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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 20:58
Les images ont ceci de fascinant qu'elles évoquent des sensations poétiques.
Ce qui est saisi là est un moment au plein coeur d'un voyage.
Qui est le voyageur, qui est là à regarder les rails qui viennent tout glissants du bout de la vallée ? A moins que ce ne soit une voyageuse ?
Les parallèles se rejoignent - ainsi qu'on le voit - là-bas, tout au bout. Les lignes sont fuyantes comme si elles voulaient échapper à l'oeil, toutes dans le même sens, toutes comme si elles étaient poursuivies par cet insatiable satyre : l'oeil.
A voir l'image aussi, on ressent la glissade rapide du convoi, on se croit dans le fauteuil en route pour on ne sait où à rencontrer en urgence on ne sait qui.



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8 mai 2008 4 08 /05 /mai /2008 10:23

Il fut un temps où les peuples du monde, ceux qui avaient été mis en colonie, en esclavage, en sujétion aux délires de la civilisation; un temps où la partie civilisée du monde venait de s'entredétruire (12.000.000 de morts la première fois, 40.000.000 la seconde) et se préparait pour une troisième fois (est-ce bien fini ?), un temps où deux camps s'affrontaient et où ces peuples vinrent au jour et parmi les plus grands d'entre eux, on trouvait l'Inde. C'était au temps de Nehru où les peuples tentèrent une autre voie : celle du tiers-Monde (comme il y eut un Tiers État), celle des pays non-alignés - ça fait toujours plaisir de savoir qu'il y a des gens et des peuples qui ne veulent pas s'aligner.
Nehru rassembla à Delhi tous les écrivains de l'Asie (poètes, aèdes, romanciers, nouvellistes, chanteurs, psalmodieurs...) - de l'Oural à la frontière égyptienne. Les artistes de centaines de peuples, de centaines de langue (de milliers ? ça dépend comment on compte...) réunis pour opposer la poésie aux impérialismes ambiants. Ce Congrès dura des jours et des jours. 
Et...
Pour présider à ce caucus gigantesque et babelien, le président de l'Inde fit appel à un écrivain venu d'ailleurs, un écrivain qui par sa position géographique ne pouvait faire partie de l'assemblée, mais par sa proximité poétique avec les paysans sans terre du monde entier avait sa place "naturelle" dans cette assemblée; Nehru fit venir Carlo Levi.
Carlo Levi en ramena un livre - dont on reparlera ici.
Aujourd'hui, juste un écho de son passage à Bénarès, à Bénarès, cœur de l’Inde.

Bénarès



Benares, cuore dell’India

Sponda del Gange

Uomini nudi

Donne ammantate

Nell’aria grigia

Le ragazze sedute

Si stringono

Per farmi

Un posto

Tra loro.



Bénarès, cœur de l’Inde

Rive du Gange

Hommes nus

Femmes drapées

Dans l’air gris

Les filles assises

Serrées

Pour me faire

Une place

Parmi elles.


Benares, cuore dell’India

Sogno del Gange.

Mille statue

Immobili

Grigie di sonno

Toccare l’acqua

della corrente

Gesto eterno

Con la mano, con la mano.


Bénarès, cœur de l’Inde

Rêve du Gange

Mille statues

Immobiles

Grises de sommeil

Toucher l’eau

Du courant

Geste éternel

de la main,

De la main


Benares, cuore dell’India

Sponda del Gange.

Una barca, vi salgo

Un vecchio barcaiolo

Gondoliere del Gange

Spinge lunghi remi di bambù.

Sette pire ardono

Alte fiammate rosse

Ossa incenerite


Bénarès, cœur de l’Inde

Rive du Gange

Une barque, j’y monte

Un vieux marinier

Gondolier du Gange

Pousse de longues rames de bambou

Sept bûchers brûlent

Hautes flammes rouges

Os incinérés.


Benares, cuore dell’India

Sogno del Gange.

Le vacche leccano

Il viso livido

Dei morti

Brucano

I fiori

Dei morti

Il freddo del matino

M’entra nell’ossa


Bénarès, cœur de l’Inde

Rêve du Gange

Les vaches lèchent

Le visage livide

Des morts

Broutent

Les fleurs

Des morts

Le froid du matin

M’entre dans les os

Benares, cuore dell’India

Sponda del Gange

Mendicanti accoccolati

Moncherini

Piaghe

Ulcere

Occhi bianchi

Popolo di pellegrini

Cercando

L’eterna salvezza


Bénarès, cœur de l’Inde

Rive du Gange

Mendiants accroupis

Moignons

Plaies

Ulcères

Yeux blancs

Peuple de pèlerins

Cherchant

Le salut éternel


Benares, cuore dell’India

Sogno del Gange.

Pellegrini nudi

Barbuti

Polverosi

Tremanti

Nel sole pallido

Come un fiume di popolo

Verso l’acqua sacra

Del Gange.


Bénarès, cœur de l’Inde

Rêve du Gange

Pèlerins nus

Barbus

Poussiéreux

Tremblants

Dans le soleil pâle

Comme un fleuve de peuple

Vers l’eau sacrée.

Du Gange.


Benares, cuore dell’India

Sponda del Gange

Benares, cuore dell’India

Sogno del Gange.


Bénarès, cœur de l’Inde

Rive du Gange

Bénarès, cœur de l’Inde

Rêve du Gange.


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7 mai 2008 3 07 /05 /mai /2008 10:57



Bella ciao



Bella Ciao est un de ces chants que l'on entend dans toutes les fêtes de l'émigration italienne ouvrière; c'est un chant né dans la Résistance au fascisme et au nazisme; sans doute, après l'invasion de l'Italie par l'armée allemande à partir de 1943.
Pour le peuple de gauche italien (et bien au-delà, pour les autres peuples de gauche), c'est à la fois un chant de fête, un chant de lutte, un chant de résistance, un chant de joie et de retrouvailles. Un chant qui fait chaud au cœur, met les larmes aux yeux et les sourires aux lèvres.
Il suffit que le chanteur à la guitare, le "rocker", une fille de l'assemblée, n'importe laquelle des personnes présentes  entame  "Stamattina" ou autre version "Una mattina..." pour que telle une vague venue du large - le temps d'une respiration, d'un soupir, d'une inspiration, le temps de finir la très courte phrase : "mi son'alzato" - le chœur déferle, explose sur le rocher en un grondement empli d'une sorte de ferveur cordiale.
D'un coup, le peuple est rassemblé, c'est le cœur du chœur qui resplendit.
Même ceux qui ne connaissent pas les paroles ont vite appris à entrer dans la ronde du "Bella ciao, bella ciao..." et pour  les enfants et petits-enfants de l'émigré, pour l'ami étranger à l'Italie et à la lingua italiana, le contenu de la chanson échappe un peu.
De plus, on ne pense pas souvent à la traduire, juste pour tous ceux-là qui aimeraient savoir, qui aimeraient connaître, juste aussi par respect pour ce "partisan mort pour la liberté", et tous le sentent bien quand on entend la vibration chaude des voix, ce partisan-là est par nature l'incarnation de tous les partisans du monde, l'incarnation anonyme de tous ceux qui se sont battus, qui sont morts et ceux qui se battent et ceux qui se battront et mourront pour la liberté, pour la liberté vraie - laquelle ne peut exister s'il y a quelque part un homme qui en domine un autre ou qui en exploite un autre.
L'homme n'est vraiment libre que débarrassé de l'oppression politique - cela va de soi, mais aussi, de l'oppression économique, de l'obligation de se vendre, de vendre son temps, de vendre sa vie pour vivre.

Alors voilà, ici, tout simplement une des versions (il en est de nombreuses, comme pour tous les chants populaires) de Bella Ciao et sa traduction en langue française. Pour la bonne forme, j'indique que la traduction est celle de Marco Valdo M.I.





Stamattina mi sono alzato

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Stamattina mi sono alzato

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

E ho trovato l’invasor



O partigiano portami via

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

O partigiano portami via

Che mi sento di morir



E se io muoio da partigiano

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

E se io muoio da partigiano

Tu mi devi seppellir



E seppellire lassù in montagna

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

E seppellire lassù in montagna

Sotto l’ombra di un bel fior



E le genti che passeranno

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

E le genti che passeranno

Mi diranno che bel fior



E questo è il fiore del partigiano

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

E questo è il fiore del partigiano

Morto per la libertà

E questo è il fiore del partigiano

Morto per la libertà
























Ce matin je me suis levé

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Ce matin je me suis levé

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Et j’ai trouvé l’envahisseur



Oh partisan emmène-moi

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Oh partisan emmène-moi

Je me sens mourir



Et si je meurs en partisan

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Et si je meurs en partisan

Tu dois m’ensevelir



Et m’ensevelir là en montagne

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Et m’ensevelir là en montagne

A l’ombre d’une belle fleur



Et les gens qui passeront

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Et les gens qui passeront

Me diront quelle belle fleur



Et cette fleur est la fleur du partisan

O bella ciao bella ciao

bella ciao ciao ciao

Et cette fleur est la fleur du partisan

Mort pour la liberté

Et cette fleur est la fleur du partisan

Mort pour la liberté



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6 mai 2008 2 06 /05 /mai /2008 09:07
Ces aubes-là, ces matinées, ces aurores, ces moments matutinaux de l'enfance sont à jamais des lieux inaccessibles; l'enfance, si lointaine à en mourir. C'est d'ailleurs ce qui se passe... On en meurt de perdre son enfance.
Bien sûr, c'est encore une canzone léviane; à mettre près des autres. Encore une qui sort tout droit de L'Orologio.
Mais au fait, Carlo Levi n'est pas mort; il rayonne au travers des temps.



All’alba - A l’aube


A l’aube

Quand j’étais gamin

A l’aube de ma vie

Mon plaisir

Mon vrai grand plaisir

A l’aube

Mon plaisir de roi

A l’aube

Mon plaisir à moi

Etait

D’aller dans le lit de ma maman

D’aller

A l’aube

Quand j’étais gamin

Dans le lit de ma maman

A l’aube

Quand mon père était en voyage


All’alba

Quando ero piccino

All’alba della mia vita

Il mio piacere

Il mio vero maggior piacere

All’alba

Il mio piacere da re

All’alba

Il mio piacere per me

Era

D’andare nel letto della mia mamma

D’andare

All’alba

Quando ero piccino

Nel letto

della mia mamma

All’alba

Quando mio padre era in viaggio



A l’aube

Quand papa était ailleurs

A peine éveillé

Au matin

Sorti de mon lit-cage

A l’aube

Je sautais

Dans le vrai lit

Dans ce gigantesque lit

Sans limites

Dans cet immense lit

Cette grande mer calme

Cette plaine océanique

Pays enchanté

Des blanches montagnes de lit

La tête sous

Les draps de lin

La tête sous

Les draps de lit



All’alba

Quando il babbo era altrove

Appena svegliato

Al matino

Uscito da mio lettuccio

All’alba

Saltavo

Nel letto vero

Dentro quel gigante letto

Senza confini

Dentro quel letto sterminato

Questo grande mare calmo

Questa pianura oceanica

Paese incantato

Dalle bianche montagne del letto

Il capo sotto

Le lenzuola di lino

Le lenzuola del letto


J’étais sous

Terre

Dessous j’étais

Moi

Dans la grotte merveilleuse

Dans la caverne des origines

C’était le paradis

De l’aube

Pour toujours

Perdu

Pour toujours

A l’heure

De l’aube


Ero sotto

Terra

Di sotto ero

Io stesso

Nella grotta meravigliosa

Dentro la caverna delle origini

Era il paradiso

Dell’alba

Per sempre

Perduto

Per sempre

All’ora

Dell’allba


A l’heure

De l’aube

- Quelle heure est-elle ? –

A présent

A l’aube levée

A l’aube levée

L’enfance

A présent

Lointaine

Mon enfance

A l’aube levée


Si lointaine

A mourir


All’ora

Dell’alba

- Che ora è ? -

Ora

All’alba alzata

All’alba alzata

L’infanzia

Ora è

Lontana

L’infanzia

All’alba alzata


Cosi lontana

Da morire.


 

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5 mai 2008 1 05 /05 /mai /2008 14:34

Encore une chanson léviane, tirée de L'Orologio. En fait, c'est là ma petite contribution pour rappeler ce fabuleux roman de Carlo Levi et faire paraître au jour la haute teneur poétique de ce texte qui est l'histoire de l'élimination du gouvernement de Ferruccio Parrì. Un Roman en prise sur le réel quasiment immédiat, publié en 1948, il raconte aussi la trahison de la Résistance italienne par le monde politique revenu aux affaires et ce dès 1946. C'est l'histoire navrante de la liquidation de tout ce que la Resistenza portait de "révolutionnaire" et de ses espoirs qui étaient ceux des femmes et des hommes qui avaient mené le combat contre les nazifascistes.

Dès janvier 1946 commença la "desistenza" que Piero Calamandrei n'a cessé de dénoncer et de combattre (voir dans ce blog - La Mère de la République).


Ici, dans cette courte canzone, il s'agit de la perception du coeur de la nuit romaine où le héros de L'Orologio (en l'occurrence, Carlo Levi lui-même), revenant de longues années d'exil et d'années de clandestinité, est rédacteur en chef un quotidien romain (il s'agit d'Italia Libera, le journal du Partito d'Azione) et redécouvre Roma.

 

Quant aux lions qui rugissent dans Rome, toutes les interprétations sont possibles.

Il y eut ceux qui venaient de l'étranger; il y a aussi ceux qui reviennent du passé. La nuit à Rome les lions rugissent.


N'est-ce pas à nouveau le cas en ce mois de mai 2008 ?






Rome, la nuit. – Notte romana.


A Rome, la nuit,

On entend un étrange bruit.

Un murmure indistinct

C’est la respiration de la ville

La nuit, à Rome,

Le lion rugit.


La notte a Roma

Par di sentir ruggire leoni

La notte a Roma

Par di sentire ruggire leoni

Fra le sue cupole nere

E i colli lontani

Fra le sue cupole nere

E i colli lontani


La nuit à Rome

On croit entendre rugir des lions

La nuit à Rome

Entre les coupoles noires

Et les collines lointaines

On croit entendre les lions rugir


Suono non privo d’una strana

Dolcezza

D’une strana dolcezza

Ruggito dei leoni,

Nel deserto notturno delle case

Ruggito notturno dei leoni

Nel deserto della città


Une musique douce pourtant

Une chanson douce maman

Rugissent les lions

Dans le désert nocturne des maisons

Rugissement nocturne des lions

Dans le désert de la ville


Nato dal fondo della memoria

Dal fondo profondo della città

Quando fra il Tevere e i boschi

Le lupe allattavano ancora

I fanciulli, i bambini

Quando presso il Tevere

Le lupe allattavano ancora

I fanciulli abandonnati


Du fond de la mémoire

Du fond du fond de la ville

Entre le Tibre et les bois

Les louves allaitaient encore

Les petits hommes, les enfants,

Quand près du Tibre

Les louves allaitaient encore

Les enfants abandonnés


Tendevo le orrechia ad ascoltare

Scrutavo nel buio

Il suono penetrava in me

Uno suono animalesco

Spaventoso, arcano

Un rumore terribile.


Je tendais l’oreille

J’interrogeais le noir

Le son pénétrait en moi

Un son animal

Épouvantable, mystérieux

Une rumeur terrible.


Ruggito dei leoni,

Nel deserto notturno delle case

Ruggito notturno dei leoni

Nel deserto della città

Come l’eco del mare

In un conchiglia abbandonnata.

La notte a Roma

Par di sentir ruggire leoni

La notte a Roma

D’une strana dolcezza.


Rugissement des lions

Dans le désert nocturne des maisons

Rugissement nocturne des lions

Dans le désert de la ville

Écho de la mer

Dans un coquillage abandonné.

La nuit à Rome

On croit entendre rugir des lions

La nuit à Rome

D’une étrange douceur.

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 17:33

Plusieurs chansons sont en langues italienne et française. Elles sont conçues comme des objets à double culture et peuvent – dans le cas où j’arriverais à trouver un chanteur et une musique (ce que je cherche), ces chansons lévianes (autour de Carlo Levi), qui sont inspirées de ses textes (petits passages de ses romans), peuvent être chantées par un chanteur et dans l’ordre ou seulement en français, ou seulement en italien, ou par deux chanteurs – un pour chaque langue et éventuellement, en alternance…

C’est un peu complexe à expliquer…


Pour l’instant, je m’en tiens au texte…


Giacinto, il cameriere – Giacinto, le serveur


Giacinto

Si precipita incontro

E

Offre

Una seggiola

A

Un tavolo libero

Giacinto fa il cameriere


Giacinto

Se précipite

Et

Offre

Une chaise

A une table libre

Giacinto est serveur


Basso

Piuttosto grassoccio

Viso tondo

Pelle umida

E lucida

Capelli neri

Occhi furbeschi

Piedi piatti

Giacinto

Si precipita incontro

Con piedi piatti

Con piedi piatti


Bas

Plutôt gras

Visage rond

Peau humide

Et

Luisante

Cheveux noirs

Yeux fourbes

Pieds plats

Giacinto

Se précipite

Avec ses pieds plats

Avec ses pieds plats


Giacinto

Nel suo mestiere

Indovina

Valuta

I clienti

Giacinto

Nel suo mestiere

Non c’è male

Fa il cameriere

Nel suo mestiere

Giacinto

Si precipita incontro

Con piedi piatti

Con piedi piatti


Giacinto

Dans son métier

Devine

Evalue

Les clients

Giacinto

Dans son métier

Y a pas de mal

Fait le serveur

Dans son métier

Giacinto

Se précipite

Avec ses pieds plats

Avec ses pieds plats


Giacinto

Il cameriere

Dice che

Le donne

Non gli piacciono

Le donne

Che spavento ! come fare ?

Giacinto

Il cameriere

Dice che

Le donne

Non gli piacciono

Ma quale donna per lui ?

Meglio fare da soli

Giacinto

Si precipita incontro

Alle donne

Con piedi piatti

Con piedi piatti


Giacinto

Le serveur

Dit que

Les femmes

Ne lui plaisent pas

Les femmes

Quelle épouvante ! Comment faire ?

Giacinto

Le serveur

Dit que

Les femmes

Ne lui plaisent pas

Mais quelle femme pour lui ?

Mieux vaut le faire seul

Giacinto

Se précipite

Vers les femmes

Avec ses pieds plats

Avec ses pieds plats

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 17:00

Petit commentaire introductif :


Qui n’a senti que la vraie tension d’amour, juste avant ou au moment de la petite mort, est justement prémonition, sensation du passage ; que la femme d’un jour ou de toujours n’est autre que la reine de la nuit (celle de Mozart) ; que l’amour est cannibale ; qu’entrer dans le couloir du roi, c’est finir au fond de la reine (de l’arène).


Evidemment, si on tient aux prénoms féminins, on peut toujours y mettre Irène comme chez Aragon.


Irène de fin du jour


Courage, la vie finira

Bien un jour

On en voit le bout là-bas

La mort a toujours

Cette gueule et ces grands bras

D’amour de fin du jour

L’amour a toujours

Cette gueule et ces grands bras

De mort de fin du jour

C’est elle qu’on voit

Depuis toujours

Droit devant toi, droit devant moi

Reine de la nuit

Irène de l’amour

Hyène de l’effroi

Faim de toi, faim de moi.

Fin de partie

D’amour de fin du jour



Les chevaux de souffrance

Arrivent au grand galop

D’un désert sec et si lointain

Troupeau sauvage

Qui vient là

Droit sur toi, droit sur moi

Droit sur notre campement

Du plus bas de l’horizon montant

Tout un tas de noires nuées

Et les cris des corneilles

Et le vol des hirondelles

Prémonitoires, clairvoyants

L’orage est là, c’est la soirée

Encore très belle

D’un été finissant

Soleil tout rouge, sanguinolent

Droit devant toi, droit devant moi

Reine de la nuit

Irène de l’amour

Hyène de l’effroi

Faim de toi, faim de moi.

Fin de partie

D’amour de fin du jour


On entre dans le couloir de la nuit

Le domaine de la Reine

Le baiser de la Reine

Pour le marin c’était le scorbut

Pour le paysan la malaria

L’étreinte de la Reine

Balle, bombe, obus

Misère, cancer, sida

Tuberculose, peste ou choléra

On part du cœur, on meurt du foie

Finalement on ne la voit qu’une fois

Droit devant toi, droit devant moi

Reine de la nuit

Irène de l’amour

Hyène de l’effroi

Faim de toi, faim de moi.

Fin de partie

D’amour de fin du jour


La Reine est là

Tout d’amour vêtue

Visage aux yeux fermés

Tendu, effaré

Fol de jouissance, froid

Droit devant toi, droit devant moi

On entre dans le couloir du roi

Jusqu’au fond de la Reine

Gladiateurs on mourra

Au fond de l’arène

Droit devant toi, droit devant moi

Le domaine de la Reine

Reine de la nuit

Irène de l’amour

Hyène de l’effroi

Faim de toi, faim de moi.

Fin.


 

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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 11:58

Encore une canzone leviane. J'ai appelé ces chansons ainsi, car elles ont été conçues à partir de bouts de texte de Carlo Levi, spécialement de son roman "L'Orologio" ("La Montre").
Le personnage de Fanny est saisissant ; surtout quand on l'a rencontré.

Fanny passività

Fanny passivité


L’ho trovata

E ora

L’ho persa

Fanny


Je l’ai trouvée

Et maintenant

Je l’ai perdue

Fanny


Fanny è una donna

Meravigliosa

Lei è lei

Enorme

Tutta bianca

Tenera

Accogliente

Di una passività

Assoluta


Fanny est une femme

Merveilleuse

Elle est elle

Enorme

Toute blanche

Tendre

Accueillante

D’une passivité

Absolue


L’ho trovata

E ora

L’ho persa

Fanny


Je l’ai trouvée

Et maintenant

Je l’ai perdue

Fanny



Fanny sta zitta

Non si muove

Si lascia abbracciare

E

Ti inghiotte

Prende tutto

Fanny

Meravigliosa Fanny

Bene e male

Col suo grande

Corpo bianco

Pieno

Di mammelle

Ti inghiotte

Si lascia abbracciare


Fanny reste muette

Elle ne bouge pas

Elle se laisse embrasser

Et

T’engloutit

Elle prend tout

Fanny

Merveilleuse Fanny

Bien et mal

Avec son grand

Corps blanc

Plein

De mamelles

Elle t’engloutit

Elle se laisse embrasser


L’ho trovata

E ora

L’ho persa

Fanny

Fanny è una donna

Meravigliosa

Lei è lei

Enorme

Tutta bianca

Tenera

Accogliente

Di una passività

Assoluta


Je l’ai trouvée

Et maintenant

Je l’ai perdue

Fanny

Fanny est une femme

Merveilleuse

Elle est elle

Enorme

Toute blanche

Tendre

Accueillante

D’une passivité

Absolue


L’ho trovata

E ora

L’ho persa

Fanny la passività.


Je l’ai trouvée

Et maintenant

Je l’ai perdue

Fanny

Fanny passivité.







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30 avril 2008 3 30 /04 /avril /2008 11:35

Les lanternes libérales


En faisant disparaître à coups de licenciements, de rationalisations, les ouvriers des usines et, la classe ouvrière du paysage européen (l’opération n’est pas finie, mais elle est en bonne voie), le libéralisme vise à atteindre un but très ancien, le but-même du capitalisme : faire du profit sans devoir le partager avec les autres humains.

Le capitalisme ou le libéralisme, qui sont la « stessa cosa » ( siamo la stessa cosa, disent-ils entre eux), en français, la même chose, n’ont pas perdu leurs immenses capacités de nuisance vis-à-vis des hommes et de la planète. Ils visent le profit et la croissance à tout prix, y compris contre l’espèce elle-même.

Un des buts en éliminant les ouvriers est aussi de faire disparaître toutes les organisations et toutes les pensées opposées au système, à commencer par les syndicats.

Bientôt, il n’y aura plus d’ouvriers, ni d’employés – qui sont les ouvriers des bureaux… Il restera des intérimaires, des manœuvres, des cadres, des gens de service, des domestiques… Retour au Moyen-Age avant de revenir définitivement à la préhistoire.

Résumons : toutes les catégories, toutes les figures d’une classe de travailleurs organisés et insoumis doivent disparaître. C’est l’impératif catégorique du système libéral.

Il n’y aura plus bientôt qu’une sorte de classe moyenne, composée d’une masse grise : tous gris, tous pareils, à qui on fera croire qu’il existerait une communauté de destins et de désirs dans une société de la réussite. Réussissez et consommez, soyez performants, soyez in (pour parler la langue de l’impérialisme libéral). Intériorisez la carotte ; sinon, on sortira le bâton.

On veut nous faire prendre ces vessies libérales pour des lanternes démocratiques.

Comme disait Pierre Dac, Monsieur prend sa vessie (capitaliste) pour une lanterne (libérale). Et alors ? Il se brûle !

Marco Valdo M.I.

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29 avril 2008 2 29 /04 /avril /2008 16:15

Marjorie



Petit commentaire préliminaire : De l’influence de Freud et de son chapeau sur la chanson contemporaine…

Le petit Sigmund aimait tant sa maman.



Depuis la garderie

Avant j’m’en souviens pas

Tu voulais que j’pleure pas

Tu voulais que je rie

Marjorie

Pour toi

Même si, même çà

Même si, même si

Çà n’allait pas

Même Marjorie

Que c’est pour çà

Que j’t’appelle Mamma


Il lui manque une case

On dit çà ici

Il ne me manque pas une case

Il me manque tout le damier

Mais un damier

Çà fait pas un harem

De blanches et de noires

Comme en avaient là-bas

Les sultans et les rois

D’Egypte et d’Akkaba


Mais Marjorie

Même tout un harem

Là bas

Avec ses eunuques et sa smala

Même tout un harem

C’est moins lourd que toi

Mamma


Depuis la garderie

Avant j’m’en souviens pas

Tu voulais que j’pleure pas

Tu voulais que je rie

Marjorie

Pour toi

Même si, même çà

Même si, même si

Çà n’allait pas

Même Marjorie

Que c’est pour çà

Que j’t’appelle Mamma



Je te jette aujourd’hui

Marjorie

T’as trop voulu de moi

T’es si lourde

Tu pèses tant sur moi

Tant tellement que j’respire pas

Quand t’es là

Même aussi, Marjorie

Quand t’es pas là

Rien que d’imaginer ta voix

Rien que d’penser à toi

J’respire pas

Mamma


Depuis la garderie

Avant j’m’en souviens pas

Tu voulais que j’pleure pas

Tu voulais que je rie

Marjorie

Pour toi

Même si, même çà

Même si, même si

Çà n’allait pas

Même Marjorie

Que c’est pour çà

Que j’t’appelle Mamma


Y a qu’Œdipe

Pour supporter çà

Et encore, il était roi

J’en ai marre, Marjorie

J’ris plus, trop c’est trop

Alors, j’m’en va

Avec mon cœur sur l’épaule

Et ma guitare sous le bras

Peux plus supporter çà


J’ris plus, trop c’est trop

Alors, j’m’en va

Je laisse tout là

Tout, tout

Et toi et ton toit

Mamma

J’crois pas que j’reviendra

J’crois pas qu’on se r’verra

Mamma

Marre, marre, Marjorie










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