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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 22:58

Holalaider, Holaleider, Holà le lider, Holà la laideur
Holalaider, Hola Heider, Holà le Hyder, Holà la hideur
Ho - la laideur, Laid d'air, Laid d'eau, salaud.


Qu'entends-je ? Çà jodle dans le coin. Il ne manque plus que des culottes de cuir, des chaussettes montantes et des chapeaux à plumeau. Ah, mais, c'est toi, Mârco Valdo M.I., qui fait de pareilles sonneries...


Oh, salut Lucien l'âne aux oreilles panoramiques et rotatives, je te remercie beaucoup pour la cédille... En fait, je m'essayais à chanter la dernière version française du refrain de la canzone de Riccardo Scocciante : Haider ! Haider ! Comme tu le sais, on l'enterre demain, il faut que je sois prêt à lui chanter ce petit refrain en canon avec Riccardo. Nous saluerons ainsi son envol d'eider vers l'éternité. Regarde-bien ce texte et tu verras qu'on l'a pas mal travaillé. Veux-tu que nous en fassions une analyse, question de faire la causette.


Pourquoi pas... dit l'âne en se contorsionnant pour arriver à se mordre la queue. C'est à cause des taons qui me tannent. Il doit faire orageux, les taons sont difficiles. Alors, dis-moi...


Donc posons les éléments : on salue du haut de la montagne, le dénommé Haider, ex-gouverneur de la Carinthie, qu'on incinère demain. Ainsi l'on dit : Holà Haider, mais pour jodler [je te rappelle qu'on est censé être dans la montagne en culottes de cuir, avec de grandes chaussettes et un chapeau à plumeau], il faut y mettre des « l ». Dès lors, on dira, on chantera : holà L' Haider, que j'ai transcrit, à la suite de Riccardo : Holalaider. Note qu'il n'est aucunement question pour nous (je veux Riccardo et moi, et toi aussi si tu veux de l'aider, ce bougre). Ensuite, on glisse vers Leider – le guide, en angliche : le leader . Mais aussi, l'eider, ce canard dont le duvet (et toute la bête par conséquent; malheur à lui...) est si prisé pour les couettes et les oreillers. D'où, Holaleider. Ensuite...


Oui, je comprends maintenant : le Lider, francisation de l'angliche... et en plus, ce pourrait être un chanteur... Et dans le fond, je me demande si Haider n'était pas un maître-chanteur... Je veux dire sur le plan politique...


Sans doute aussi. Mais je continue mon analyse, car on n'a pas que ça à faire... Tu as compris le mécanisme : la laideur. Bien entendu, on n'a pas d'appréciation mesquine sur son physique, dont on se contrefout, la laideur de L'Heider est purement morale; elle relève du jugement politique, éthique. Le passage de Haider à Heider vient de la chanson et du personnage de référence : Heidi. Quant au très anglophile Hyder, il vient évidemment de Robert Stevenson et de son personnage à double figure : Dr Jekill (je kille – je tue ?) et Mr. Hyde, la face mauvaise, qui donne Hyder. Evidemment, si l'on francise un peu, cela donne : Hyder = Hideur. La hideur est une forme, je dirais accentuée, de la laideur. En quelque sorte, on est monté d'un cran dans l'horrible... Retour à la laideur, qui ouvre par homophonie sur Lait d'air (on a sauté au-delà de lait d'heure), qui entraîne (référence à Trenet et Blanche – Débit de lait, débit de l'eau) Lait d'eau, qui évidemment se décline en salaud – sale eau.


Ho, ho, arrête-toi, Mârco Valdo M.I., dit l'âne Lucien en faisant des yeux aussi grands que le ventre. C'est bien assez pour moi. Tu serais capable de dériver sur la chanson de Charles Trenet et Francis Blanche et personne ne sait ni quand ni où ton aparté finirait. Dis-moi plutôt ce dont tu comptais me parler aujourd'hui...


Tu sais, mon ami Lucien l'âne perspicace, dit Mârco Valdo M.I., tu sais bien que je suis un brin obstiné – mais ça ne me différencie pas de toi, et que j'avais promis de poursuivre inlassablement les histoires d'Achtung Banditen ! Je vais donc le faire et je vais reprendre le récit de Marco Camenisch où on l'avait abandonné. Nous en étions, je te le rappelle à la fin de 1995. Je reprends au début de 1996. Marco Camenisch est toujours à la prison de Novara et il attend le printemps – car il sait qu'il n'est pas près de sortir. Tu feras spécialement attention aux remarques anecdotiques de Marco (en vert) et à celles de Piero (en jaune). Ce sont, à mon sens, des notations fort importantes pour comprendre dans quel monde est plongé Marco et aussi, combien – même enfermé dans une prison dite de haute sécurité – il continue à résister et à se battre pour défendre ses conditions de détention et celles de tous les autres prisonniers; pour défendre ses idées, ceux qui sont dans le combat à l'extérieur et même, la planète, notre planète contre les incessantes attaques de l'inhumanité capitaliste et libérale. Dans ce récit, dans cette sorte de journal de prison, on trouve deux voix : d'abord, Marco Camenisch qui salue le printemps qui s'annonce et puis, Piero Tognoli qui raconte cette petite excursion en taxi et le portrait de ce taximan qui refuse de jouer les indics...






 


Novara, 15 février 1996


Je suis ici à écrire à toute pompe, ma nuque et mon échine font mal et je ressens une grande volonté exubérante de communiquer et une énergie pétillante.

Le jour est magnifique ; le soleil entre enfin dans nos cages de tigres, que nous ne sommes pas.

D’autre part, pour parler de la presse anarchiste en général, je pense que, en plus de se remplir la bouche avec les affaires du Chiapas, il est fondamental de reprendre une solidarité qui va au-delà des fractures du mouvement. Il nous faut enlever tout espace et toute légitimité à cette attaque répressive à forte saveur propagandiste.

Pour ma part, récemment, je me suis « battu » contre un coussin de mousse haut et dur comme une brique qui me causait des insomnies, des douleurs à la nuque et des problèmes circulatoires. Après l’avoir taillé horizontalement, j’ai reçu un rapport et la note du « dommage ». Ces situations sont mon pain préféré, puisque contre une mesure stupide, utile seulement à casser les couilles, je pense faire sortir de ma plume un articulet satirique divertissant.


«  S’il vous plaît, via Sforzesca 49, la prison ». Le taxi novarais nous accueille avec sympathie. Et il se confie à nous, cordial et confiant en notre compréhension.

La Préfecture l’a menacé du retrait de sa licence s’il accompagne des prostituées de couleur dans des lieux équivoques et à des heures suspectes. « Pour moi, ce sont des clients comme les autres, pourquoi devrais-je leur refuser la course ? Ce qu’elles font ensuite, ce sont leurs affaires. »

En d’autres occasions, ils voulaient savoir par où était passé Tizio et ce qu’avait dans sa bourse Caïo. « Comme si je me mettais à fouiller les bagages de mes passagers ! Moi, mon travail, c’est taxi ; eux, ce sont des policiers, qui sont payés pour çà. » Il est vraiment furieux et il se laisse emporter, actionnant avec sûreté les vitesses sans ralentir.

Çà fait plaisir de rencontrer une personne simple, distante de l’assentiment complice ou de l’interventionnisme collaborationniste de la majorité silencieuse.

Un chaud au-revoir de fin d’hiver accompagne notre solitude dissidente. Lentement, avec un sourire en plus, nous nous acheminons vers le sarcophage.






Novara, 3 mars 1996


Les derniers rayons du soleil resplendissent encore dans ma cellule au milieu de l’après-midi. Ce n’est pas le soleil des Alpes Rhétiques, mais il quand même toujours très beau et l’air tiède presque printanier annonce déjà une petite toux de saison. Avec encore mes sous-vêtements chauds et les flambées qu’on fait faire au chauffage, j’ai quelques courtes sueurs.

A l’extérieur, ils continuent à enquêter à propos des camarades et de simples citoyens pour l’usage de la marijuana et mes correspondants me tiennent informé de cela aussi. Et dire que le cannabis est un excellent calmant des douleurs dans le cas du cancer, meilleur que les morphines ! Dans le cas aussi des patients atteints du Sida, il est miraculeux comme reconstituant par son action métabolique, par la fameuse faim qu’il provoque et que nous connaissons bien, telle que les gens qui en font usage réussissent à reprendre poids, vigueur et volonté de vivre. L’interdire est une mascarade qui sert seulement le bizenesse, comme les habituelles lois contre la médecine douce émises pour favoriser les assassins des multinationales de la pharmacie.

Par chance, je n’ai pas de problèmes d’appétit et j’ai dans ma marmite une mixture de courgette, mozzarella, tomate, origan, persil que je suis en train de cuire au bain-marie, un stratagème contre le manque d’instruments adaptés pour une saine cuisson. J’ai préparé ensuite du petit-lait qui est une partie d’une diète naturopathique qui fait peut-être du bien à mon cancer et s’il n'en fait pas, c’est de toute façon très bon. En plus du petit-lait, du bouillon de lait mêlé de jus de citron, il sort une ricotta qu’en Inde, on nomme « Panir ».

Aujourd’hui, ce petit-lait accompagné de raisins secs, de miel, de bouts de noix, je le partagerai avec Christos durant notre socialité hebdomadaire. Nous en profiterons pour continuer nos leçons de grec que petit à petit, j’assimile avec un journal du mouvement qui, relayant le texte de notre grève de la faim, parle de moi et me fait connaître même en Grèce.


Novara, 25 mars 1996


Il y a quelques jours, le 18 exactement, le magistrat de surveillance Andrea Del Nevo a communiqué à moi et à Chris la censure pour 6 mois de notre correspondance en entrée et en sortie. La disposition affirme textuellement : « Relevant que la gravité des faits pour lesquels Marco Camenisch (et Christos Stratipopoulos) est enfermé et son assignation à la Maison de la Circonscription de Novara dans la section au plus haut degré de prudente vigilance pour des raisons d’ordre et de sécurité, conduit à retenir opportune l’adoption de la présente mesure du fait que pourrait être contenu dans sa correspondance épistolaire des éléments tels qu’ils doivent être considérés comme un danger pour l’ordre et la sécurité de l’institution. »

Ce n’est pas une disposition inattendue, vu que notre compagnon anarchiste Antonio Budini, détenu à Voghera, à son retour de la farce du procès de Trento du 31 janvier, a été transféré de la section pénale à la spéciale. Notre compagnon anarchiste Carlo Tesseri aussi a été assigné à la section spéciale de Fossombrone.

Vu et constaté l’absence de contenus « clandestins » dans notre correspondance, c’est un lourd prétexte de parler de la gravité des faits et de danger pour l’ordre. Le transfert dans les spéciales est encore plus tordu et, en marquant de dangerosité un détenu, il sert pour mieux légitimer des actions persécutoires, diffamatoires et « dissuasives » de nature politique.

En réalité, par la volonté des enquêteurs Marini et Vigna et de leurs obscurs metteurs en scène retranchés dans les abysses du pouvoir, de leur état policier néolibéral, il s’agit de diffamer pour mieux persécuter. Avec un tempo suspect, ils construisent laborieusement une machinerie antianarchiste. Ils s’en prennent à la communication pour empêcher notre solidarité, nos confrontations, nos discussions et notre croissance. C’est la politique de la terre brûlée, du terrorisme psychologique, contre ceux qui osent résister et être solidaires envers celui qui est en prison.

Ces mesures administratives tendent à l’anéantissement psychique, social et physique de celui qui est détenu et entre comme çà dans le rôle d’otage, séquestré de fait et traité comme tel.

L’internationale néolibérale du complot contre le reste de l’humanité frappe de cette façon la diffusion de nouvelles et la solidarité pratiquée par nous au niveau international.

Qui sait quels retards énormes subira notre correspondance privée et publique écrite en grec ou en allemand.


Novara, 16 avril 1996


Je deviens de plus en plus anxieux, je ressens l’appréhension du prisonnier avec tant d’angoisses irrationnelles pour les ennuis de mes chers durant les voyages de visite. Certainement celle qui risque le plus dans le voyage, c’est Manuela, qui vient en voiture, mais ma mère a déjà un certain âge et elle a déjà été fort éprouvée par mon aventure.

Mais assez pensé à des ennuis hypothétiques quand les méchancetés continuent ici comme d’habitude et que ma rage croît.


Novara, 2 mai 1996


Ici, le 1er mai a été fêté par un coup de force de la part de la dictature. Ils ont retiré la « gestion » de la distribution des travaux aux détenus de l’étage, en reconfirmant ainsi qu’en raison de la faible solidarité entre détenus, la tendance totalitaire, hystérique et antidémocratique des institutions peut s’affirmer et se défouler librement. Cela n’a rien d’étrange en des temps où le 1er mai est devenu pour la « gauche » des imbéciles et des hypocrites, un jour où on fête le fait qu’on nous fait notre fête.


Novara, 27 juin 1996


Pauvre village de Cardoso, tellement frappé de deuils et de dommages dans cette dernière inondation qui n’a pas épargné les monts de la Versilia. On s’obstine à parler de catastrophes naturelles en feignant de ne pas savoir que ce climat affolé est encore notre responsabilité due à la pollution.

Pauvre Cardoso, ils le reconstruiraient dix fois avec seulement les sous gaspillés pour la sécurité à l’occasion de la « visite » chacalesque de Scalfaro. Entretemps, autour de la maison de Manuela, les flics s’entassaient par grappes, encore un peu et il en pend aux arbres, peut-être par peur d’une insurrection.

Certainement, bien payés, il est plus facile de casser le cul aux gens plutôt que d’aller creuser dans la vase et dans les détritus. Il est plus simple de réprimer les victimes des désastres que les gens qui les ont causés et qui, par la suite, empochent les milliards de la reconstruction. Figurez-vous, ceux promis au Piémont, ils les ont congelés, ceux promis à la Versilia, on verra s’ils les enlèvent du frigo.


Atmosphère pesante avant la tempête. Atmosphère d’enquête où les habituels pouvoirs forts n’ont plus de tolérance. Ce n'est pas le problème – malheureusement – d’une subversion révolutionnaire capable de renverser le sordide existant ? La répression, aujourd’hui, n’est pas l’ultime plage des dominants avant de disparaître enfin et pour toujours de la scène. Ils veulent seulement frapper celui qui a osé rompre un œuf pourri dans le panier de la démocratie. Ils veulent faire payer le haut prix de la vengeance aux incontrôlés, à celui qui ne pourra jamais être domestiqué, aux irrécupérables rebelles de l’utopie.

Annaberta aussi est consciente que Marco appartient à ce minuscule fragment d’humanité non soumise, peut disposée comme toujours à se laisser mettre les pieds sur la tête.


Novara, 21 juillet 1996


Entre un safari antimoustique et l’autre, je continue à écrire. Du reste, rien de neuf dans ce cimetière. J’ai plein de rêves, somme tout nullement beaux, à par certains où je m’éveille en riant et qui pourraient représenter le fond d’une histoire de Bohumil Hrabal.

J’ai lu dans les quotidiens le double homicide de Colonnata, où un ex-mari jaloux a tiré sur son ex-femme et sur son nouvel amour, notre compagnon Umberto. Cette nouvelle m’a beaucoup attristé et je suis triste pour Umbè, ce bon géant qui, lâchement interrompu sur le sentier de sa vie, avait trouvé la joie d’un amour.







 


C’est le sempiternel août novarais auquel depuis des années, nous nous habituons. Ville à demi-déserte que nous contemplons assis sur un banc des jardins de la gare. Trois-quarts d’heure de temps, à discuter dans l’attente du train de retour.

Annaberta n’a pas connu Umberto, mais elle reste frappée de sa fin tragique. Lui si hermétique de sa langue, mais pas de son cœur, qui de deux grimaces, l’œil vif et quatre mots de son accent carrarin pointu t’exposait un discours philosophique entre un verre de vin rouge et un soupir pour les compagnons emprisonnés ? Il était très attaché à Marco (le vieux Martino) et il fut assez blessé de son arrestation.

Un imbécile, avec un port d’arme régulier et des propositions homicides déclarées, lui a coupé la vie à coups de pistolet. Excité lâchement par quelques paysans, forts de leur culture de maître-mâle, avec l’omertà complice des carabiniers de l’endroit, il a ainsi tué Umbè et sa compagne, ex-femme d’une relation faillie désormais finie depuis un temps. Un « délit d’honneur » consommé pour venger l’abandon d’une femme qui voulait refaire sa vie avec ses deux filles et avec Umbè.

Pour l’autorité, Umberto Corsi était seulement un anarchiste. Un ennemi en moins pour le futur ? Pour ces deux fillettes, rendues violemment orphelines de mère, ce salaud homicide sera un père à détester pour toute leur vie.


Novara, 17 septembre 1996


Aujourd’hui, j’ai reçu, du Regroupement Opérationnel Spécial des Carabiniers, Section Anticriminelle de Turin, le procès-verbal de l’ordonnance de surveillance renforcée. C’est un feuillet pelure émis par le GIP du Tribunal de Rome ; les GIP sont maintenant responsables des visites, des correspondances, des téléphonades, etc.

Pour le moment, ils ont imposé « seulement » l’interdiction de rencontre et Chris a été transféré à un autre étage. Je désigne immédiatement comme mon défenseur de confiance l’avocat Lamacchia de Turin.


Le gardien à la face à gifles a une expression plus hébétée qu’à l’ordinaire. Il feint l’indifférence, mais c’est avec une satisfaction mal dissimulée qu’il nous communique le transfert de Marco à Roma Rebibbia.

Annaberta est démontée. « Comment est-ce possible ? » ; se demande-t-elle, pensant à une blague de très mauvais goût. Le trauma initial surmonté, elle met le feu à la situation. Marco a sûrement écrit un télégramme pour l’aviser de son transfert et lui épargner ce voyage à vide. Le problème est que ce texte n’est jamais parti.

Ce sont les habituelles pratiques carcérales et répressives de cette Italietta mesquine, bourbonique, fasciste, mafieuse, forte avec les faibles et faible avec les forts. Une Italietta vile et vindicative qui, de 1860 à aujourd’hui, sait récompenser les ruffians qui s’inclinent face à son autorité et punir les rebelles qui la défient la tête haute.

La mesquinerie d’un juge qui veut clôturer en beauté sa carrière en poursuivant des dizaines d’anarchistes s’ajoute à la mesquinerie de l’officier des carabiniers qui fausse les enquêtes, à celle de l’invisible directeur de la prison, pour finir au stupide garde qui se réjouit d’un rendez-vous manqué.

On discute et on se réconforte sur le chemin du retour. L’Italie est une république fascistoïde fondée sur la mesquinerie.



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