et vante toujours plus souvent et toujours plus ouvertement son engagement.

Le World Value Survey montre que des fidèles et des athées convaincus sont des membres actifs d'associations charitables ou humanitaires presque dans la même mesure. Ils sont si jamais les incertains ceux-là moins d'actifs, et ils sont de toute façon de peu. L'étude internationale révèle que les croyants n'ont pas un grand respect envers les filles mères, les immigrés, les homosexuels et ceux qui ont d'autres convictions philosophiques, de façon générale, envers les catégories les plus maltraitées, en répandant toute une série de racontars sur le monde incroyant. La raison réside probablement dans leur plus grande facilité à s'identifier aux autres, justement grâce à l'absence de convictions religieuses dogmatiques susceptibles d'alimenter la différence entre le « Nous » et le « Eux ».

 

Le confirment les réponses à la question sur la disponibilité à payer des taxes plus hautes pour augmenter les aides aux pays pauvres : les athées ont répondu positivement de manière légèrement supérieure par rapport aux croyants. Toujours de cette recherche, il ressort que les irréligieux, et en particulier les athées convaincus, sont plus enclins à préférer le « progrès vers une société moins impersonnelle et plus humaine » et à se dire d'accord sur le fait que les idées comptent plus que l'argent (face au « matérialisme »)que la nécessité d'une économie stable et à la lutte contre le crime, options préférées des fidèles. À preuve, les pays qui développent le plus la solidarité internationale par rapport au PIB sont le Luxembourg (catholique, mais aussi paradis fiscal), la Suède, la Norvège, le Danemark et la Hollande (où on trouve les pourcentages les plus élevés d'incroyants dans le monde).

 

Les athées sont eux aussi capables de grands élans de solidarité, facilités par les « communautés » en ligne. Comme dans le cas de la somme record offerte à Médecins Sans Frontières. Particulièrement actives en ce sens sont les associations étazuniennes, avec des campagnes où on trouve le slogan « Good Without God », avec des groupes spontanés qui fournissent des supports de divers types, pour favoriser la solidarité et développer le capital social.

 

Une étude du sociologue et paléontologue Gregory Scott Paul, qui s'interrogeait à propos du soutien apporté au créationnisme biblique de la part de nombre de milieux politiques et culturels aux Usa, met en discussion l'argument éculé selon lequel la société aurait besoin de la religion pour être plus stable, riche, sûre, démocratique et cultiver des valeurs. Au contraire, dans les sociétés les plus riches, libres et attentives aux besoins des plus désavantagés, croît le poids des incroyants, maintenant remarqué par les enquêtes au niveau international : une vision à laquelle se rallient beaucoup d'autres spécialistes, comme Phil Zuckerman (Society Without God) et Pippa Norris et Ronald Ingelhart (Sacred and Secular). Ces deux derniers ont remarqué comme, preuves en main, la religiosité prospère là où l'inégalité sociale est plus grande.

 

D'autres recherches relèvent que la religiosité stimule la coopération, mais seulement entre ceux qui font partie de la même foi. Et que les athées ne sont pas du tout moins généreux que les croyants. Il ressort même que la compassion et la générosité dans le soutien aux étrangers n'est pas une prérogative de qui est religieux. Au contraire, une autre recherche met en évidence que lorsque ils manifestent générosité, les croyants tendent à être moins poussés à la charité par l'émotion, et plus par des facteurs tels que la doctrine, la communauté de foi ou la réputation. Les incroyants par contre sont guidés par la compassion, l'émotion qu'on éprouve lorsque on voit un autre être humain qui souffre et qui nous pousse donc à l'aider. Parallèlement, les effets négatifs de l'empreinte religieuse font toujours plus l'objet d'enquête scientifiques.

 

Comme on voit, le stéréotype négatif se révèle, à l'épreuve des faits, assez inconsistant. Les athées sont différents seulement dans leur manière de traduire en pratique une sensibilité semblable et spontanée. Ce qui fait peut-être problème, c'est le fait que ces façons d'agir différentes ne rentrent pas dans les schémas de pensée des croyants les plus intégristes, particulièrement acharnés à diaboliser les incroyants. Ou peut-être est-il beaucoup plus simple de délégitimer le prochain, plutôt que de chercher à argumenter ses opinions. Souvent les religieux fervents reprochent aux athées et aux agnostiques de ne pas avoir de valeurs car ils ne croient à rien. Mais à beaucoup d'incroyants, il semble vraiment absurde et préoccupant que pour tant de croyants, la seule barrière à la méchanceté et ce qui les pousse à être bons soient seulement les diktats contenus dans des livres soi-disant « sacrés », souvent vieux de millénaires.

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 19:21

ISLAMOPHOBIE, CHRISTIANOPHOBIE,

 

ATHÉOPOHOBIE : L'ESCALADE DE L'HORREUR

 

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (22 avril 2013) : ISLAMOPHOBIE, CHRISTIANOPHOBIE, ATHÉOPOHOBIE : L'ESCALADE DE L'HORREUR

 

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/04/22/islamofobia-cristianofobia-ateofobia-la-scala-odio/

 

 

 

Dans les pays où le combat laïque organisé s'est développé avec un certain succès sur le plan institutionnel, il fut pensé dans ces termes où l'on mesure la laïcité à son occupation du territoire public. Il n'était que de considérer la place que l'on avait conquise dans l'espace commun et on vivait ainsi plus soucieux de reconnaissance ; c'est d'ailleurs encore le cas. Dans d'autres pays, par contre, les choses n'en sont pas au même point et la laïcité n'existe même pas en tant que telle. Les laïques sont tous simplement des non-êtres, de non-citoyens. Souvent pour survivre, ils doivent se fournir de la barbe de religieux et se la coller au visage. Bref, ils doivent faire semblant de se rallier à l'opinion dominante. L'athéisme tient là-bas de la résistance clandestine. Entre ces deux états de la laïcité, la reconnaissance et la clandestinité, il y a évidemment toute une gradation possible. Entre les deux extrêmes que sont la tranquillité conquise et la peine de mort, on vit plus ou moins bien. Sans compter qu'on pourrait trouver en cherchant bien des formes de ghettoïsation, d'assimilation, de compromis... Parfois même, étonnantes. Pour rester dans l'aire envahie apr la chrétienté, on a vu des athées convaincus se faire enterrer avec toute la pompe ecclésiastique. Par peur de quoi ? Et pour quel bénéfice ? On ne sait. Mais une fois mort, le ridicule ne vous tue plus. De cela, on peut être certain.

Une vision large, disons internationaliste de la laïcité, permet et oblige à tenter d'établir une carte de la planète laïque, avec par endroits, des colorations inquiétantes tirant sur le rouge sang. On aurait ainsi un planisphère ou une mappemonde de la liberté de pensée. D'intuition, les territoires où elle fleurit sans contrainte devraient être très peu nombreux et d'une extension réduite.

 

Phobie comme suffixe désigne la crainte, la peur et même, la terreur... irrationnelles. Ainsi en va-t-il de l'arachnophobie, la crainte, la peur, la terreur des araignées ; par ailleurs, charmantes bestioles tout-à-fait incapables et même pas désireuses de faire tort à l'humain. Que dire de Ailurophobie– Peur des chats, Alektorophobie– Peur des poulets, etc ?

Retenons crainte irrationnelle et revenons à nos moutons : islamophobie, christianophobie et athéophobie et constatons ici aussi que ce n'est pas celui qui devrait en bonne logique trembler le plus qui en est atteint. Un pays empli d'athées ne souffre évidemment pas d'athéophobie... Un pays emplit de catholiques ne développe pas volontiers de christianophobies – encore que, mais laissons de côté les massacres d'Albigeois (d'Albi), de cathares, de vaudois, de protestants, etc... Au gré des Églises ou des sectes selon comment on les regarde. En fait, tout ceci revient à montrer qu'on a peur du minoritaire et au besoin, on le lui fait bien sentir et toujours, pour d'obscures raisons, tellement obscures qu'on ne sait trop si elles existent véritablement. Mais en résumé, l'oppression : du mépris jusqu'à la mort , frappe ceux qui sont marqués au sceau de la phobie. Tel est le sujet de l'article de l'UAAR.

 

Pour le reste, il y a lieu de réfléchir la laïcité dans le monde et si j'osais ce paradoxe, de la théoriser, de lui donner une théorie... Ne fût-ce que pour comprendre d'où viennent les coups, comment s'en préserver et comment y parer. Ce qui n'est pas un mince sujet. Et là, comme on dit, on n'est pas sorti de l'auberge.

 

 

 

musophobie.jpeg

 

 

 

 

On ne peut pas nier l'existence de victimes. Mais on ne peut ne pas plus nier l'existence du victimisme. Récemment nous avons discuté d'islamophobie et de christianophobie. Mais nous aussi, athées et agnostiques, nous ne renonçons pas à présenter des rapports à l'Onu sur les discriminations que nous subissons. Il l'a fait l'IHEU (Internationale Humainiste Europe), dont il fait partie l'Uaar où elle représente l'Italie, et l'Uaar elle-même, en parlant d'« athéophobie » à l'occasion de déclarations manifestement discriminatoires comme celles de l'ex ministre des Affaires étrangères Franco Frattini. Y a-t-il du sens à employer ces termes ?

 

Le refus de la différence vient de la nuit des siècles. Il pourrait même avoir des origines biologiques, en regardant comme fonctionnent les sociétés de nos cousins primates. L'anthropologie a depuis longtemps mis au point le concept d'« ethnocentrisme » pour définir l'évaluation des autres cultures à partir de la sienne : une évaluation, bien entendu, presque partout négative. La réalité positive est celle de la communauté, de l'ingroup, du Nous, et elle s'arrête aux frontières du village. Dehors ce sont les Autres, différents :ils ne représentent pas seulement une menace potentielle, mais ils constituent même la représentation de ce que la communauté n'est pas, un modèle négatif sur lequel forger son identité et donc, garantir l'homogénéité.

 

Les religions ne fonctionnent pas autrement : elles sont un élément identitaire très fort, juste après la langue. Et elles tendent, plus ou moins toutes, à l'homogénéité. On entend souvent dire que les religions sont un phénomène cohésif : certes, mais seulement parce qu'elles imposent l'homogénéité. Il faut faire des efforts pour trouver des confessions majoritaires favorables au pluralisme pas seulement dans les mots, mais aussi dans la pratique. Le dissident est toujours plus ou moins excommunié et là où la législation se guide sur la doctrine, il est même puni par le bras séculier.

 

Les sociétés démocratiques, toutefois, sont telles précisément parce qu'elles définissent le pluralisme comme valeur. Au bout du compte, les conflits État – Église prennent tous racine dans la tentative d'empêcher que les doctrines religieuses exclusivistes ne deviennent des lois applicables à tous.

 

L'affirmation du pluralisme comme valeur doit toutefois s'accompagner d'un concept aussi important : celui de l'égalité face à la loi. Qui ne doit pas être conçue comme si toutes les croyances, les opinions et les comportements avaient la même valeur, mais du fait qu'aucune croyance, opinion et comportement ne peut jouir de privilèges spéciaux de par la loi. Une mauvaise conception du multiculturalisme peut porter à de faciles accommodements vis-à-vis des demandes les plus absurdes, à justifier des exceptions au droit seulement sur la base de l'appartenance religieuse.

Une attitude assez répandue parmi ceux qui sont les plus sensibles face au « différent », mais qui souvent obtient des résultats opposés à ceux souhaités par ses partisans. Au « différent », il ne doit pas être demandé de s'adapter, mais sa prise de distance doit être claire vis-à-vis de comportements et d'idéologies liberticides et il doit être aussi clair que sa demande de privilèges exclusifs risque d'exacerber les conflits, plutôt que de les calmer. Dans le cas contraire, le « différent » qui se présentera avec de si mauvaises prétentions apportera seulement de l'eau au moulin des identitaires, qui aiment attaquer les autres identitaires. Ce n'est pas en se cachant la tête dans le sable imaginant de les changer qu'on pourra résoudre un problème atavique.

 

John Stuart Mill le notait déjà, il y a plus d'un siècle et demi : « La pire erreur consiste à classer les opposants comme moraux et immoraux. [...] En général, les opinions minoritaires peuvent espérer être écoutées seulement en employant un langage minutieusement modéré et en évitant avec soin d'offenser inutilement quiconque, s ouspeine de perdre du terrain à chaque minime déviation par rapport à cette ligne ; tandis que, employé du côté de l'opinion prédominante, la vitupération la plus déchaîné est une force de dissuasion réelle, qui détourne les gens de professer des opinions non-conformistes et d'écouter qui les professe ». Volens nolens, seul un surplus d'engagement du « différent » contribuera à éviter soit l'assimilation forcée, soit l'éternel conflit.

 

Car le conflit, sauf de rares cas, a lieu entre une communauté majoritaire et une ou plusieurs communautés minoritaires. Avec la première qui, toujours sauf dans de rares cas, exploitera sa position pour attaquer qui n'en fait pas partie (et par « attaquer », nous n'entendons pas évidemment la critique légitime exprimée pacifiquement). Si nous voulons donner un sens à des mots qui se terminent par -phobie, il sera utile utiliser une échelle. Il existe en effet une échelle de la haine : elle démarre de la création et de la diffusion de stéréotypes négatifs, monte par la considération d’infériorité, poursuit avec les diabolisations publiques, arrive à la demande de discriminations législatives et aboutit enfin dans la violence, soit privée soit, de manière encore plus intolérable, à légaliser et prescrire des condamnations à mort.

 

Si telle est l'échelle de la haine, il devient évident que ceux qui ont le moins de raison de crier à la persécution, ce sont les musulmans : car c'est seulement dans les pays à majorité musulmane qu'est prévue la peine de mort pour qui ne pense pas (plus) de la même manière. Les chrétiens, qui eux aussi la prévoyaient et la revendiquaient dans le passé, maintenant se sont (ont été) calmés. Les organisations représentants athées et agnostiques ne l'ont jamais demandée. Et ce plus grand respect est attesté même par des enquêtes, comme le World Value Survey, qui montrent que les croyants n'ont pas moins de problèmes à avoir comme voisins des personnes avec une opinion « différente » sur la religion. Mais aussi sur les immigrés, les filles mères, les homosexuels.

 

À propos. À bien y regarder, ils ces derniers sont vraiment les plus discriminés. La peine de mort à leur encontre est prévue dans divers pays islamiques. Et dans tant d'autres, comme l'Italie, l'homophobie n'est même pas explicitement sanctionnée.

 

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 15:45

 

L'INTERVENTIONISME DES ÉVÊQUES ET LA RÉÉLECTION DE NAPOLITANO



Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (20 avril 2013) :

 

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/04/20/interventismo-dei-vescovi-e-la-rielezione-di-napolitano/

 

 

 

L'Italie vient de se voir dotée d'un nouveau président... En fait, on a reconduit le sortant, Giorgio Napolitano. On pourrait dire beaucoup de choses à ce propos, mais ici, il s'agit simplement de voir la position de nos amis de l'UAAR, telle qu'elle est parue dans leur dernier article analysant la situation politique.

 

Du point de vue laïque, les choses sont claires : deux blocs se sont confrontés – d'un côté celui qui a pris parti pour le compromis en élisant Napolitano , à savoir les « partis traditionnels » ou les partis qui ont partagé le pouvoir depuis des années, les partis issus en quelque sorte du « compromis historique » qui vit disparaître le PCI et la DC, mais aussi, le Parti Socialiste... et de l'autre, celui qui a soutenu Rodotà, à savoir deux formations nouvelles, qui n'ont pas de liens avec les vieilles structures : le Mouvement 5 Étoiles et le SeL (qui regroupe la gauche italienne non inféodée). Le premier de ces deux blocs a reçu la bénédiction de l'Église ; le second a été marqué du sceau infamant de la laïcité.

 

En somme, du point de vue laïque, les choses sont claires.

 

 

 


À une très large majorité, Giorgio Napolitano a été reconfirmé président de la République. L'ont soutenu le Pdl (parti de Berlusconi & Co), la Ligue (du Nord), le Sc (Centristes Monti), le Pd (centre gauche - Bersani); en faveur de son adversaire Stefano Rodotà (qui fut président du Pds et est un laïque des plus convaincu et plus ferme - NdT) seuls le M5S (Mouvement 5 Étoiles – Beppe Grillo) et Sel (gauche - Vendola). Ce n'est pas la première fois que Rodotà se trouve bousculé par Napolitano : cela s'est produit déjà en 1992, lorsqu'il était le candidat plus crédible pour la présidence de la Chambre, et lui fut par contre préféré le leader du courant « migliorista » du Pds (devenu Pd) suite à un diktat de Bettino Craxi, alors secrétaire du Psi (Parti Socialiste italien). Du profil laïque divergent de Napolitano et de Rodotà, nous avons déjà écrit il y a deux jours, et nous ne voulons pas y revenir. Nous remarquons seulement que le directeur du quotidien des évêques Avvenire, Marco Tarquinio, a pris explicitement position
contre Rodotà, et que la Cei (Conférence des Évêques italiens) par contre a explicitement pris position en faveur de Napolitano. Le premier est accusé de « prédication et candidature tristes », d'être « laïque » et d'être contraire à l'objection de conscience dans les hôpitaux (publics), pour le second monseigneur Gianluigi Maria Bregantini, président de la Commission épiscopale pour les problèmes sociaux et le travail, a souhaité que « le Seigneur lui donne vraiment santé, force pour qu'il puisse faire face aux événements ».

 

Une fois l'élection intervenue, Marco Tarquinio a en outre souhaité « qu'avec le oui de Napolitano maintenant on crée les prémisses pour un Gouvernement de très large accord (précisément ce que souhaitait Berlusconi |& Co - NdT) ». Et il n'a pas manqué de rappeler que « la crise du Pd, comme parti qui aspirait à réunir des âmes politiques différentes, celles de la gauche historique et catholicisme démocratique, se déclare à l'instant où ont été dépensés et massacrés politiquement, deux noms de catholiques engagés dans ce parti, Marini et Prodi. Cela ne peut pas ne pas sauter aux yeux. La crise du Pd, comme parti réformateur modéré, est aussi l'effet de l'incapacité à reconnaître un rôle aux catholiques dans le parti ». Un moyen pour passer de victimes (l’ostracisme de la Cei face au « catholique adulte » Prodi est connu), en commençant à encaisser et en cherchant de hypothéquer la formation du futur gouvernement avec un certain nombre de ministres, comme ce fut le cas pour le dernier exécutif. Peut-être en cherchant à hypothéquer directement le fauteuil de premier ministre.

 

Tout cela est légitime, que ce soit bien clair. Mais, qu'on n'entende plus dire que « l'Église ne fait pas de politique ».

 

La rédaction

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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 15:35

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L'ASINO RISUSCITATO

(Non È A Caso 'st'Asino Risuscitato)

 

L'Asino, autrement dit L'Âne, "come il popolo è l'asino: utile, paziente e bastonato" (comme le peuple l'âne est : utile, patient et battu), est un périodique italien anticlérical qui a cessé de paraître, interdit par le fascisme. Il était né en 1892 et entra dans le néant en 1925. Il en ressort aujourd’hui, mais du côté d'ailleurs en âne libre qu'il est. Sous forme d'un blog....L'ASINO RISUSCITATO - L'ÂNE RESSUSCITÉ (Non È A Caso 'st'Asino Risuscitato - Il n'est pas ressuscité par hasard cet âne).

 

Non È A Caso 'st'Asino... puisque sommé de se définir, il répond, en âne parmi les ânes : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari », d'où le nom du blog : « Somari ». Traduction : « Nous, nous ne sommes pas des chrétiens, nous sommes des bêtes de somme ». Ceci avec la bénédiction de Carlo Levi, qui rapportait cette antienne des paysans de Lucanie dans son roman : « Cristò si è fermato a Eboli ». En somme, nous sommes réfugiés au-delà d'Eboli.

 

À propos de son nom, il a connu diverses propositions de titres cet Asino : pêle-mêle, L'Asino libero, L'Âne libéré, L'Âne déchaîné... Il a finalement choisi un titre qui rappelle son origine : à la fois, la publication romaine : L'Asino et certain roman grec, où il est question d'un ressuscité.

 

Par ailleurs, comme il se doit, cette résurrection est un acte de résistance ; ainsi, découvre-t-on que l'autre devise de l'Asino est : Ora e sempre : Resistenza !

 

Ainsi, pour en revenir à l'histoire, l'ECAR (Église Catholique Apostolique et Romaine) croyait en avoir été débarrassée de cet Asino grâce à l'intime complicité du Vatican avec le fascisme... dans le genre : « Je te passe le beurre, tu me passes le fromage » - ce furent les accords du Latran. Mais, voici l'Asino qui ressuscite au cœur de l'Europe afin de reprendre le flambeau, celui de Ferrer et de ses camarades. Car le peuple d'Europe a maintenant besoin de lui et il renaît de ses cendres... ou plus exactement, il revient de son confinement dans les limbes européennes.

 

Dans un premier temps, il répercutera les nouvelles de la laïcité ( laïos en grec devrait bien vouloir désigner le « peuple », celui des gens, celui des pauvres gens, la foule bigarrée des sans rien, de ceux qui vivent à l'écart du pouvoir et de ses pompes – de ses cérémonies, de ses rites et de ses splendeurs) en Italie (et relaiera en langue française, les nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes italiens), pays le plus exposé aux foudres de l'Église. Par ailleurs, l'installation à Bruxelles d'une association (ALBI – Action Laïque Belgo-italienne), dont le but est d'apporter (dans la mesure de ses moyens) aide et assistance aux laïques d'Italie le réjouit grandement. Ceci dit, on le verra à l'usage, rien n'exclut de parler d'autres cieux.

 

Pour le reste, l'avenir sera – comme toujours pour l'âne, où le conduiront ses pas.

 

Lucien Lane

Avril 2013

 

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Et pour commencer, un événement historique et festif, le Carnaval libéré. La traduction d'une chanson laïque italienne... relativement contemporaine, elle date de 1998.

 

 

 

 

LE CARNAVAL LIBÉRÉ

 

Version française – LE CARNAVAL LIBÉRÉ – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne - Il carnevale liberato – Ratti della Sabina 1998 (2004)
(Pour la version italienne et entendre cette chanson : voir Carnaval libéré)

 

 

 

 


La plus importante tradition populaire de Poggio Mirteto est le Carnevalone Liberato ( Carnaval libéré), fête de la libération de l'État Pontifical.
La fête se déroule le premier dimanche de carême et est caractérisée par une forte connotation anticléricale.
L'origine de la fête se trouve dans la révolte populaire du 24 février 1861 qui décréta la libération de Poggio Mirteto de l'État Pontifical. Après la révolte, lorsque la délégation des ouvriers de Poggio Mirteto se rendit chez le marquis Gioacchino Napoleone Pepoli pour demander l'annexion de Poggio Mirteto au futur Royaume d'Italie, le Commissaire Général de l'Ombrie proposa de récompenser la cité en faisant passer par Poggio Mirteto le chemin de fer Rome-Orte. Mais à cette offre, la population préféra par contre qu'on célèbre tous les ans une grande fête en souvenir de la libération de l'État Pontifical, et ainsi fut fait.

Le carnaval anticlérical se tint jusqu'à la signature des Accords du Latran en 1929, lorsque le fascisme décida de le supprimer, dans le cadre plus général de sa politique d'alliance avec le Vatican.[ Accords félons qui sont toujours scrupuleusement appliqués par les gouvernements italiens... et nous sommes en 2013...]
La fête fut rétablie en 1977 en conservant complètement son caractère de fête laïque, avec un abondant déploiement de débonnaire mais de caustique ironie anticléricale.
Au cours des ans, la fête a crû exponentiellement jusqu'à devenir un des rendez-vous de festivités extérieures les plus aimés et les plus fréquentés du centre de l' Italie, avec des foules de milliers et de milliers de participants (rigoureusement en costume !) qui tous les ans dès le petit matin envahissent le centre historique de Poggio Mirteto pour profiter de l'excellente eno-gastronomie locale et assister aux innombrables spectacles d'art de rue et de musique vivants, jusqu'au traditionnel fé (« brûlage ») de la « poupée » qui en fin de soirée décrète la fin des réjouissances.

 

Tout ceci, ressemble aux carnavals de chez nous... Excepté, bien sûr, dit Lucien l'âne, la libération de l'emprise du Vatican... laquelle semble vouloir se resserrer à nouveau sur la gorge de la pauvre Europe. Place au carnaval laïque

 

 


J'ai vu tant de gens aux couleurs du carnaval
Des artistes souriant aux jeux des vins et des paroles
Des masques et des costumes qui comme au soleil les fleurs
S'ouvraient à la lumière en changeant de couleur

Entouré des notes, des fanfares et des gens
J'étais vivant et par ce son, je me laissais entraîner
Dans les creux des visages et dans les yeux vivants
Où il n'y a rien de masqué et où le rêve est encore entier

Guidé par un mirage de feu et de lune
Le ciel me poursuivait avec en main la fortune
Et perdu sous un voile de légère ivresse
Je vivais les mots et riais de la tristesse

Comme un tonnerre proche de moi les tambours
Battaient les danses dans les rues et sur les murs
Roulaient des chansons par les ruelles secrètes
et sur les bouches des soûlauds s'arrêtaient distraites

Mais derrière le pas plus élégant des échasses dorées
Se perdaient les regards d'enfants intriguées
Qui silencieuses ouvraient leur regard
Quand les feux colorés maquillaient le soir

Et le jour qui passait comme une surprise
S'en allait sur un nuage de soie grise
Et l'air qui savait le printemps
Glissait en chantant entre les doigts du temps

Et maintenant que dans l'air, il n'y a plus lumière
Le jeu de ce jour et de la nuit se resserre
Et maintenant que doucement s'éteint le souvenir
Aux notes d'un violon, je m'en vais l'offrir.




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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 11:59

 

 

Le nid de vipères ou le cancer du Vatican.

 

Les-poissons--3--copie-1.jpg

 

En somme, on pourrait résumer la teneur de ce papier en disant que l'Italie ( et avec elle, au-delà d'elle l'Europe et le monde) est fort malade; une de ces maladies difficilement curables – sauf ablation de l'intrus. L'Italie ( et avec elle, au-delà d'elle l'Europe et le monde) est atteinte d'un cancer qui la ronge et métastase à qui mieux mieux à tous les échelons : le cancer du Vatican.

 

C'est ce qui ressort d'un article...

 

C'était un message d'un certain MAX STIRNER, il datait de janvier 2010 et je ne l'ai vu que ce 27 juin 2010.

MAX STIRNER est à l'évidence un nom d'emprunt, mais il est significatif – autant que Marco Valdo M.I.

Max Stirner avait un grand front et enseigna la philosophie dans une pension pour jeunes filles vers 1840 dans ce qui allait devenir l'Allemagne.

Max Stirner était on ne peut plus athée.

 

Je joins l'original en italien.

En voici la traduction : Entre crochets, certains commentaires.

 

Marco Valdo M.I.

 

Mardi 5 janvier 2010

 

POUR TOUS ET POUR PERSONNE

 

[Déjà le titre est assez stirnérien.]

 

Parler de l'Opus Dei, ou de l'IOR (Institut des Œuvres Religieuses ? - voir notamment http://www.golias-editions.fr/spip.php?article2369) [en clair, la pieuvre bancaire du Vatican], sans d'abord abroger le CONCORDAT ENTRE L'ÉTAT ITALIEN ET L'ÉGLISE, revient à parler de la tumeur qui détruit l'Italie, mais pas de sa cause. Aucun problème ne pourra être, non seulement résolu, mais même discuté si on n'ABROGE auparavant le CONCORDAT.



Napoléon Bonaparte a commis de très nombreuses erreurs en ce qui concerne la France et l'humanité européenne [c'est bien le moins qu'on puisse en dire !], mais sur un point il avait les idées claires : L'ÉGLISE....

LE PÉCHÉ ORIGINEL, LE CANCER À EXTIRPER, à mon avis, c'est l'ÉTAT DU VATICAN.

Si l'on ne commence pas par le GRAND MAL, qu'est l'État du Vatican, nous ne réussirons jamais à obtenir quoi que ce soit.[C'est vrai pour l'Italie, mais aussi avec elle, au-delà d'elle l'Europe et le monde et sans aller jusqu'aux outrances voltairiennes – Tuons l'Infâme !, il est sain de souhaiter sa disparition pure et simple, son implosion... Mais la bête est accrochée à son Saint-Siège]



L'Italie ( et avec elle, au-delà d'elle l'Europe et le monde) a une grande tumeur dans ses chairs et il ne sert à rien de soigner d'autre malaise, qui n'est rien d'autre qu'un symptôme.[ ou une des métastases... Régime, mafia...]



Dans les viscères de notre État Italien, nous avons un autre État, LE VATICAN, qui n'a rien à voir avec la démocratie, en ce qu'il est une monarchie absolue ou, dans la meilleure des hypothèses, une théocratie, ni rien à voir avec la foi religieuse. Nous savons tous combien le Vatican pèse sur la vie civile, politique et sociale de la vie des Italiens.

L'ÉTAT VATICAN a beaucoup d'empathie avec les féroces dictatures [ et même, les moins féroces, généralement connues sous le nom de démocraties...] et l'histoire le démontre :

Durant le seul XXième siècle, le Vatican a signé un concordat avec :

1929 BENITO MUSSOLINI, chef du fascisme italien

1933 ADOLF HITLER, Chef du nazisme allemand

1940 ANTONIO DE OLIVEIRA SALAZAR, chef du fascisme portugais

1953 FRANCISCO FRANCO, chef du fascisme espagnol.

Avec cette tumeur dans nos institutions, nous ne pourrons jamais rien changer !



LA FOI RELIGIEUSE, LA LIBERTÉ DE FOI, N'ONT RIEN À VOIR AVEC L' ÉTAT DU VATICAN.

JE SOUHAITE LA LIBERTÉ DE FOI POUR TOUS...

IL FAUT ABROGER LE CONCORDAT, FRUIT D'UN ACCORD ENTRE L'ÉGLISE ET MUSSOLINI.



Max Stirner

Max Stirner ,Commentatore certificato 05.01.10 17:22|





martedì, 05 gennaio 2010

PER TUTTI E PER NESSUNO

Parlare di OPUS DEI, oppure di IOR, senza prima abrogare il CONCORDATO TRA STATO ITALIANO e CHIESA, significa parlare di alcuni effetti del tumore che distrugge l'italia, ma non della sua causa. Nessun problema potrà essere, non solo risolto, ma neppure discusso se prima non verrà ABROGATO il CONCORDATO.

Napoleone Bonaparte commise moltissimi errori nei confronti della Francia e dell'umanità europea, ma di certo su una cosa aveva le idee chiare e giuste: LA CHIESA! Chi non sa come egli si mosse con la Chiesa, s'informi.

IL PECCATO ORIGINALE, IL CANCRO DA ESTIRPARE, a mio parere, è lo STATO VATICANO.

Se non si comincia dal GRANDE MALE, che è lo Stato Vaticano, non riusciremo mai ad ottenere nulla.

L'Italia ha un grande tumore nelle sue carni e a nulla serve curare qualsiasi altro malanno, che altro non è che il sintomo.

Nelle viscere del nostro Stato Italiano abbiamo un altro Stato, IL VATICANO, che nulla ha a che fare con la democrazia, in quanto è una monarchia assoluta o, nella migliore delle ipotesi, una teocrazia; nè ha a che fare con la fede religiosa. Tutti sappiamo quanto il Vaticano influisca nella vita civile, politica e sociale della vita degli italiani.

Lo STATO VATICANO, ha molta empatia con le feroci dittature e la storia è lì a dimostrarlo.

NEL SOLO 900, IL VATICANO HA FIRMATO UN CONCORDATO CON:

1929 BENITO MUSSOLINI, CAPO DEL FASCISMO ITALIANO

1933 ADOLF HITLER, CAPO DEL NAZISMO TEDESCO

1940 ANTONIO DE OLIVEIRA SALAZAR, CAPO DEL FASCISMO PORTOGHESE

1953 FRANCISCO FRANCO, CAPO DEL FASCISMO SPAGNOLO.

Con questo tumore nelle nostre istituzioni, noi non potremo mai cambiare nulla!

LA FEDE RELIGIOSA, LA LIBERTA' DI FEDE, NULLA HANNO A CHE VEDERE CON LO STATO VATICANO:

IO AUSPICO LIBERTA' DI FEDE PER TUTTI, MA LIBERTA' DALLO STATO VATICANO!

ABROGATE IL CONCORDATO, FRUTTO DI UN ACCORDO TRA LA CHIESA E MUSSOLINI.

Max Stirner

Max Stirner ,Commentatore certificato 05.01.10 17:22|

 

 

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 10:35

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Le blog abandonné

 

 

 

Marco Valdo M.I mon ami, dit Lucien l'âne en fronçant ses doux yeux, pourquoi as-tu abandonné ton blog et depuis si longtemps ?

 

Mais enfin, Lucien mon ami, dans ta bouche, cela me semble une question rhétorique... Tu sais aussi bien que moi ce qu'il en est et quelle va être la réponse que je vais te donner... Néanmoins, je te remercie de ta question puisque précisément, elle va me permettre de répondre. En fait, déjà, quand j'ai interrompu le blog en décembre 2008, le 21 décembre, c'est parce que j'étais fatigué, qu'on changeait de saison et surtout, car j'étais requis par un autre blog qui m'a presque englouti... Je ne pouvais mener les deux de front...

 

Tu parles sans doute de Canzones, celui où tu m'emmènes dans des conversations infinies...

 

Exactement. Tu sais que j'ai commencé à la mi-2008 à donner un coup de main à un site fantastique qui s'appelle Canzoni Contro la Guerra (http://www.antiwarsongs.org/). Je voulais juste les aider un peu et leur proposer l'une ou l'autre des traductions de chansons que j'avais faites d'auteurs italiens – la plupart contemporains. Et de fil en aiguille, de traduction en traduction, je me suis pris au jeu – et toi aussi – et je continue encore à présent à traduire les chansons italiennes chaque jour ou presque. J'ai bien dû en traduire cinq cents.

 

C'est énorme..., dit Lucien l'âne, quand on sait – comme je sais – combien de temps il faut pour traduire une chanson, l'introduire d'un commentaire... Mettons au moins – quatre heures par chanson.

 

Donc, chemin faisant, je me suis rendu compte que les gens de langue française ou de culture française – malgré le millier de chansons françaises, malgré le millier de traductions de chansons italiennes ou anglaises... ne vont pas prendre la peine de surmonter le petit inconvénient de l'interface de ce site – merveilleux de courage et de qualité – qui est soit en italien, soit en anglais.

C'est pourquoi, j'ai créé un blog appelé Canzones – signifiant ainsi qu'il s'agit-là de chansons un peu particulières, liées d'une certaine façon à l'Italie. Je précise tout de suite à l'Italie qui résiste aux sirènes berlusconiennes et parafascistes. Bref, l'Italie de l'avenir, du changement, de la Résistance, de l'intelligence... du refus du fascisme, de l'indignité, de la télé et de l'inculture des trois A : Arrogance, Arrivisme, Ambition.

 

C'est bien tout çà, mais où est-il ce fameux blog de canzones ?

 

Mais en voici l'adresse : http://canzones.over-blog.com/ (voir aussi les liens sur le côté de la page; un seul clic et on y est...) et pour le reste, sache que depuis, à cause de cette manie de la traduction, je me suis mis à écrire des canzones et j'en ai fait plus de cent... On peut les trouver sur ce blog et parmi les Canzoni contro la Guerra. Mais ce n'est pas tout...

 

Résumons : tu as écrit des canzones, toi... Mais moi aussi, j'en ai faites et je les ai mises sur le site des Chansons contre la Guerre (CCG)...

 

Ce n'est pas tout. Ces canzones sont – pour une part – devenues (grâce à l'aide et à l'esprit et le talent de notre ami Nicolas De Cicco) une exposition, une exposition de canzones que l'on montre un peu partout dans le pays et qui regroupe vingt-quatre canzones en un cycle intitulé : Dachau Express.

 

Donc, en fait, ton blog se continue sur le site des CCG et dans Canzones.

 

Voilà, une bonne indication comme disait Pierre Dac : Suivez la flèche !

Et pour t'encourager à y aller voir, je t'offre la chanson fatiguée, une de celle que j'aime beaucoup...

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

« Il est temps de rappeler que l'homme - au sens générique : homme, femme, enfant..., est un être vivant, au même titre que le chat, par exemple. Comme le chat, par exemple, il lui arrive d'être fatigué et s'il suit son naturel, de dormir pour se reposer. Cette chanson parle de cette nécessité contrariée par le souci de certains de s'enrichir en exploitant les autres au détriment de leur vie, de leur santé. Il est temps de se souvenir de Paul Lafargue et du "Droit à la Paresse", de "L'Allergie au travail" du bon docteur Rousselet, le « Manifeste contre le Travail » du groupe Krisis et de l'aptitude des "somari" au repos méridien (caumare) , mieux connu sous le nom de sieste. En somme, Dormir est un éloge de la sieste et un appel à l'insurrection contre le sacro-saint Travail Obligatoire (SSTO).

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I. » 

 

 

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Qu'il soit minuit, qu'il soit midi

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Je ne pourrais pas faire autrement, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Je suis fatigué, tout simplement, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Mes yeux se ferment tout bêtement, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

C'est normal , je suis un être vivant, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Un être vivant, comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Faut pas vous tracasser, faut pas vous fâcher

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Un vivant, pas une machine, comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

C'est normal quand on est vivant de se reposer

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Sinon, on s'épuise, on dépérit, comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

L'important pour nous, c'est vivre et durer, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Durer et vivre, comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Durer et vivre et en bonne santé, alors

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

 

Quoi ? Que dites-vous là ? Je ne comprends pas.

Pour vous ce n'est pas comme ça que ça va.

Je ne comprends pas, comprenez-vous ?

Pour vous, on doit travailler, même si l'on est fatigué

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

C'est bien ça votre idée ? On ne peut pas s'arrêter...

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

C'est naturel le repose, comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Mon chat est très actif et plein d'énergie

Il court, il saute, il joue, il vit

Mais quand il doit dormir, il dort.

Souvent, sans s'énerver, il prend le temps de s'arrêter

Mon chat, chef, quand il doit dormir, il dort.

Le temps de s'assoupir sans s'inquiéter

Mon chat, chef, quand il doit dormir, il dort.

Avec tout ça, mon chat est bonne santé, voyez-vous

Mon chat, chef, quand il doit dormir, il dort.

Et moi, je fais comme lui , comprenez-vous

Moi chef, quand je dois dormir, je dors

Je dors, chef, car je suis fatigué, comprenez-vous.

 

 

 

 

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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 22:46

Aujourd'hui, c'est le comble, le jour est tombé tellement tôt que j'ai à peine eu le temps de le voir. On est dimanche, alors, c'est normal, on se lève plus tard qu'à l'ordinaire, on fait une petite sieste et hop, voilà, c'est la nuit noire. Mais où est donc cet homme bâté de Mârco Valdo M.I.. Il me fait encore attendre, sans doute est-il encore dans sa sieste ou batifole-t-il encore ? Et moi qui ai hâte de rentrer...


Tiens, mais tu es déjà là, mon bon Lucien, dit Mârco Valdo M.I.. Si j'avais su, j'aurais pressé le pas. Mais je suis venu sans trop courir, car on est dimanche et que, vois-tu, le dimanche, on se lève un peu plus tard qu'à l'ordinaire, on fait un bon repas, on trinque un peu, puis, normal, on fait une sieste, parfois courte, parfois plus longue, et comme c'est le solstice d'hiver, hop, la nuit tombe en même temps que le jour et voilà, on se réveille dans la nuit noire en plein après-midi. On ne sait plus où on en est ... Enfin, y a pas de mal, je suis arrivé.




Oui, je le vois, malgré cette nuit d'encre, dit Lucien l'âne en écarquillant ses yeux d'encre comme la nuit. Il faut dire aussi que la journée a été courte, non seulement le jour s'est couché bien tôt, mais il s'était levé bien tard. Bref, une journée d'à peine huit heures. C'est bien court.


Bon, laissons cela, il n'y a pas beaucoup plus à en dire et puis, dit Mârco Valdo M.I., on a peut-être, l'une ou l'autre chanson à découvrir. Je te dis ça, car tu aurais pu croire que nos amis de la Chanson du dimanche allaient se remettre à la tâche et nous proposer l'une ou l'autre composition nouvelle pour meubler les dimanches, où – sans cela – comme les enfants et les parents dans la chanson de Trenet, tu pourrais t'ennuyer. Allez, je vois à tes oreilles en points d'interrogation que tu ne la connais pas cette chanson-là. Je t'en offre un bout pour commencer. Comme ça, de mémoire :


Les enfants s'ennuient le dimanche.

Le dimanche, les enfants s'ennuient.

En knickerbockers ou en robes blanches,

Le dimanche, les enfants s'ennuient.


Vienne vienne

La semaine,

Lundi mardi jeudi,

Car la rue est toujours pleine

De lumière et de bruit !

...

Les parents s'ennuient le dimanche.

Le dimanche, les parents s'ennuient.

Avec leurs lorgnons et leurs barbes blanches,

Le dimanche, les parents s'ennuient.


Vienne vienne

La semaine,

Lundi mardi jeudi,

Car la rue est toujours pleine

De lumière et de bruit !


Je vois à ton air et au frétillement courbé de tes oreilles que tu te demandes ce que peuvent  être des knickerbockers. En fait, ce sont des pantalons comme ceux de Tintin, qui s'arrêtent à mi-mollets.


Moi, dit Lucien, je te remercie, mon cher Mârco Valdo M.I., mais je ne sais plus où j'en suis. Que voulais-tu dire avec la chanson du dimanche ?


Ah, oui ! Et bien, ceci précisément. Qu'ils nous ont abandonnés à l'été et depuis plus grand chose, je veux dire le dimanche. Bien sûr, ils font des concerts ici et là. Mais, rien le dimanche. Singulier quand on s'appelle la chanson du dimanche. Mais je te dis tout cela car nous, on est un peu tenu de proposer des canzones du dimanche. Je veux dire que je suis tenu de t'en proposer.


Ah oui, dit Lucien, mon cher Mârco Valdo M.I., que serait un dimanche sans chanson. Ce serait comme une église sans messe, une pin-up sans fesses... si tu vois ce que je veux dire.





Pour la pin-up, j'imagine mal, mais je comprends ton angoisse. Alors, mon cher et bien aimé Lucien, je t'ai concocté un petit intermède de canzones. Tu m'en diras des nouvelles...


Je t'écoute, dit Lucien. Mais si tu veux bien fais-moi d'abord une petite présentation que je sache à quoi m'attendre.


Bien sûr, volontiers, mon cher Lucien, d'autant qu'elles sont toutes fraîches dans ma tête, ce sont des canzones que j'ai traduites pas plus tard que cette semaine et de plus que la première est une canzone de notre ami Riccardo Venturi. Elle raconte l'invention de la guerre au terrorisme; elle dit en quelques mots, comment et pourquoi, ils voient des terroristes partout. Comme tu le sais, le terroriste est apparu assez récemment dans l'histoire; c'est une marionnette de fabrication contemporaine. Par exemple, juste pour situer l'affaire, on a toujours tué des rois et un tueur de roi – prenons Ravaillac, on l'appelait un régicide. Il y a toujours eu des gens qui se battaient contre les occupants de leur pays, de leur région... Les occupants les ont toujours discrédités. Souviens-toi de la guerre de libération des Grecs contre l'empire ottoman ou des innombrables luttes de Polonais pour leur indépendance... Enfin, tout ça pour dire que les faits ne sont pas nouveau; ce qui est nouveau, c'est l'invention de la guerre mondiale au terrorisme. Comme bien tu penses, c'est là un épisode de la fameuse guerre de cent mille ans que mènent les riches et les puissants contre les pauvres et les désarmés.


D'accord. Je suis assez d'accord avec toi. Enfin, j'en saurai sans doute plus avec la chanson de Riccardo Venturi. Mais dis-moi, Mârco Valdo M.I., quelles sont les autres chansons que tu vas me présenter ?


La deuxième est une chanson du groupe Gang qui fait le point sur l'histoire des soixante dernières années; en somme de la période qui va de l'effondrement du Reich nazi et de l'Impero fasciste à nos jours. Elle se présente sous la forme de l'histoire d'une rue qui s'appelle la rue d'Italie et elle décrit ce qui s'y passe. Et la troisième canzone de ce dimanche, quant à elle est une canzone que d'aucuns estiment être « la » canzone de Fabrizio De André, c'est une sorte de prière... Mais je te laisse découvrir, les canzones et le commentaire que j'ai fait...


Allons-y, alors. Je suis impatient de les découvrir, dit Lucien en pointant cette fois ses oreilles vers le noir du ciel d'hiver.





LES TROIS PUISSANTS

Version française – Les trois puissants – Marco Valdo M.I. – 2008

Chanson italienne – I tre potenti – Riccardo Venturi – 2008


La version italienne est à chanter sur l'air de la chanson populaire pistoiaise “Le Tre sorelle” (Les trois sœurs), telle qu'elle est exécutée par Riccardo Tesi et la Banditaliana.





L'aviation contemporaine, les fusées, les rockets, les bombes volantes... sont des choses merveilleuses : vues de loin et sur écran, les chorégraphies aériennes et leurs explosions multicolores ont des allures de ballets et des gracieusetés de jeunes premières. Évidemment, la vision n'est pas exactement la même quand on est au sol, dans le décor de la pièce guerrière où elles s'agitent. Là (mettons en Afghanistan ou au Kurdistan, ou encore, en Irak...), c'est l'effroi qui domine l'âme du spectateur, acteur malgré lui de son propre massacre. Vues du terrain, l'aviation contemporaine, les fusées, les rockets, les bombes volantes... sont des choses épouvantables atroces, féroces et d'une implacable injustice. Leurs arabesques célestes sont des signes certains de la mort et de la désolation. Mais, rassurez-vous, l'aviation contemporaine, les fusées, les rockets, les bombes volantes... ne tuent que des terroristes, ne tuent que des terroristes... Puisqu'on vous le dit dans tous les journaux, dans toutes les radios, sur toutes les télévisions...

Entendez-vous dans le lointain l'aviation contemporaine, les fusées, les rockets, les bombes volantes...

Sans doute, n'y croyez-vous pas... qu'elles ne tuent que des terroristes.

Si vous n'y croyez pas, c'est que vous êtes un agent du terrorisme,

c'est-à-dire potentiellement,

un terroriste vous-même.

VOUS ÊTES UN TERROSITE !

On devrait vous arrêter.

D'ailleurs, ça ne saurait tarder.

J'entends déjà les pas dans le couloir... On frappe à votre porte...


Ainsi parlait Marco Valdo M.I.




Il y avait trois puissants

et tous trois d'amour.

Il y avait trois puissants

et tous trois d'amour.

Le plus puissant de ceux-ci

se mit à bombarder.
Le plus puissant de ceux-ci

se mit à bombarder.


Et tandis qu'il bombardait

Il appela les deux autres

Et tandis qu'il bombardait

Il appela les deux autres


Mes chers compères,

Venez bombarder.
Mes chers compères,

Venez bombarder.


Et si nous bombardons

Que nous donneras-tu ?

Et si nous bombardons

Que nous donneras-tu ?

Les puits de pétrole

et un baiser d'amour.

Les puits de pétrole

et un baiser d'amour.

Des baisers nous n'en voulons pas

par contre, le pétrole bien.
Des baisers nous n'en voulons pas

par contre, le pétrole bien.


Que diront les gens

S'ils nous voient bombarder ?

Que diront les gens

S'ils nous voient bombarder ?


La guerre au terrorisme

nous leur inventerons

La guerre au terrorisme

nous leur inventerons.



LA RUE D'ITALIE



Version française – La rue d'Italie – Marco Valdo M.I. – 2008

Chanson italienne - Via Italia – Gang





60 ans d'histoire italienne, de massacres et de mystères.



Calamandrei avait raison. Piero Calamandrei voyait clair quand il disait aux étudiants milanais de l'Umanitaria en 1955, pour les 10 ans de la Libération : « Elle émet un jugement, notre Constitution, un jugement polémique, un jugement négatif contre l'ordre social actuel. »


Ce jugement négatif est toujours de mise dans la Via Italia – et plus encore qu'à l'époque.


Pas étonnant qu'elle ait mal tourné cette Via Italia, on avait empêché qu'elle se débarrasse des collaborateurs du régime fasciste, jusque et y compris dans les tribunaux ; mieux ou pire que cela, comme on voudra, on les a en quelque sorte amnistiés et on leur a ouvert tout grand à nouveau les portes du pouvoir. D'ailleurs, ils y sont installés; ils occupent les écrans de leurs sourires réjouis.


On pourrait supposer par exemple que cet ange tombé dans la via Italia serait la Costituzione elle-même, ou le peuple, ce peuple dont elle portait la voix, y compris le grand cortège des morts dans la lutte contre le fascisme, qui au lever du jour vient dire « Mort, où est notre victoire ? ».


Mais ils se relèvent toutes les nuits et toutes les aubes, ils reposent la même question « Où est notre victoire ? », qui la galvaude ainsi, qui donc empêche qu'adviennent justice et liberté... Après 60 ans, le combat continue.

Ora e sempre : Resistenza !

Mais ce qui se passe en Italie, se passe dans les autres pays. Ce qui est dit de la via Italia est (mutatis mutandis) vrai ailleurs. Dans la guerre de cent mille ans que les riches font aux pauvres, que les pauvres mènent pour vivre enfin hors de la servitude et de la misère, il n'y a pas de frontières. La chanson non plus ne peut connaître de frontières.


Ainsi parlait Marco Valdo M.I.



Dans la rue d'Italie, ils ont éteint les lumières.

Ils ont fermé toutes les grilles.

Un ange est tombé sur la route,

Il y a encore du sang dans ses cheveux.

Dans la rue d'Italie, il y a une ruelle obscure

Elle conduit au pont des Frères noirs.

Si tu y passes, tu rencontres un cadavre.

C'est la patrie déviée, c'est la patrie des mystères.

Et alors, j'ai demandé à la poussière

Si vraiment, nous sommes au temps des assassins.

La réponse est dans la toile d'araignée

Cachée parmi les fils d'une marionnette.


Dans la rue d'Italie, nuit de cristal

Brutus a versé du vin

À présent, il trinque avec Jules et Francesco.

Il y a quelqu'un qui frappe à la porte. Qui c'est ? C'est Caïn.


Dans la rue d'Italie, passe l'histoire

D'un pas de demoiselle.

À présent elle est blette et n'a plus de mémoire.


Elle se donne à qui la veut; la rue d'Italie est sa vitrine.
Et alors, j'ai demandé à la poussière

Si vraiment, nous sommes au temps des assassins.

La réponse est dans la toile d'araignée

Cachée parmi les fils d'une marionnette.

Dans la rue d'Italie, il y a une inscription sur le mur;

Ici est morte la démocratie !”

Les enfants jouent aux dragons.

Puis sur cette route arrive la police.

Dans la rue d'Italie, ils ont mis les scellés.

Ils les ont mis sur tous les environs

de la rue Fani à la rue Caetani.

Tu peux y mettre cinquante – cinquante-cinq jours.

Et alors, j'ai demandé à la poussière

Si vraiment, nous sommes au temps des assassins.

La réponse est dans la toile d'araignée

Cachée parmi les fils d'une marionnette.

Dans la rue d'Italie, il y a une défaite

qui dort dans un porche.

Si tu regardes deux étages plus haut

Il y a les trois singes assis, assis au balcon...




PRIÈRE DÉMESURÉE

Version française – Prière démesurée – Marco Valdo M.I. – 2008

Chanson italienne – Preghiera smisurata – Fabrizio De André – 1996



Georges Brassens, que Fabrizio De André connaissait très bien, chantait :

Les hommes sont faits, nous dit-on

Pour vivre en bande comme les moutons

Moi, je vis seul et c'est pas demain

Que je suivrai leur droit chemin.

Brassens disait suivre son chemin de petit bonhomme.

Et pourtant, pourtant, la loi du nombre, celle de la majorité qui a pour seul fondement la maladie comptable qui soit dit en passant est en train de tuer l'espèce. Cette maladie comptable s'étend à tout comme la peste, elle a commis bien des ravages et continue d'en faire. En fait, sous le nom de démocratie, elle n'est que l'alibi d'une dictature des plus perverses. La question reste pendante : comment faire pour que vivent agréablement et en paix de si grands ensembles humains (disons l'humaine nation) et d'autre part, comment faire pour que vivent en paix et agréablement, ceux qui vont à contrevent, ceux qui vont en sens contraire et obstinément. Colomb était parti en sens contraire et obstinément; il est arrivé ailleurs.

Comment préserver « une goutte de splendeur et d'humaine vérité »?

Selon Marco Valdo M.I., toute prière adressée à un quelconque Seigneur n'a absolument aucune chance d'aboutir ni à son entendement, ni a fortiori à une quelconque intervention en retour. Pour la simple et bonne raison qu'il n'y a pas de Seigneur et qu'en tout état de cause, si Arlequin servait plusieurs maîtres, Marco Valdo M.I. pense que l'accession à l'humanité passe par la fin de la servitude, donc de l'existence-même d'un quelconque Seigneur et qu'ainsi finit la désespérance.

Pas de Seigneur, pas d'espérance, est-il sempiternellement répété; d'accord, mais aussi bien : pas d'espérance, pas de désespérance : reste alors l'humaine condition comme une bévue, une anomalie, une distraction, un devoir... L'humaine condition qui s'impose de par sa propre existence. Tel est le destin de celui qui avance « dans une direction obstinée et contraire ».


Ainsi parlait Marco Valdo M.I.





Surplombant les naufrages

de l'observatoire des tours

Elle penche et distante des éléments du désastre

des choses qui surviennent au-delà des paroles

célébrant le rien

Au long d'un vent si facile de

de satiété d'impunité.

Sur le scandale métallique

des armes en usage et désuètes

Pour guider la colonne

de douleur et de fumée

que laissent les innombrables batailles à la tombée de la nuit.

La majorité est la majorité, elle est


récitant un rosaire

d'ambitions mesquines

de peurs millénaires

d'inépuisables arguties

en cultivant tranquillement

l'horrible variété

de ses propres arrogances

La majorité est


comme une maladie

comme une malchance

comme une anesthésie

comme une habitude


Pour celui qui voyage dans une direction obstinée et contraire

avec sa démarche spéciale d'une spéciale désespérance

et au milieu du vomi des réprouvés effectue ses derniers pas

pour offrir à la mort une goutte de splendeur

d'humaine vérité.


Pour celui qui à Akaba soigna la lèpre avec un sceptre postiche

et sème son passage de jalousies dévastatrices et d'enfants

aux noms improbables de chanteurs de tango

en un vaste programme d'éternité.

Souviens-toi Seigneur de ces serviteurs rétifs

aux lois du troupeau,

n'oublie pas leur visage

quand après tant de désarroi

il est juste absolument que la fortune les aide.

Comme une bévue

Comme une anomalie

Comme une distraction

Comme un devoir.

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19 décembre 2008 5 19 /12 /décembre /2008 23:22


Te souviens-tu, dit Lucien l'âne, mon cher Mârco Valdo M.I., que tu m'avais promis de me faire visiter la Sardaigne au travers des textes de cet écrivain sarde qui porte un nom si étrange et qui s'est noyé dans je ne sais plus quel golfe de là-bas... Comment s'appelait-il encore ?



Salut à toi, mon ami Lucien, je vois que tu es en pleine forme intellectuelle et que tu moulines des questions dans ta tête d'âne sans bonnet. Cet écrivain dont tu voudrais connaître le nom est Sergio Atzeni. Je conçois bien que ce nom puisse te sembler bizarre. C'est le z qui te donne cette impression.



Pas seulement le z, mais surtout la combinaison t et z. Je ne l'avais pas rencontrée souvent. Et bien, mon cher Mârco Valdo M.I., maintenant que j'ai retrouvé son nom, j'aimerais que tu me rappelles de quel livre c'est tiré, ce fabuleux récit sarde.




Photo F.D.



 


Oh, tu sais, Lucien mon bon âne, il s'agit d'un tout petit livre édité en Sicile et intitulé, je traduis en français : Fols racontars. Un titre tout aussi énigmatique que le nom de son auteur. Mais tu sais, Lucien, des noms étranges, il y en a des tonnes. Et dans toutes les langues, de tous les pays. Cela dit, c'est un livre vraiment étonnant et ce qui ne gâte rien, un livre amusant. Et voilà qu'il te passe par la tête ce soir.


Oui, oui, en fait, j'aimerais beaucoup connaître la suite.

Si ce n'est que ça, dit Mârco Valdo M.I.. je m'en vais te lire la suite en reprenant très exactement où je l'avais laissé. Et même, je reprendrai quelques lignes avant, question de faire le raccord. Tu vas voir que cette fois, il s'agit de la flore de Sardaigne, laquelle selon les lieux est luxuriante ou assez rugueuse et rare. Pour illustrer le propos, j'ai trouvé des photos de Sardaigne qui ont été faites en voyage par un ami, qui me les a passées. Comme pour d'autres photos marquées G.L. (qui sont les initiales du photographe), je marquerai celles-ci aux initiales de cet ami : F.D. J'ai dû un peu les retravailler, mais c'est en accord avec lui.



 

Photo F.D.

 

Au fait, dit Lucien l'âne en ouvrant ses gros yeux tendres, dis-moi Mârco Valdo M.I.,d'où viennent toutes ces photos, car depuis le moment où tu as commencé à en mettre ici, il y en a eu vraiment beaucoup et très rarement deux fois la même. Comment fais-tu ?


Et bien, Lucien, la plupart des photos – sauf celles marquées d'initiales ou d'un nom – par exemple, je crois me souvenir de l'une ou l'autre photo marquée William Leroy. , donc la plupart des photos sont celles que j'ai faites au fil des années. Je puise selon le besoin dans cette masse de photos, mais bien sûr, il y a souvent des difficultés à trouver des photos qui correspondent au texte. Et j'essaie, comme tu as pu le constater, de ne pas faire de doublons.


Je m'en suis bien rendu compte, dit Lucien l'âne. Comment vas-tu faire pour le récit d'aujourd'hui... Comme je te l'ai dit plus haut, je vais puiser dans la nouvelle série qui vient de m'arriver. D'ailleurs, je les attendais depuis quelques semaines et j'avais retardé le récit d'Atzeni pour les attendre. Alors, je vais me faire le plaisir d'en mettre plusieurs en illustration. L'idéal bien sûr serait de travailler dans l'autre sens et de faire les photos à partir des exigences du texte. Ce qui impliquerait, compte tenu de tous les sujets que nous abordons, beaucoup de déplacements et parfois, lointains. De ça, je n'ai pas les moyens, alors, je trouve des façons détournées d'arriver à un résultat satisfaisant.


Oui, mais, Mârco Valdo M.I. mon ami, j'ai entendu dire qu'il existe des collections d'images toutes faites... Tu pourrais te fournir là...



Photo F.D.

 


Tu as raison, Lucien, et je le fais parfois, mais je préfère éviter de le faire. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve que ça n'a pas la fraîcheur suffisante que pour accompagner un texte qui lui est très souvent inédit en langue française. Ce serait évidemment plus facile, mais aussi bien nettement moins poétique. Donc, comme mon ami, ma remis un lot de photos et que j'y trouve des éléments intéressants par rapport à ce qu'Atzeni raconte... Je vais pouvoir l'illustrer. Cela dit, Plus j'aurai de photos différentes, venant de sources différentes, mieux je me porterai. Et maintenant, allons visiter la flore sarde avec Atzeni. Comme il t'en souvient, il s'agit bien d'une flore comment dire : « historique ».


La malaria n’épargnait pas les étrangers. Les enfants avaient de bien bonnes probabilités de mourir dans les premiers mois de la vie et au cas où ils réussissaient miraculeusement à devenir adultes, ils n’échappaient pas au moins à une quarte, ou à une tierce, ou à une tierce double (Dieu la maudit). A moins qu’ils ne vécussent en montagne, éloignés des étangs et des moustiques.





Flore


I



John Warre Tyndale, avocat londonien, était arrivé en Sardaigne en 1843. Il était convalescent et il raconta que l’île lui aurait été conseillée par certains amis italiens comme particulièrement salubre, adaptée à un malade qui voudrait se refaire la santé. Comme il était connu de tous que le climat sarde était périlleux et malsain, on devrait penser que les amis italiens de l’Anglais fussent, en réalité, des ennemis bien décidés à l’expédier au créateur. Et Tyndale était un étrange convalescent : à peine arrivé, il monte sur la croupe d’un cheval et il n’en descendit seulement qu’après avoir battu toute l’île mètre par mètre, entreprise incommode même pour des hommes à la santé moins fragile, de stature robuste et bien entraînés à l’effort.

Ce sont peut-être précisément ces contradictions qui ont poussé l’historien sarde Alberto Boscolo à suspecter que le but de Tyndale fût différent de celui rapporté ensuite dans son livre : recueillir des indications et des informations utiles à un quelconque organisme gouvernemental anglais. Il aurait été en somme une sorte d’espion.

Tyndale publia un livre à Londres en 1849 dans lequel il décrit la côte insulaire comme « inculte, ou couverte de serpolet, de romarin, de ciste, de lentilles, de genêts, de genévriers nains. »

Son monde était aride, habité seulement de plantes sauvages et fréquenté par des femmes capables de distinguer les herbes utiles des nuisibles et connaisseuses de leurs usages magiques et thérapeutiques. Même en Sardaigne (qui appartint pourtant longuement à l’Europe espagnole et très catholique dans laquelle la Sainte Inquisition expédiait les guérisseuses aux bûchers, en les condamnant pour sorcellerie et commerces diaboliques), les femmes avaient réussi à maintenir l’antique rapport païen avec les herbes de la santé et de la divination ; au moins, comme l’écrit un voyageur français, Emmanuel Domenech, dans un livre publié à Paris en 1867 :

« Les Sardes connaissent parfaitement les propriétés thérapeutiques d’une infinité de plantes. La ‘science des herbes’ est héréditaire parmi eux et dans de nombreuses familles paysannes, et elle se maintient par tradition aussi parmi les femmes dont beaucoup deviennent assez expertes dans l’art de guérir. »

La vie d'Emmanuel Domenech est une de celle dont on peut écrire qu’elle « mériterait un roman » : globe-trotter remuant, il a été page à la cour de Charles Albert, pour partir ensuite comme missionnaire en Afrique du Nord et devenir pour finir chef du bureau de presse de Maximilien de Habsbourg (à Mexico), archiduc autrichien envoyé par Napoléon III pour conquérir un improbable empire et fusillé à Quereto par les hommes de Benito Juarez en juin 1867. En 1867 paraît le livre de Domenech : l’ex-chef des services de presse avait fui le Mexique depuis un an et il s’était enfui en Europe. En Sardaigne, plus précisément, où il était déjà venu gamin, avant que ne commence l’aventure de sa vie.

Le gland, pétri avec la boue, devenait du pain. Mais le chêne, selon le Français Domenech, avait une valeur beaucoup plus haute aussi du point de vue symbolique, rituel :

« Sous le chêne planté devant l’église ou sur une place du village, les Sardes établissent les contrats, trament les mariages, fixent les prix des marchandises, discutent les affaires et administrent la justice en l’absence de la magistrature. Un chêne, l’air libre, en vue des champs, des montagnes, sous un ciel bleu, sont meilleurs que la salle lugubre d’un tribunal, ornée d’images ridicules ou laides, des toges noires des juges, des bottes des gardes, des bancs sales et remplie d’une atmosphère décourageante. »

Le Français manifestement n’aimait pas les tribunaux. Une telle antipathie peut être plus ou moins partagée… Néanmoins : les mariages se tramaient, la justice s’exerçait, les affaires se concluaient aussi sous l’olivier, en pleine campagne, ou bien dans l’enceinte des maisons et des bergeries.

Les figuiers d’Inde étaient un peu la frontière entre le monde de la végétation sauvage et celui des cultures. Souvent, ils poussaient spontanément et souvent aussi, en haies, ils clôturaient les domaines. Selon l’aumônier allemand Joseph Fuos, ils étaient « si convenables au goût des Sardes, qui aimaient toutes les choses douces, que quand se présente dans une rue un chariot qui en est chargé, tous accourent pour obtenir aussi un de ces fruits si goûteux. »



II



Déjà dans les livres des voyageurs du dix-huitième et du dix-neuvième siècles apparaît la silhouette du berger qui incendie campagne et bois pour procurer de nouvelles pâtures à ses brebis, contraintes à hiverner en bas, dans les vallées, exposées au sud, pour fuir le froid et la neige.

« L’agriculture en Sardaigne est beaucoup plus arriérée qu’on pourrait le croire », écrit, avec vivacité polémique, le Français Gustave Jourdan.

«  Les vols et les dévastations qui désolent les campagnes, les invasions des troupeaux, l’absence de voies de communication et, en plus de toutes ces autres causes, l’ignorance et l’avarice du paysan sarde font obstacle à tout progrès de l’agriculture. On n’y rencontre pas une seule de ces cultures qui exigent un minimum de soins intelligents. On ne voit pas une plante fourragère ; le blé, l’orge, l’huile, le vin sont les seuls produits importants ; l’huile et le vin, qui pourraient être facilement d’une qualité supérieure, se font là avec la technique la plus approximative ; l’huile conserve une odeur détestable et le vin est généralement trop dense. » Cause de tout : l’avarice du paysan sarde.

Ces années-là, une exception au désintérêt prédominant pour l’agriculture sarde a été une initiative de Savoie : le souverain a offert un titre nobiliaire à celui qui a planté plus de vingt mille oliviers ; il a créé la noblesse des oliviers. C’est-à-dire, il armait sa propre armée, avec les taxes des Sardes, et en échange, il donnait des quartiers de noblesse qui, à la différence de ceux de bœuf ou de porc, ne se mangent pas.

Même cette espèce de débat international sur les conditions agricoles de la Sardaigne, qui occupe tous les visiteurs étrangers, n’épargne pas les affirmations bouffonnes. L’habituel Joseph Fuos, par exemple, soutient que le goût des fruits sardes serait pire que celui des fruits allemands. Ou, plus exactement et avec ses propres mots, «  les fruits d’ici ne sont pas du point de vue du goût aussi bons qu’en Allemagne ».

Il est possible que la nostalgie et le regret de la patrie et de son lointain chez soi aient modifié le sens du goût de l’aumônier allemand. Mais bon et goûteux, dans l’évaluation des fruits sont étroitement mêlés à doux, sucré, mûr juste à point. Et les fruits sardes ne sont pas comparables aux allemands, il ne saurait en être autrement car ici le soleil sèche les fruits sans les priver de sucres et des substances nutritives et les porte facilement à des maturations, fort improbables en Allemagne. Les fruits sardes sont sans doute plus petits que les allemands et peut-être aussi moins beaux à voir… quoique le concept de beau se prête à de curieuses manipulations, et il aurait peut-être suffi d’une table dressée entièrement de fruits sardes peinte par Rembrandt pour modifier le jugement.

Il n’est pas sans signification que justement une culture de fruits, les orangeraies de Milis, soit une des rares exceptions décrites par les voyageurs dans le panorama d’abandon général. Tous ont été fascinés par ces orangeraies. Antoine Valéry, libraire parisien, a publié dans sa ville en 1835 un volume intitulé Voyage en Corse, à l’Île d’Elbe et en Sardaigne, plusieurs fois réimprimé (à Versailles, à Bruxelles) dans lequel il décrit Milis comme un « jardin des Hespérides blanchi par les neiges de fleurs ». Heinrich Von Maltzan le confronte, de son côté, aux plus belles agrumeraies visitées au cours de son long pèlerinage autour de la Méditerranée ( Sorrente, l’algérienne Blida, la baléare Soller ) et il en parle comme d’un des jardins les plus beaux et des arbres les plus riches. «  Et tout ceci », conclut-il, «  n’est pas une hyperbole, mais la pure vérité ».

(Le livre de Heinrich Von Maltzan, baron de Dresde, a été imprimé à Leipzig en 1869. C’est la troisième publication dédiée à la Sardaigne et imprimée dans la ville allemande, durant un siècle où l’Europe ignore tranquillement l’existence de l’île et de ses habitants. Durant la même période (1829) et toujours à Leipzig, dans une anthologie consacrée à la poésie populaire, apparaît nouvellement la Sardaigne, avec des vers traditionnels choisis du Sarde Matteo Madao. La ville allemande a donc été une observatrice continue et minutieuse de la réalité insulaire de ce temps. Peut-être devrions-nous les jumeler…)

« Milis, qui surplombe la mer d’Espagne à Oristano, est une grande propriété des Marquis Boyl di Putifigari ». Par ces mots commence la plus extraordinaire description des orangeraies, écrite par le Père Antonio Bresciani. «  Elle a des bois d’orangers qui s’étendent largement, en plusieurs milliers disposés en cercle, en de grandes futaies, qui poussent et se croisent en branches vivantes chargées de fleurs, de petites oranges et de fruits dorés mûrs. Les belles marines des Pouilles et de Sorrente dans leurs superbes orangeraies n’offriraient pas à la vue d’aussi belles forêts que celles de Milis et peut-être il n’y a que Malte, et la Sicile, qui rivalisent avec la grandeur de ces plantes. »

L’ecclésiastique trentin affirme que deux hommes qui étreindraient un plant, un d’un côté, un de l’autre, ne réussiraient pas à se toucher le bout des doigts et il continue :

« Et puis, pensez au temps de la floraison, quel doux parfum on respire et se répand dans ces bois et est porté par les vents légers jusqu’à l’étang de Cabras et plus au-delà, sur une bonne étendue jusqu’à la mer. Mais à la saison où les riches fruits mûrissent, il apparaît une forêt d’or et d’émeraude et l’or agité avec tant de faste dans ce vert en groupes, en grappes, en corymbes qu’il vous semble que les branches souffrent sous la charge, les rameaux courbent par fatigue, les extrémités pendent, jusqu’aux branches maîtresses de l’arbre arquent ».

Enfin Antonio Bresciani se perd dans un exercice de nomenclature :

« Voyez enlacés par un amour fraternel s’entremêler le Fruit du paradis avec la Lime cédrate, la Petite Poire avec l’Orange amère, la Bergamote avec le Citronnier, la Muscatelle avec le Petit Sucre, la Bogue avec la Lisse, avec la Cannelée, avec la Noueuse. Là, l’Oranger de Candie avec le Calcédonien ; l’Oranger du Portugal avec celui de Catane ; celui-ci à la peau lisse et brune, celui-là à l’écorce grenue et couenneuse. Ou la pulpe de couleur d’ambre, ou de couleur sanguine ; ou friable et limpide comme la topaze ou l’eau marine. Le jus doux, sucré, ou suret et pétillant. Et ces bois sont si touffus et cette vue est si délicieuse et cet air si aromatisé, que pour un peu, on dirait que les peuples ibères n’auraient jamais chez eux une telle abondance de fruits d’or que n’en fait germer à Milis la féconde Sardaigne. »

(Suite au prochain épisode)

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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 23:50

Te souviens-tu , Lucien, bel âne aux yeux si noirs et aux oreilles si soyeuses, te souviens-tu, dis-je, dit Mârco Valdo M.I. en interpellant son ami Lucien l'âne, que je t'avais promis la suite des aventures carcérales de Marco Camenisch ? Comme tu le sais, j'ai là un devoir moral, celui d'aider un compagnon dans la détresse, d'une part; mais d'autre part, j'ai également, outre ce devoir de solidarité, un devoir de publication. Je m'y étais engagé et de fait, j'assume. Ceci, plus spécialement, pour que d'une façon ou d'une autre, au travers de mes lecteurs (qui ne sont pas vraiment très nombreux, mais enfin, il y en a à part toi qui bénéficie en direct de ma lecture – traduction en français de ce livre Achtung Banditen !) montrer que Marco Camenisch, malgré ce que racontent les autorités, conserve des amis dans le monde. C'est aussi une occasion de parler de lui et de ne pas le laisser croupir dans l'oubli. Ce n'est rien qu'un peu de lumière, mais si elle peut éclairer la longue nuit de Marco Camenisch, ne fût-ce que par intermittence, j'en serais fort heureux.





Mon ami Mârco Valdo M.I., je dois te dire que j'aime beaucoup savoir que tu pratiques ainsi. Il me semble juste et bon de soutenir celui qui souffre pour ses idées, qui sont par ailleurs, les nôtres. Comme lui, nous ne souhaitons rien moins que sa libération (immédiate et sans condition) et toi comme moi, nous entendons bien faire passer le message. Peut-être en effet, que jamais aucun des gardiens absurdes qui terrorisent les gens en prison (spécialement, ceux à qui les nazis auraient offert un triangle rouge, appelons-les : les triangles rouges...) n'aura connaissance d'une seule ligne de ce nous nous disons, mais le devoir est de le faire. Point final. La chose ne se discute même pas. Tu vois donc que je suis bien en phase avec Camenisch et avec toi.



Évidemment, dit Mârco Valdo M.I., il y a fort peu de chances qu'on remarque un jour que nos conversations portent sur ce genre de sujet et je pense comme toi, qu'ils s'en foutent complètement de ce que nous disons, de ce que nous lisons, de ce que nous pensons. Tout ceci a l'air vraiment surréaliste et poétique. Comment dire: pas très efficient... Mais voilà, il en va de nos conversations comme des idées et revendications qui figurent dans les poèmes ou dans les chansons, pour ne retenir que ces moyens là. Je connais parfaitement toute cette incertitude... Mais c'est là un raisonnement qui ne se rend absolument pas compte que l'essentiel en cette matière est comme la beauté. Tu sais, Lucien mon ami, qu'il est une conception esthétique (que personnellement je partage totalement) qui dit à propos de la beauté, tu sais celle d'une femme, d'un tableau, d'une sculpture... : que la beauté réside dans le regard du spectateur et non dans l'objet, sujet... lui-même. Ceci explique d'ailleurs qu'un amoureux peut parfaitement trouver belle la dame de ses pensées, alors que ses amis ou des tiers ne découvrent pas les mêmes beautés chez cette personne. C'est donc une chose importante à comprendre, car c'est là un des principaux secrets de l'amour. Il n'est pas innocent que ce soit précisément Oscar Wilde à propos de Dorian Gray qui ait émit cet aphorisme redoutable. Oscar Wilde était à la fois, un homme de grand caractère et un homme de très grande sensibilité. Je dis volontairement redoutable, car il renverse bien des conceptions assises, l'idée-même de beauté objective sur laquelle se fondait l'art ancien. Bref, ce qui est beau aux yeux de l'un peut ne pas l'être du tout au regard de l'autre.



Très bien, j'accède à ta suggestion, dit l'âne avec un regard un peu perdu, comme effaré. Mais pourrais-tu me dire, mon cher Mârco Valdo M.I., où tu voulais en venir avec ce préambule.




Très certainement, mon bon Lucien. Je conçois d'ailleurs fort bien que tu t'y sois un tantinet perdu. Donc, mais il en va de la réalisation de notre devoir, de notre obligation morale, et plus généralement, de nos attitudes et de nos gestes, comme de la beauté. Ce qui importe, c'est que nous, je veux dire toi pour toi, moi pour moi et ainsi de suite pour tout le monde, sommes notre propre spectateur et donc les seuls à pouvoir donner son entière valeur à notre action, à notre création. Ici, en l'occurrence, ces conversations que nous menons. En fait, c'est toujours l'histoire du pommier ou de l'oiseau. Le pommier donne des pommes et se soucie bien peu de savoir si et comment elles atteindront un quelconque objectif. Pour la bonne raison qu'elles n'en ont pas. Donc, le pommier donne des pommes. L'oiseau, de son côté, chante. Il se soucie peut de l'efficience de son chant vis-à-vis de l'ensemble de la nature. Il chante, point c'est tout. Ne pas se soucier de l'efficience est un geste salvateur et fondateur de la création. Oh, Lucien mon ami, dit Mârco Valdo M.I., je vois à tes tremblements que tu as du mal à me suivre.



Je ne peux nier que je ne comprends pas tout à fait ce que tu essayes de dire, dit l'âne Lucien d'un ton moqueur.



En fait, je pourrais résumer la chose assez laconiquement en disant : « Fais ce que dois, advienne que pourra ! » Et dès lors, je passe à la lecture de ma narration du jour. Elle porte en gros sur l'année 1998. Soit, il y a dix ans. Parenthèse, Camenisch est toujours en prison. Pour les détails, écoute bien mon récit. Il commence par le rappel des dernières lignes de l'épisode précédent.



Je n'en suis pas étonné, tu le fais chaque fois, dit l'âne Lucien en manière de taquinerie.


Je suis depuis un mois à la tête de « Centro Valle » qui, je vous l’assure, n’est pas formé de plumitifs du régime. En relisant l’articulet rédigé par un ex-collaborateur, je n’y ai pas trouvé, cependant, d’attaques directes contre votre personne. J’ai néanmoins décidé de publier l’écrit d’un subversif invétéré comme vous en adéquation avec l’orientation du journal qui est d’assurer une place adéquate aux interventions de ses propres lecteurs.

(Elisabeth Del Curto)

(suite au prochain épisode)



Novara, 6 janvier 1998


Ici, 1998 paraît apporter de bonnes nouvelles. Finalement, la situation s’est débloquée en ce qui concerne la déclassification et les permissions de Marcello et pour ce qui est du montage Ros-Marini. ... Pour le reste, ces jours infinis de pluie infinie, de neige et de froid me cassent un peu les couilles au plan de ma santé et de mon énergie productive. Le mouvement et la lumière manquent, mais cela aussi passera. Je devrais plutôt récupérer un tarif postal pour le timbrage des lettres : dimensions, imprimés, poids, etc.… qui nous rendent fous une fois sur trois quand ici on envoie quelque chose de plus « compliqué » qu’une simple lettre à 800 lires…

J’ai été surpris de la publication de ma lettre dans « Centro Valle », positivement même, je dois le dire. ...


Novara, 5 février 1998


Il sera dur d’obtenir des visites d’autres personnes. On peut toujours rêver que ces porte-codes et farouches serviteurs de l’État policier, ici à Novara, me concèdent d’autres visites vus les comptes en suspens qu’ils ont avec moi. Le fait que je rompe le masque de silence contre leurs illégalités et leurs pratiques perverses les énerve. Ils voudraient déjà supprimer les visites de Manuela et ils ne les renouvellent pas pour Isa.

J’espère que maman pourra se reprendre et guérir après l’accident domestique qui a provoqué la fracture de son bras. Je lui souhaite de guérir au plus vite même si, il est certain que je ne pourrai la revoir durant plusieurs mois.

Mes amis et mes compagnons, par contre, je pense les revoir si et quand ils [Les autorités carcérales ou judiciaires] faibliront. Maintenant ou plus tard, si je survis – ce qui est probable, ils le devront.

...

Novara, 22 avril 1998


Silvano Pellissaro, en grève de la faim depuis 20 jours, est arrivé hier.

J’essaierai de le voir dès qu’il la suspendra. Il me semble qu’ils tirent sur la Croix-Rouge… Cependant, Silvano est ici à l’abri des provocations des policiers de prison, ROS, DIGOS qu’il subissait lourdement à Cuneo et autres Vallettes.

Je dois récupérer d’Agostino d’Urupia la copie d’une lettre où je retrace mon parcours politique pour l’envoyer à Buenos Aires. Il y a là-bas un compagnon intéressé qui a déjà publié certains de mes écrits et mon petit livre « Résignation est complicité » (Rassegnazione è complicità). Aujourd’hui, j’ai entendu maman au téléphone et ce fut une grande joie.


Novara, 8 mai 1998


J’ai écrit une longue intervention sur l’écoterrorisme comme contribution au débat qui s’est tenu à La Spezia le 25 avril dernier.

Ce fait me remet en mémoire que durant le Second Massacre Mondial, quand l’Europe était sous le joug des nazis et de leurs dignes alliés, les actions de la résistance étaient cataloguées comme « banditisme ». Le terme « terrorisme », utilisé aujourd’hui, n’était pas encore à la mode et il existait encore une nette séparation entre l’identité de la population soumise et les intérêts des dominants du moment.

Si, en consultant un quelconque dictionnaire au mot terrorisme, nous lisons … : qui sème une terreur indiscriminée dans la population et que nous pensons à Tchernobyl et à toutes les catastrophes écologiques de la Planète, aux guerres, aux victimes civiles et aux bombardements… peut-être comprendrons-nous qui sont aujourd’hui les vrais terroristes.


...

Novara, 12 juin 1998


Presque une demi-année sans voir maman et Renato, cela correspond à environ un quarantième de ma peine d’emprisonnement. Et s’il n’y avait l’écoulement du temps et mon usure, ce serait à en rire tellement c’est peu. Une demi-année me paraît un clin d’yeux. Plus ou moins encore la moitié de quarante battements d’yeux et j’aurai épuisé ma peine ; s’il n’y avait les nuages radioactifs, la désertification, etc., qui véritablement « ne sont pas préoccupants », je n’aurais aucun doute de battre les cils 40 fois, sans problème.

Ici aussi, les idées sont polluées par l’information de la société du spectacle et de la communication aliénée dans les ruines de ce « monde » trop canalisé. Mais il faut dire que pour s’éclaircir les idées, la prison est étroite entre ces quatre murs ; mais la prison de la société est aussi une forte barrière. La prison est la coercition de vivre ensemble coude à coude avec des personnes très différentes et de vivre de manière confuse des relations plus ou moins affines. Mais avec le resserrement antinaturel dans les cellules communes, même les affinités n’arrivent pas à empêcher qu’après peu de temps, ces êtres privés de l’espace « naturel » suffisant se fassent un tas d’ennuis réciproques. Vice-versa, vu la condition existentielle extrême, forcément, avec le temps, les personnes sont privées dans leurs relations de tout masque caractériel, idéologique, etc. et les subterfuges dans la convivance, dans l’autodéfense collective et dans les efforts pour changer les conditions de vie ne sont pas facilement applicables.


Novara, 4 juillet 1998


Hier, j’ai reçu un tract en solidarité avec Patrizia Cadeddu, arrêtée à Milan et justement aujourd’hui, elle m’a écrit continuant ainsi une correspondance pas très fournie, mais intense en termes d’affection et de discussion. C’est une vraie Sarde audacieuse et fière.

Il n’est pas vrai qu’ils lui ont refusé les arrêts domiciliaires ; c’est elle qui les a refusés quand le PM les lui a offerts, en pleine audience, je crois. D’un côté je l’admire car c’est un « cadeau » intéressé de ce typique tas de merde de PM, qui d’une certaine manière veut se laver la conscience. Certes, le terme « terroriste » est usé et tellement utilisé mal à propos qu’il veut dire tout et le contraire de tout.

Ce qui est vrai par contre c’est qu’ils m’ont refusé les visites de la Raffi. Pas grave ! Pour « avis négatif de la questure de Carrare », ce qui revient à donner au renard la clé du poulailler.

Ici, le salut, c’est de se tapir dans sa cellule et de ressasser souvenirs et songes, rage et sérénité, mais on est trop souvent interrompu par les travaux, des musiques, des nourritures, des contrôles et des bêtises diverses, tellement qu’il est même difficile d’organiser sa journée.

Pour ne rien dire des télés. Elles nous cassent tellement les oreilles que, un clou chassant l’autre, l’unique solution est d’allumer la sienne pour ne pas entendre les 15 autres en même temps, dans le tohu-bohu de cette architecture carcérale.

...

Novara, 28 août 1998


Je tiens les moustiques à l’écart, blindé comme je le suis avec le filet aux fenêtres et à la porte, mais la chaleur… C’est à en mourir. Il est certain que là-haut sur les Alpes, il fait un peu meilleur. Ce serait un peu mieux ici si on pouvait bouger et fuir le pire, surtout à un certain moment de la nuit où le fer et le béton rejettent la chaleur du jour.

La dernière rencontre avec maman et Renato a été vraiment joyeuse, avec un tas de rires et une liaison de nos pensées et des liens vers l’extérieur qui tendent toujours plus à s’éteindre et à s’éloigner. Je pense déjà à la prochaine visite à venir, tout ragaillardi à l’idée de revoir maman renaissante et Renato qui semble être une nouvelle personne.

Tout cela me donne de l’espoir dans mon avenir, au-delà de la prison, d’une vie commune, avec eux. J’espérais pouvoir bientôt me marier avec Manuela, mais il y a un foutoir. Peut-être, un mariage « moral » au moins pourra se faire. C’est la sempiternelle histoire kafkaïenne de la bureaucratie.


Novara, 18 octobre 1998


Aucune nouvelle d’importance. Je crois avoir surmonté un peu le choc du passage saisonnier quant aux rythmes biologiques et à ma santé. Belle rencontre avec maman et Renato où on a retrouvé un niveau de sérénité nouveau, et sans doute ancien. Belle rencontre aujourd’hui avec Manuela qui, avec tous ces chocs qu’elle subit elle aussi, continue à être une femme de courage et de splendide continuité.


Novara, 31 octobre 1998


Je suis dans une colère noire en raison des provocations de la « surveillance spéciale », à cause des délires policiers inventés et infondés, exprimés avec une manie de vengeance, de haine et de persécution pour avoir critiqué le lager et l’État. Car, en plus, je suis anarchiste. Il y faudra une autre campagne de lutte et de dénonciation de la situation. On y veillera.


Novara, 17 novembre 1998


Je pense parfois à ce que ferait, dans ma situation, Diabolik ici à Novara. Il y mettrait de grands moyens pour sortir, avec l’aide d’une bande de guerriers comme lui ou une dizaine d’Eve Kant.1

A dire vrai, vu la situation générale, j’ai encore plus peur à l’idée de sortir que de rester encore en prison. Pour l’instant, le 4 novembre, ils m’ont communiqué la permission de faire des interviews et des enregistrements vidéos. Ils ont cherché à ruser pour boycotter ce contact extérieur, mais ils ont échoué. Je me débats avec l’idée d’aller au procès de Rome ou non, mais de toute façon, ce sera pour l’année prochaine.


Cette année aussi s’esquive comme cette éternelle voie ferrée. Il n’y a pas de résignation dans nos regards. Peut-être seulement la conscience que le tunnel est encore fort long à parcourir, avant d’entrevoir la lumière d’un lointain soupirail.


Novara, 3 décembre 1998


En janvier 1996, avec un autre compagnon, j’ai pris l’initiative d’une grève de la faim pour dénoncer et protester contre les conditions de détention invivables dans la prison spéciale de Novara et contre une invention judiciaire de « bande armée » et d’ « association subversive » suivant une théorie spécifique du PM Marini de Roma.

Ma première déclaration a été relayée, à l’extérieur, par des médias régionaux et au niveau parlementaire. A la suite de cette manifestation, j’ai reçu la visite de deux femmes parlementaires, auxquelles j’ai répété le contenu de ma déclaration.

Au début de cette année, j’ai rédigé et diffusé un document relatif aux changements intervenus entretemps dans les conditions de détention. Sans allusion aux mesures répressives et vexatoires mises en œuvre depuis contre moi et mes proches, car je voulais éviter de « personnaliser » la question. ...

Au fil du temps, cependant, avec l’augmentation et l’accumulation de ces infinies histoires sans solution, j’ai décidé d’établir un document public où je retiens que mon œuvre de dénonciation et de protestation dans cette prison est la cause de ces représailles systématiques et acharnées contre ma personne. Les derniers développements rendent cette dénonciation urgente pour des motifs de sauvegarde personnelle et d’intégrité de mes proches.

En 1996, j’ai été dénoncé par la direction de cette prison au procureur de Novara pour de modestes quantités de stupéfiants légers. J’ai eu connaissance de ces enquêtes seulement dans le courant de 1997, par la notification de leur requête de prorogation des enquêtes pour les six autres mois prévus par la loi. Plus tard, dans la seconde partie de 1996, un tel processus étant en cours et avec le PM Marini de Rome comme responsable des visites, on m’a notifié le retrait du droit de visite de Manuela, ma femme de fait par un lien commencé par correspondance après mon arrestation de 1991 : avec 5 ou 6 lettres quotidiennes et, à partir de 1993, des rencontres régulières partagées avec ma mère et mon frère. C’est seulement grâce à l’intervention de mon avocat de Rome que furent rétablies ces visites, supprimées en raison d’un « soupçon fondé » que ma femme m’apportait de modestes quantités de stupéfiants légers du type haschisch.

Ce fut une période de fouilles particulières lors de nos rencontres, en cellule et à l’occasion des visites. Plusieurs fois, l’odeur de sauge que je brûle pour des motifs de purification fut considérée comme de la « fumée ». Il ne me fut plus permis d’acheter des encens en herboristerie, comme c’était l’habitude depuis des années. Le fait que je revendique l’antiprohibitionnisme et la réalité de consommer le cannabis, que je reçoive de la littérature sur ce thème, que je m’alimente le plus possible avec des tisanes, des aliments naturels et végétariens, que je sois un pratiquant du yoga, ne justifie pas l’acharnement contre moi et la personne que j’aime, de vouloir interdire nos rencontres, nonobstant le fait qu’il n’a jamais été trouvé de « fumo » même en « modestes quantités ».

A mes protestations face à ces diverses provocations, n’ont pas manqué les réponses du genre : « Quand il écrit, il est dangereux pour lui-même et pour les autres », « il est trop solidaire », « ce qu’il veut, c’est être en vue », « il écrit trop », « même les carabiniers s’en sont plaint… »

Suite à mes requêtes de libération anticipée, le rapport de la prison au tribunal de surveillance dit textuellement : « Il a des rapports conflictuels avec les institutions ».

...

En outre, depuis 1996, je traîne un problème d’infection dentaire avec un mal de dents récurrent, des abcès douloureux et une détérioration générale de ma santé. Une des premières radiographies a été perdue, la seule où l’abcès en cours était bien visible et on déplaça dans le temps l’intervention chirurgicale nécessaire. Je me suis adressé au Directeur sanitaire et à des spécialistes extérieurs lors de l’épuisant parcours pour résoudre mon problème... En mars de cette année, en outre, après avoir demandé une visite de mon médecin de confiance, je n’ai reçu aucune réponse. Silence absolu, même quelques mois après ma demande. ...

...

Néanmoins, c’est dans cette prison de haute sécurité en octobre, durant les visites, que commença la « surveillance spéciale » de moi et de mes proches : fouilles et déshabillages extraordinaires, avec la présence extraordinaire du maréchal de service à la sortie des rencontres, effectuées non plus dans la salle commune habituelle, mais bien séparément dans la « petite salle des avocats ». Il y a déjà un certain temps, en passant devant la vitre de cette petite salle, j’ai remarqué le banc ouvert avec des trous électriques et deux ou trois objets ronds reliés à ces trous. Je suppose logiquement que la petite salle des avocats est munie d’un dispositif d’enregistrement et, en plus de la surveillance visuelle rapprochée, c’est pour mieux enregistrer et contrôler les conversations avec les proches. Comme je protestais contre de telles provocations, ils m’ont donné des réponses fumeuses du genre : « des ordres » et autres insinuations : « Il y a sans doute des raisons… », etc.

A l’extérieur, ils sont en plein dans une campagne de terrorisme psychologique qui, à partir des habituelles « sources confidentielles » des services secrets et de la presse, veut criminaliser et diffamer l'anarchie sous le prétexte « d'alerte à la bombe ». ...

Récemment, à l’occasion d’une fouille ordinaire de ma cellule, ils m’ont enlevé la manne, un laxatif léger et efficace, acheté en herboristerie. Avec l’habituel rite humiliant et dégradant des déshabillages chaque fois que l’on sort de la section, le maréchal N., qui m’appelle dans son bureau, en dehors de ma section, se distingue par ses excès et sa systématicité à me priver des petites choses « mises au magasin » ou jetées. Le maréchal-commandant S. me notifie la confiscation de la manne, qui « non autorisable ». A ma demande de motif, sa réponse systématique est qu’« elle peut être utilisée à d’autres fins ». je proteste contre cette provocation ridicule et fallacieuse.

En racontant ce fait à des détenus, ceux-ci m’ont révélé que la manne est utilisée pour couper la « drogue ». Ceci montre qu’il ne s’agit plus « seulement du soupçon » pour « modestes quantités de stupéfiants légers du type haschisch », mais de l’insinuation de trafic de coca ou d’héroïne. Substances dont je refuse la consommation, tout comme, je refuse le commerce.

Déjà, en 1996, un détenu m’avait informé qu’un membre du personnel lui aurait dit que « bientôt, on dévoilera un trafic de drogue parmi les prisonniers politiques ». J’ai appris récemment que des voix circulaient parmi les prisonniers politiques que de la drogue aurait été découverte chez moi.

En réfléchissant à l’ensemble de ces choses, leur acharnement démesuré et fallacieux à mon égard, les propos mis dans le circuit, l’escalade générale et le cadre des représailles en cours contre moi, il m’est venu la crainte d’une tentative, dans les règles de l’art, de me piéger par la découverte de substances stupéfiantes placées exprès dans ma cellule, ou une autre combinaison de plus grande ampleur au cœur de la campagne « alerte à la bombe ». ...

Le jour suivant, j’ai été convoqué chez le maréchal V., dans son bureau de la section. Sur son bureau, trônaient un morceau d’écorce d’arbre et des petits débris d’argile provenant d’un nid de guêpes (vespa muratoria), espèce assez rare qui, en été, nidifie dans les interstices de nos cellules ou dans les vêtements hivernaux inutilisés. Le maréchal lui-même reconnaît les choses pour ce qu’elles sont, mais il dit : « Je dois les confisquer. »...

Le matin suivant, le maréchal-chef S. en personne, le zélé maréchal N. et le maréchal V., avec une suite fournie d’agents, font irruption dans ma cellule. « Fouille ! » affirment-ils avec fiel. L’habituel déshabillage intégral. Je renonce à assister. Ils ont saccagé, enlevé, confisqué, jeté divers objets de valeur affective. Ils ont retrouvé un billet de cent mille lires cousu dans une paire de pantalons et je serai pour cela exclu pour une journée des activités communes, avec la porte de ma cellule fermée. Tous mes produits herboristes finissent dans une grande boîte et pour les utiliser, je dois ensuite les réclamer un à un.

Le maréchal V. semble être préposé particulièrement aux anarchistes. ... Le jour-même de leur irruption, je recevais la seconde visite de mon avocat ... Pour la deuxième fois, le temps mis à notre disposition est de seulement 10 minutes.

Le 30 novembre, de retour de la promenade, je constate la soustraction de deux bouteilles utiles pour l’urinothérapie. Il y a deux ou trois ans, pour les analyses d’urine, prescrites par mon médecin de confiance pour des vérifications sur la nature de mon cancer surrénal, repéré peu avant, on me dit que l’urine consigné avait été perdue. Après un deuxième prélèvement, ils ont perdu les analyses et à la troisième tentative, il me fut dit « qu’elles n’étaient pas nécessaires et qu’on ne pouvait les faire à Novara. » Par mes proches, je cherchai et au premier laboratoire interpellé, finalement, à mes frais, il fut possible de réaliser les analyses en question.

L’isolement diurne, peine supplémentaire infligée pendant des mois et des années et qui aggrave la perpétuité, a des modalités d’exécution variées. Il est facultatif et il dépend de l’acharnement personnel des procureurs responsables et des directions carcérales. Ici, à Novara, elle est appliquée sur ordre du procureur de Cagliari à un détenu qui endure déjà plus de 20 ans de prison et de mauvais traitements.

Avec le changement de gouvernement et après les déclarations du ministre Diliberto de vouloir accélérer le parcours institutionnel pour l’abolition de la prison à vie, qui signifie également l’abolition de l’isolement diurne, et après l’interpellation du député Manconi sur un cas spécifique d’isolement, le réflexe conditionné de la part de certaines personnes et du Ministère a été d’appliquer l’exécution généralisée des isolements diurnes. Ainsi, à partir du 30 novembre, trois autres prisonniers ici à Novara, subissent cette mesure. Aucune possibilité de socialisation de 8 à 20 heures, tout en les mettant dans les conditions d’exécuter un travail.

Réflexe analogue l’année passée quand Biondi, le ministre de l’époque, parla publiquement de l’instauration des visites intimes et que le ministère imposa l’application d’une vielle circulaire qui interdit l’accumulation des heures de visites.

Comme réaction aux discussions internationales sur l’antiprohibitionnisme, ils ont augmenté – dans les prisons – la répression contre la drogue, spécialement contre le cannabis.

Quand ceux d’en haut se disputent, ce sont pourtant ceux d’en bas qui prennent les coups. Emergencialisme, instabilité politique, institutionnelle, etc.… En prison, le mensonge systématique, la moquerie, les réticences de ceux qui devraient nous « resocialiser », l’isolement social et privatif, la torture blanche, l’incertitude, l’abus de pouvoir et ses manières souvent insensées, ridiculement puériles et capricieuses, créent la précarité quotidienne instable d’obsessionnels et répétitifs jours blancs toujours égaux et rendent impossible la survie de la personne prisonnière. Instaurant ainsi le désordre de l’ordre totalitaire.


Novara, 22 décembre 1998


Il y a une atmosphère de déménagement et c’est tout un bordel. Sûrement après le transfert, ce sera mieux qu’ici à Novara, à moins de finir « dans le cul du monde », mais je ne pense pas. Il paraît néanmoins qu’ils sont en train de restructurer toutes les sections de la spéciale pour les adapter aux régimes de l’article 41 et du 41bis.

...


Novara, 1er janvier 1999



Hier, un peu de Toscane. Un Chianti pas trop frelaté. Pour le reste, le sempiternel « nouvel an » sans trop d’attention, vu que le nôtre, c’est le 21 décembre !!! Le solstice d’hiver.....


(Suite au prochain épisode)

1Diabolik : Diabolik est un criminel professionnel, accompagné dans ses aventures par sa maîtresse, Eva Kant. Il est pourchassé par son policier attitré, l'inspecteur Ginko. Ses aventures rencontrent encore un grand succès en Italie.

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