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29 juillet 2008 2 29 /07 /juillet /2008 22:44

Clip, clap, clop, tic, toc, tac, clip, tac, toc, clop, clap...

Ben, mon vieux Lucien, t'en tiens une... Je ne t'ai jamais vu bourré comme ça. Et même, je n'ai jamais vu un âne soûl. D'où viens-tu ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Au fait, qu'as-tu bien pu boire pour te traîner en zig-zag ainsi...

 

Mais, aujourd'hui, crois-moi mon ami Mârco Valdo M.I., c'était l'anniversaire de ma copine Andréa et on a un peu fêté ça avec les copains. Et comme, en effet, je ne bois jamais d'alcool, un ou deux seaux m'ont mis dans cet état pénible, mais joyeux, dit l'âne en tanguant plus que de raison.

 

Enfin, dit Mârco Valdo M.I., tu as l'avantage de te mouvoir sur quatre pattes... C'est déjà ça. Mais si j'ose dire, tu tombes bien.

 

Ah ... dit Lucien l'âne aux pieds un peu plus lourds que ceux d'Hermès. Mais je ne veux pas tomber, ajoute-t-il en s'appuyant contre l'arbre.

 

Mais non, mais non, je ne veux pas que tu tombes. Je dis juste que tu arrives à point, que tu arrives au bon moment, que c'est le bon jour pour être dans cet état alcoolisé.

 

Ah oui... ? , dit l'âne en se tenant à une branche par la bouche.

 

Oui et je vais te dire pourquoi. J'avais justement choisi de te faire connaître des chansons qui tournent autour de ce penchant que certains ont de boire un peu trop d'alcool... J'en avais deux à te proposer et vu ton état, je t'en ajouterai une troisième.

 

Ah, c'est bien gentil, dit l'âne tout ragaillardi et qui essaye de reprendre son équilibre.

 

Et bien voilà, dit Mârco Valdo M.I., je t'explique : ce sont trois chansons bien différentes.

 

La première, celle que j'ai intitulée en français, L'Ivrogne est une chanson de Francesco Guccini. Un cantastorie de premier ordre, comme tu le devines - enfin, si tu devines encore quelque chose, quoique in vino veritas - il est italien. Sa chanson, je te préviens, est un peu et même beaucoup émouvante. Elle raconte l'histoire d'un homme – un artiste – qui a sombré dans l'alcool et elle le présente dans une sorte de délire éveillé où il se croit en public et interprète dans un café vide une chanson et croit entendre les applaudissements... Elle est très prenante. Pourquoi, comment en est-il arrivé là, on ne le dit pas dans la chanson.

 

 

 

Ah, ah, dit l'âne se prenant pour Bosse-de-Nage. Passons donc à la première.

 

L'ivrogne

 

Chanson italienne – L'Ubriaco – Francesco Guccini – 1970

Version française - L'Ivrogne – Marco Valdo M.I. – 2008

 

 

Appuyé sur les bras, derrière son verre
Il lève à peine la tête et demande encore à boire.
Les bruits de la rue traversent doucement les parois.
Le chat dort sur le banc et la saleté enduit les vitres.
Le vin tombe dans le verre, ensuite personne ne bouge plus
et on ne sait si dehors, à l'air, il y a du soleil ou s'il pleut
Et cet homme se souvient et, par une ironie atroce,
le vin lui donne comme de la force, l'illusion lui donne de la voix.
Et il se lève sur ses jambes, ouvre les yeux et puis, titube
Avec le geste des bras comme sous les projecteurs...

Lalalalalala

Mais il arrête subitement et retombe assis à terre.
L'ombre revient sur son visage, le vin retourne dans son verre.
Et loin, au delà, dans le temps, une foule mystérieuse
S'est levée d'un coup, elle crie : « Bravo, bien, encore ! »
Les projecteurs sont revenus sur son visage et ses mains.
Il se lève et fait un salut à ces publics lointains.
Et plus forte entre ces murs, cette voix à présent s'est élevée
Et elle fait tintinnabuler les verres et rebondit dans la rue...

 

Lalalalalalala

 

 

Lucien relève ses oreilles et se met sur ses pattes de derrière en criant : « L'éthylisme ne passera pas ! L'éthylisme ne passera pas ! »....

 

M'enfin, Lucien, calme-toi. On n'est pas à la manif. Revenons à nos chansons.

La deuxième s'intitule tout simplement « Je Bois » et elle est l'œuvre d'un écrivain, poète, chanteur, musicien... très connu et mort bien trop tôt. Il s'agit de Boris Vian. Un gars extraordinaire et plein d'une merveilleuse sensibilité. Dans cette chanson, il campe un personnage assez crade, qui se traîne comme il peut, dans sa vie moche, moche... On comprend pourquoi, il boit.

 


 Je Bois

Chanson de Boris Vian – 1955

 


Je bois
Systématiquement
Pour oublier les amis de ma femme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier tous mes emmerdements

Je bois
N'importe quel jaja

Pourvu qu'il fasse ses douze degrés cinq
Je bois
La pire des vinasses
C'est dégueulasse, mais ça fait passer le temps


La vie est-elle tellement marrante ?
La vie est-elle tellement vivante?
Je pose ces deux questions
La vie vaut-elle d'être vécue ?
L'amour vaut-il qu'on soit cocu ?
Je pose ces deux questions
Auxquelles personne ne répond...

 

et

Je bois
Systématiquement
Pour oublier le prochain jour du terme
Je bois
Systématiquement
Pour oublier que je n'ai plus vingt ans

Je bois
Dès que j'ai des loisirs
Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule
Je bois
Sans y prendre plaisir
Pour pas me dire qu'il faudrait en finir...

 

 

Lucien chancelle à nouveau. Il émet d'étranges borborygmes.

 

Mais enfin, dit Mârco Valdo M.I., Lucien, tu vas m'écouter... ou je ne te dis pas la troisième chanson...

 

Si, si, je veux l'entendre... dit Lucien en s'asseyant sur le talus.

 

Bon, alors... , dit Mârco Valdo M.I., la troisième chanson, c'est la boisson joyeuse des gars du populo. On boit pour faire la fête entre potes, on se met une tamponne, on se marre et puis, c'est tout. Elle s'intitule Le Beaujo en vélib, c'est une chanson de nos amis de La Chanson du Dimanche. Elle me rappelle d'ailleurs le Captain Beaujol, tu sais ce personnage du roman de René Fallet : Le beaujolais nouveau est arrivé et aussi, Clochemerle, ce fabuleux roman-canular de Chevallier.

 

Bou, bou, Lucien se met à hoqueter... Des larmes coulent de ses yeux noirs comme des diamants d'Afrique du Sud.

 

 

Tu sais, Lucien même si t'es bourré, je t'aime bien et je te comprends. Cela dit, on peut avoir la boisson épouvantablement triste ou des plus joyeuse. Mais même dans ce dernier cas, il traîne comme un goût amer au fond des verres. Enfin, celle-ci est plutôt du genre joyeux, à la fois vraiment joyeuse et faussement. Il reste comme un arrière-goût de la fête de l'amer.

C'est aussi l'occasion de (re)découvrir La Chanson du Dimanche et ses deux artistes – du trottoir – que sont Alexandre Castagnetti et Clément Marchand. Cet été, ils n'arrêtent plus de faire des concerts ... à la demande du public. Leur répertoire est – sous un faux air de chansons « dans le vent » (c'est le cas de le dire au coin des rues ou sur les places...) - nettement engagé dans ce que nous appelons, la guerre sociale ou civile. Faut aller voir dans leur confrontation à la société sarkozienne, au monde de Bush (même quand Bush rit, il n'est pas drôle...), au capital, aux multinationales, aux OGM.... Serait-ce le retour de la chanson politique en France ?

Ici, c'est une chanson à boire, ironique et faussement traditionnelle. Ah, l'auto-ironie n'est généralement pas la qualité principale des peuples, mais ici, la scène est véritablement populaire quand le peuple de France se laisse aller pour oublier ses emmerdements.

Et comme disait, Boris Vian à Saint Pierre, si vous flanquez les ivrognes à la porte, il doit pas vous rester beaucoup de monde...

Allez Lucien, écoute celle-ci et arrête de pleurer.

 

Le Beaujo en vélib

 

On s’était donné rendez-vous
Comme chaque année place des Gros Nez
On s’était dit « Modération ! »
Comme chaque année, comme chaque année

On s’est retrouvés place des pochtrons
A dégueuler, à dégueuler
On est retourné boire un p’tit coup pour digérer

Sers-moi un verre de Beaujolais
Sers-moi un verre, c’est ma tournée
Sers-moi un verre, un p’tit dernier
De Beaujolais

Ah qu’il est bon, qu’il est bon, qu’il est bon
Ah qu’il est frais, qu’il est frais, qu’il est frais
Le beau jojo, Le Beaujolais
Ah qu’il est beau, qu’il est beau, qu’il est beau
Ah qu’il est laid, qu’il est laid, qu’il est laid
Le beau jojo, Le Beaujolais

On est allé faire un coucou
Comme chaque année au vieux René
Il avait préparé son coup
Comme chaque année, comme chaque année


Il lui restait deux trois tonneaux
A écouler, à écouler,
Comme on est des gens bien élevés, on a dit ouais

Sers-moi un verre de Beaujolais
Sers-moi un verre, c’est ma tournée
Sers-moi un verre un p’tit dernier
De Beaujolais

Ah qu’il est bon, qu’il est bon, qu’il est bon
Ah qu’il est frais, qu’il est frais, qu’il est frais
Le beau jojo, Le Beaujolais
Ah qu’il est beau, qu’il est beau, qu’il est beau
Ah qu’il est laid, qu’il est laid, qu’il est laid
Le beau jojo, Le Beaujolais

Concours de nez rouge :


Si t’es fier de ta couperose, tape dans tes mains !

Si t’es fier de ta couperose, tape dans tes mains !


Qui ne trinque pas, n’est pas français !

Qui ne trinque pas, n’est pas français !

Qui ne trinque pas, n’est pas français !.....

 

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