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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 12:46

ABOLITION DU CONCORDAT

 

 

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (17 février 2014) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2014/02/16/aboliamo-concordato-uaar-consegna-firme-raccolte/

 

 

 

Précepte :

 

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

 

 


Mardi 18 février, à 10,30, l'Uaar remettra au Parlement plus de 20.000 signatures rassemblées par une pétition en ligne sur Change.org pour demander aux députés et aux sénateurs l'abolition du Concordat avec le Saint-Siège.

La remise a lieu à une date significative : le 18 février est en effet le 30ième anniversaire de la révision du Concordat paraphé par le Premier Ministre Bettino Craxi et le cardinal Agostino Casaroli, Secrétaire d'État. (Pour rappel, le Concordat, ici révisé et relancé, fut passé entre le régime fasciste de Mussolini et le Vatican en 1929 ; précédant de quelques années, celui passé avec l'Allemagne nazie en 1933).

Malgré que notre pays soit un pays où la société soit toujours plus sécularisée et multireligieuse, demeure en vigueur le Concordat qui garantit à l'Église catholique, sur le plan législatif, une position de prééminence, en lui reconnaissant de vastes et exclusifs privilèges : de l'enseignement de sa doctrine dans les écoles de la République (avec des professeurs choisis par les évêques mais payés par tous les contribuables) à l'assistance spirituelle, du régime spécial pour le mariage religieux aux exemptions fiscales et douanières, jusqu'aux obligations, à charge de notre État, de garantir la sécurité dans les murs du Vatican.

« À lui seul, le coût direct et indirect du Concordat pèse sur les contribuables italiens pour environ trois milliards d'euro tous les ans, en plus du milliard résultant du seul Huit pour Mille », lit-on dans le texte de la pétition qui sera remise au Parlement : « Une dépense injustifiée, à plus forte raison durant une très grave crise économique. Il est maintenant temps d'intervenir et de dépasser une situation de violation manifeste des principes fondamentaux de notre République, que sont la liberté, la justice, l'égalité, la laïcité ».

Pour ces raisons, les signataires demandent : de dénoncer unilatéralement le Concordat; de remplacer les articles 7 et 8 de la Constitution par l'affirmation explicite du principe de laïcité de l'État ; d'approuver une loi générale sur la liberté de conscience qui dépasse la réglementation fasciste sur les « cultes admis » et qui reconnaisse aux croyants et aux mécréants des droits et des devoirs égaux.

 

 

 

 

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 22:19

ATHÉISME ET BESOIN DE

 

RITUALITÉ

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (16 janvier 2014) :

 

 

Le grand sapin

 

 

 

 

 

Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

 

 

Dans son édition du 16 janvier 2014, l'UAAR reprend un article de Paul Fidalgo, publié sur son blog Friendly Atheist, intitulé Atheism and the Need for ‘Sacred Spaces’ for Ritual: Are They in Conflict?”

et partant de là, s'interroge à son tour sur le besoin de rites chez les athées. On verra la traduction de cet article de l'UAAR ci-dessous. Mais avant, il importe de poser la question en termes rationnels afin de neutraliser certaines dérives « étazuniennes », qui pour noyer le poisson et assurer le consensualisme sociétal (alias le politiquement correct), de rigueur dans la bonne société d'outre-Atlantique, lancent l'anathème contre le « nouvel athéisme » et contre les « athées ultra-orthodoxes », c'est-à-dire en clair, contre les athées tout court. Le but essentiel étant de les disqualifier par avance ; en somme, de les excommunier. Pour un peu, on en viendrait à traiter les athées athées – je veux dire réellement athées – d'hérétiques. Bref, on voit poindre ici une guerre de religions entre « athées », une croisade contre les « athées » plus ou moins orthodoxes, plus ou moins labellisés. À quand les bûchers ? À quand l'Inquisition ?

Comme on le verra, tout ça au nom de l' « esthétique » ? On croit rêver...

 

Alors, un moment de réflexion.

Il y a une confusion dans les idées qui tend à assimiler athéisme et laïcité.

Et ce brouillard, comme tous les brouillards qui se respectent, perturbe assez la vision et dès lors, favorise une sorte de magma où les lignes et les pensées se perdent.

En premier lieu, il faudrait comparer ce qui est comparable : non pas l'athéisme à la laïcité – qui sont des concepts qui se situent sur des plans différents. L'athéisme renvoie à une conception philosophique et la laïcité à un comportement social en même temps qu'au groupe et aux institutions qui s'en réclament.

Il faudrait donc mettre face à face : la laïcité et l'athéité. Deux entités comparables, mais véritablement distinctes.

Par ailleurs, ces deux mondes particuliers ne couvrent pas l’ensemble des « mécréants » ; il est une catégorie ignorée et pourtant centrale et essentielle au mécréantisme, c'est cette bande qui a comme principe et comme pratique le refus non seulement de Dieu, non seulement de l'appartenance ou du ralliement à une religion, mais bien le refus de toute forme de religion, fût-elle athée. Mécréantisme qui implique non seulement le refus de toute croyance dogmatique, de toute croyance spirituelle, mais aussi de toute croyance tout court. Cette attitude de vie entraîne également le refus de toute organisation structurée fondée sur la reliance (religio), elle-même fondée sur un substrat commun et des obédiences communes. Bref, le refus de toute religion entraîne le refus de toute forme d'église, même laïque. Dès lors, pour en venir aux rites (précisons que nous ne sommes pas contre la fête...), on découvre ceci : tout rituel, ayant, c'est sa nature, pour fonction d'engager et d'assurer l'avenir, d'affirmer et de garantir la soumission, est, par essence, une forme de sortilège ou de superstition et repose sur une croyance (peu importe laquelle); il l'institue. Pour le mécréant, le refus de tout rituel est évidemment cardinal – il s'impose.

 

Conclusion provisoire : Comme on peut être à la fois athée, laïque et religieux, je ne sais donc pas si l'athéïté, la laïcité ont besoin de rites... Mais ce que je sais, c'est que le mécréantisme au sens strict, dans son acception la plus profonde, qui est lui-même a minima athée ou indifférent à l'existence de dieux, et laïque, ce mécréantisme y est franchement opposé et estime que l'indépendance, la dignité et la liberté humaine passent par la disparition des religions.

 

 

 

 

Athéïsme et besoin de ritualité.

(texte traduit de l'UAAR)

 

Suzanne Moore a écrit dans le Guardian à propos du processus mental qui l'a poussée à réaliser une sorte de cérémonie pour la naissance de son troisième enfant (congratulations, au passage !). En faisant cela, elle a découvert que son désir pour une forme de rituel qui célébrait l'événement entrait en conflit avec son désir d'être une « bonne athée ».

 

Voilà comme elle-même explique le problème : elle craint que le « nouvel athéisme », quelle que soit l'interprétation du terme, puisse « se fixer sur l'éthique en ignorant l'esthétique » et que « l'athéisme ultraorthodoxe commence à ressembler lui-même à une foi rigide et patriarcale ».

 

Personnellement l'idée-même d'un « athéisme ultraorthodoxe » me dérange beaucoup, et j'imagine que beaucoup parmi vous avez la même réaction, principalement parce que comme concept, il n'a presque pas lieu d'être (comment pourrait-il ?). Mais Moore présente des raisons solides pour réserver un espace assimilable au « sacré » pour marquer les événements importants de la vie.

 

Nous avons la nécessité de créer un espace hors de la vie quotidienne dans ce but. Nous pouvons l'appeler espace sacré, si nous voulons, mais la délimitation d'espaces ou les instants spéciaux n'est pas exclusivement une prérogative des religieux. Nous pouvons vivre sans Dieu. Nous pouvons considérer sans fondement et inconsistante la pensée new age qu'il rend emphatique la « nature » et l'« esprit », mais considérer stupide le besoin humain d'exprimer transcendance et partage avec d'autres est à son tour stupide.

 

J'ai vu des cérémonies unitariennes pour nouveaux-nés (et même moins « nouveaux »), dépourvues de lourds traits religieux, et je les ai trouvées pleines de signification ; une manière tendre de donner le bienvenu à un nouvel être humain de la part d'une communauté de personnes bienveillantes. Elles n'offensaient pas mon athéisme.

 

Ceci est cependant un motif de cassure entre les mécréants, portant sur le fait que les cérémonies puissent trouver place à l'intérieur de notre mouvement, de notre communauté. Certains croient fermement que oui : vu par exemple le succès des « Sunday Assembly » (Assemblées du dimanche) et le travail des Harvard Humanists [à l'université de Harvard il y a un chapelain humaniste]. D'autres repoussent tout type de « congrégationnalisme », comme par exemple Tom Flynn, un de mes chefs au Center For Inquiry (CFI). Les raisons peuvent être de caractère générationnel ou bien personnel.

 

Pour cette raison CFI de Los Angeles, a organisé le 5 janvier une conférence sur la ritualité, pas pour la naissance mais à l'opposé, pour le départ. Dans cette rencontre, Caitlin Doughty a parlé des rituels de fin de vie destinés aux personnes laïques. En tout cas, qu'on parle de mort, de naissance, de mariage ou de rencontres dominicales, nous cherchons tous à comprendre si et comment insérer des rituels et des cérémonies dans la vie des athées.

 

La rédaction

Même l'Uaar organise, pour qui le désire (et seulement pour qui le désire), des cérémonies laïques-humanistes.

 

 
ATHÉISME ET BESOIN DE  RITUALITÉ
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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 22:16

EN ITALIE

L'INQUISITION À L'ÉCOLE ET LE CRUCIFIX DANS LES CLASSES

 

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (10 août 2013) :

 

 

 

Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

 

 

 

 

 

On se souvient tous de la comptine des vacances :

« Vivent les vacances ! Plus de pénitences !

Les cahiers au feu et le maître au milieu ! »

C'était un air de délivrance, salutaire et joyeux. Elle nous revient à l'esprit en quelque sorte par contraste avec l'air étouffant qui règne dans l'enseignement en Italie, où elle pourrait prendre la forme suivante :

 

 

 

« À bas la tolérance ! Pas de liberté de conscience !

L'inquisition à l'école et le crucifix dans les classes ! »

 

 

 

C'est là, en somme, le thème central de l'article ci-après.

 

Décidément, le monument au premier aviateur crée bien des perturbations dans le monde. Pour mémoire, je rappelle qu'Alfred jarry, relatant la Passion comme course de côte, concluait : « Jésus était à ce moment deadheat avec les deux larrons. On sait aussi qu’il continua la course en aviateur... mais ceci sort de notre sujet. » (voir http://fr.wikisource.org/wiki/La_Passion_consid%C3%A9r%C3%A9e_comme_course_de_c%C3%B4te et même entendre : http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4426229). Ainsi, si l'on en croit Jarry, le crucifix est bien le monument au premier aviateur. On se demande évidemment pourquoi un tel symbole est imposé dans les écoles et les bâtiments publics.

 

Ces considérations historiques mises à part, on découvre ici une Italie quasiment moyen-âgeuse, toute entière encore aux mains des bigots et des dévots, peuplée de délateurs de la plus belle eau, espèce régénérée par le fascisme et les accords du Latran. On y dénonce, on y menace, on y abuse de l'autorité, on magouille, on bafouille... Un univers peu ragoûtant dans une Europe qui ne veut pas le voir, ne veut pas le savoir pour ne pas avoir à dénoncer ceux qui laissent se perpétrer ces indignités, qui les entretiennent et les couvrent.

 

ALBI, Action Laïque Belgo-italienne, n'a pas vocation à taire les iniquités et se doit de faire savoir cet État de choses , cette envahissante dictature larvée qui anesthésie l'Italie et qui tend à s'étendre à l'Europe...

 

.

 

 

 

 

 

La vaillante défense du crucifix imposé dans les écoles et dans les bureaux publics revêt souvent des aspects grotesques, surtout lorsque les intégristes et les cléricaux s'activent avec zèle pour en prétendre le maintien, en déplaçant mers et montagnes et en déplorant Dieu seul sait (autrement dit , personne ne sait...) quels dommages. Avec une hargne et un fanatisme préoccupants, faits pour intimider tout qui se limite à demander le respect d'un minimum syndical de laïcité. Comme s'il s'agissait d'un délit de lèse-majesté. Ou mieux, de « lèse-cléricalité ». Comme il ressort de cette histoire tragi-comique d'Italiette (une sorte d'Italie réduite au Catholand), qui nous a été racontée par un de nos sympathisants, un professeur appelé comme commissaire extérieur pour les examens d'État qui se sont déroulés récemment dans un institut de Caserte, et que nous rapportons ci-après.


La rédaction

 

 

 

Durant la réunion préliminaire, dans la salle de la commission, aucun crucifix n'était accroché au mur, il y avait seulement un clou. Dans le cours de la matinée, un appariteur en a apporté un (avec d'autres objets : un ventilateur, une petite armoire, et cetera) pour l'accrocher au clou, mais moi et la collègue interne professeur C l'avons invité à n'en rien faire, et nous avons mis le crucifix dans un tiroir. La collègue C, qui connaît les élèves, m'a expliqué qu'il y a deux musulmans et un témoin de Jéhovah, et en outre qu'il ne lui semble pas opportun d'exposer un crucifix dans une école publique et laïque. Sans ajouter de commentaires, je me suis montré pleinement d'accord ; quelques autres collègues de la commission étaient présents, qui n'ont pas dit un mot, et il m'a semblé qu'ils ne s'intéressaient pas à l'épisode.

 

« C'EST MIEUX PAS : LAISSONS-LE OÙ IL EST », ET ON LE LAISSA DANS LE TIROIR.

 

Le jour de la première épreuve (celle d'italien), les candidats et la commission se trouvaient dans une autre salle, plus grande ; là aussi le crucifix n'était pas pendu au mur, mais dans le tiroir, depuis l'instant où nous sommes entrés dans la salle. Le collègue interne, le professeur M, était occupé de ramasser les cellulaires des candidats dans une boîte en carton ; en allant remettre la boîte dans le tiroir, il trouve le crucifix, le ramasse en disant les mots « mais regarde où ils l'ont fait finir… » et il fait le geste de le rependre ; je lui dis «Vaut mieux pas : laissons-le où il est », et il le laissa dans le tiroir.

 

Le professeur M, cependant, est resté fort troublé car il s'aperçut que dans l'autre salle aussi, le crucifix a été laissé dans le tiroir ; il appelle à part le président de la commission, le professeur N, et parle avec lui longuement. J'ignore ce qui a été dit, mais j'ai eu l'impression qu'il tenait le manque d'affichage pour une chose très grave (se référant au symbole en l'appelant « notre seigneur »). Le président N est embarrassé, il ne veut absolument pas de problèmes, il voudrait seulement que l'examen se passe sans difficultés ; ainsi je vais dans la salle de la commission où j'invite M, C et N à dialoguer pour trouver la solution la meilleure. Mais M refuse tout dialogue, est très enragé et menace de s'adresser (dans l'ordre) : au principal, à l'inspecteur, à l'avocat, aux carabiniers. Il refuse donc de parler et va appeler le directeur-adjoint professeur R.

 

Le directeur-adjoint R apparaît et commence en disant que « lorsque nous allons dans leurs pays, nous ne font pas construire les églises » ; ceci suffit pour deviner la suite… La collègue C et moi, nous rétorquons qu'il se réfère peut-être à des régimes théocratiques, tandis que l'Italie est un État laïque. « Le dialogue » cependant, comme on peut facilement l'imaginer, est devenu âpre. Le directeur-adjoint R remet de force le crucifix au mur, chose qui irrite fort la collègue C. Ensuite il nous invite, avec un ton menaçant, dans son bureau pour parler. Dans le bureau du directeur-adjoint C et moi répétons (ou tentons de réaffirmer) que la présence de la croix ne nous avait pas semblé opportune, que l'école est publique et laïque et que la décision de « ne pas afficher » (qui est différente « d'enlever ») avait été prise de commun accord et n'avait pas été contestée. Les arguments de R étaient d'une autre teneur : « Ils viennent dans notre pays et ils doivent accepter nos règles et nos symboles » ; « lorsque je suis allé en Turquie leur porter de l'argent et la civilisation, ils ne me laissaient même montrer la croix que je porte au cou » ; «quand ils ont inscrit leurs enfants dans cette école, les parents sont venus me lécher les pieds et me remercier, donc maintenant le crucifix est très bien là , et personne ne s'est jamais plaint » ; « dans cette école, nous sommes tous chrétiens ». Il affirme même être un « athée de merde » ; il prononce cependant la phrase à voix si forte que, si quelqu'un l'avait entendue hors de la pièce, il aurait pu penser à une insulte à mon endroit. Et de toute façon, ajoute-t-il, le crucifix est même le « symbole de la supériorité de notre culture ». Comme ces argumentations nous semblaient obscènes et inacceptables, le directeur-adjoint R, très enragé, a menacé de faire intervenir une inspectrice de sa connaissance. La collègue C a menacé d'appeler son avocat. Je me suis mis à rire. Ce jour-là, de toute façon, dans la salle dans laquelle se déroulait l'épreuve écrite, personne n'a osé remettre à sa place le crucifix. Ainsi, la journée s'est conclue avec une croix dans le tiroir.

 

PLUS DE PROBLÈMES. LES CROIX RESTENT AU MUR ET SILENCE TOUS

 

Les deux jours suivants, par contre, nous trouvons toutes les croix accrochées à tous les murs. Le président N et autres collègues, parmi lesquels quelques absents le premier jour, me prennent à part et expliquent que l'obtusité des professeurs M et R est bien connue et que serait mieux de ma part d'éviter de fomenter des batailles, de faire bon visage et de passer outre avec sérénité pour le bien de l'examen d'État. En somme, ils me disent de ne pas gêner, faut avancer dans le travail et qu'il n'y a pas temps pour ces bêtises idéologiques. Aussi contrarié, j'accepte et je prends l'engagement de ne pas ouvrir la bouche sur la question et de ne plus faire de problèmes. Les croix seraient restées à mure et silencieux tous. Je maintiens l'engagement, je fais des réflexions d'un autre genre et plaisante amicalement avec tous, comme si rien ne s'était passé.

 

Arrivés à la fin de semaine, par contre, le président N me téléphone chez moi et me dit que, depuis quelques jours déjà, une inspection est en cours. L'inspectrice apparemment aurait été appelée, même si personne n'en avait été informé (N, comme président de commission, est fort vexé de ne pas avoir été averti !) et elle a déjà conféré secrètement et séparément avec quelques membres de la commission. Demain (samedi), elle veut aussi m'entendre, toujours tout seul et en privé. L'inspectrice écoute ma version des faits, mais elle se concentre sur un unique aspect de l'événement : « Est-ce vous qui avez enlevé le crucifix ? » est la question qu'elle répète plusieurs fois au cours de l'entretien. Je réponds que non ; l'inspectrice recommence à me le demander comme si elle voulait une réponse différente, un aveu. Mais on ne peut pas forcer un homme libre à confesser ce qu'il n'a pas fait, au moins tant que l'emploi de la torture n'est plus légal, je continue donc à répondre non.

 

L'inspectrice me demande de mettre par écrit une déclaration dans laquelle j'affirme avoir déconseillé à la collègue, face aux garçons, de rependre le crucifix. Je le fais (et peut-être ai-je commis une erreur, j'aurais dû m'y refuser ou demander l'avis d'un avocat ou d'un syndicaliste). Ensuite, elle appelle « à témoigner » le directeur-adjoint R et un appariteur ; devant eux, elle me demande « Vous êtes d'où ?  », je réponds « de Caserte »… « Mais où êtes-vous né ? » et je réponds : « à Caserte ! Je suis italien » (là, je comprends que peut-être ils pensaient que j'étais étranger) ; ensuite encore, ils me demandent « de quelle religion, je suis » et je me refuse à répondre en disant que, vu les questions, j'ai des raisons de craindre une discrimination sur base de l'orientation religieuse.

 

SOUS LE CRUCIFIX, UN FEUILLET AVEC UNE PRIÈRE D'HUMILITÉ, ATTACHÉ AU MUR

 

Le jour de la troisième épreuve écrite dans les salles, nous découvrons une nouveauté : sous le crucifix, un feuillet avec une prière d'humilité, attaché au mur; dans toutes les classes. Ce n'est pas tout ; avant le début de l'épreuve, sous le porche de l'école, le professeur M a fait signer à certains des candidats, une déclaration écrite dans laquelle ils déclarent être troublés par l'absence du crucifix. La professeure C s'aperçoit de ce fait et elle en est tellement indignée qu'elle écrit immédiatement une lettre au principal et au président N, et ensuite prétend le faire enregistrer par le secrétariat de l'école (elle y réussit, mais pas sans de considérables difficultés).

 

Ceci provoque une nouvelle intervention de l'inspectrice, qui à nouveau, nous convoque par petits groupes pour parler séparément ; je n'ai pas pu assister à l'entretien le plus long, avec la professeure C ; je sais seulement que la collègue C est sortie de la salle en larmes, bouleversée et a demandé à être accompagnée à l'hôpital. L'inspectrice demande encore de nous entendre à la présidence. Elle commence en s'adressant à moi avec ces mots « Laissez-moi vous parler comme de mère à fils… » (elle est plus âgée et moi jeune). Je rétorque : « Non. Vous me parlez d'inspectrice à commissaire et vous m'expliquez si vous êtes ici de manière informelle ou si quelqu'un vous a appelée et quelles sont les raisons de votre inspection ». Rien à faire, elle continue en me demandant d'une manière insistante, si c'était moi qui avait ôté le crucifix. Évidemment, je continue à répondre non… et alors elle éclate avec « Suffit avec les mensonges, j'ai tous les enregistrements et les dépositions ! » Je lui réponds « Comment vous permettez-vous de me dire menteur ? Faites-moi voir les déclarations de celui qui dit le contraire ; le menteur, c'est lui et je le dénonce », mais elle refuse de me le dire.

 

JE VOUDRAIS QU'ELLE ME DISE QUE « LA LOI » EST UNE CIRCULAIRE FASCISTE DE 1926

 

Je lui demande si ç'avait été son initiative de faire signer des déclarations écrites aux élèves ; elle refuse de me répondre. Je le lui ai demandé plusieurs fois au cours de la matinée, elle s'est toujours refusé à répondre. À un certain moment, elle s’offusque car je lui posais des questions, elle soutient qu'à poser les questions, ce devait être seulement elle. Elle me dit que j'aurais ensuite à lire le rapport qu'elle aurait présenté aux supérieurs. Ensuite, elle m'interpelle en disant que « Comme vous le savez très bien la réglementation dit que… » ; je lui demande à quelle réglementation elle se réfère, de me citer la loi (très simplement, je voulais qu'elle me dise que « la loi » est une circulaire fasciste de 1926), mais ici encore, elle ne refuse pas seulement de me répondre mais, en stigmatisant mon attitude, elle interrompt l'entretien.

 

L'inspectrice réunit ensuite toute la commission devant elle (à exception de notre collègue C qui entretemps était toujours à l'hôpital), et fait un long sermon sur l'opportunité réduite de faire des batailles idéologiques en séance d'examen. Dans le silence de tous les commissaires, je suis l'unique qui a le courage d'essayer de répondre, toujours interrompu ; elle manifeste sa stupeur car je ne baisse pas pavillon face à l'autorité, comme prévu…

 

Face à son attitude tous mes collègues, mais vraiment tous (sauf le prof M) se rangent de mon côté, en montrant une légère hostilité vis-à-vis de l'inspectrice. Vu que « inter nos », nous étions déjà convenus de l'opportunité de calmer les esprits et de passer au-delà, son intervention n'a fait qu'aggraver les choses. En somme, j'ai obtenu la solidarité de tous les collègues, surtout du président N. L'examen est ensuite passé aux épreuves orales sans autres problèmes. L'examen terminé, j'ai demandé à la surintendance de Caserte à voir les rapports de l'inspectrice et du président N (vu que beaucoup de mes questions étaient restées sans réponse, et qu'il m'avait été dit que je devais attendre les rapports pour avoir ces réponses). Le fonctionnaire de la surintendance avec lequel j'ai parlé m'a dit que ces documents ne sont pas en leur possession et que je dois m'adresser à un bureau de Naples (chose que je ferai après les congés estivaux, je pense).

 

UN SINGULIER CAS DE« PAS AFFICHAGE » PLUTÔT QUE DE « DÉPLACEMENT »

 

Selon moi, ce qui rend unique cette affaire est qu'il s' agit d'un cas singulier de « non-affichage » plutôt que de « déplacement » (d'un crucifix) ; ce n'est pas par hasard que je me suis opposé durement au ton inquisitorial avec lequel on me demandait de confesser avoir ôté le crucifix, en assumant seulement la responsabilité d'avoir omis son affichage, et d'avoir déconseillé (seulement verbalement) à d'autres de le faire. Je connais bien les événements (et les échecs) des Tosti, Coppoli et Lautsi... J'ai seulement demandé de ne pas accrocher un symbole confessionnel.


Une chose que j'ai apprise de cet événement est que le symbole de la croix, valeur religieuse à part, est parfois un prétexte pour permettre à des fascistes frustrés et xénophobes de mettre mal à l'aise les élèves étrangers, mécréants ou d'une autre religion. Mais c'est seulement une impression personnelle. Si au début, la croix en salle était seulement une question de principe, maintenant elle est pour moi une question de conscience professionnelle. Maintenant encore plus qu'au début, je sens que ce symbole est inopportun ; pas seulement parce qu'il privilégie une religion, mais parce qu'on veut en faire le symbole de la « culture italienne », unique, imposée à tout qui a une « culture différente » comme symbole de supériorité. Ce qui, surtout à école, n'est pas beau.

 

 

L'INQUISITION À L'ÉCOLE ET LE CRUCIFIX DANS LES CLASSES
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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 22:14

MAO AU PARADIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Version française – MAO AU PARADIS – Marco valdo M.I. – 2014

 

Paroles e musique d'Alberto Camerini

 

 

 

Maintenant je voudrais vous chanter

Le récit d'un épisode très surprenant

De Mao Tse Toung le président

Je vous prie de bien l'écouter

 

Quand Mao s'en alla du monde

Il s'en alla au paradis

Il y trouva un tas de freaks faisant la ronde

Qui l'attendaient ; il sourit

 

Ils fumaient la marijuana

Le kif et le noir afghan

Loin des paranoïas

Ils vivaient simplement

 

Mais Mao dit, les surprenant

« Oh la la ! quelle barbe ! Il ne se passe rien ici

Ça manque de cinéma, de mouvement

Ça ne me dit rien de rester ici

 

Chers camarades, écoutez-moi

Selon moi, nous nous trompons en tout

C'est à chier ce Paradis-là

Retournons en bas, on va refaire tout »

 

Mais le Pape entretemps au Vatican

Informé par un de ses agents,

Dit : « Giulio, mon ami, il faut m'aider

On est foutu, si on les laisse arriver

 

Et encore heureux qu'il y a le Concordat

Le privilège, la spéculation

Mais s'ils arrivent, on l'a dans le baba

Eligio, au secours, c'est la révolution ! »

 

Mais Mao et les siens leur tombent dessus

En disant : « Le Paradis est aboli, il n'y en a plus

On va le faire ici, c'est plus normal !»

Et ils organisent un gigantesque Carnaval

 

Ils occupent les maisons, organisent des fêtes

Ils font l'amour, éclairent les têtes

Les robots sont débranchés

Les corps libres sont excités

 

Passent les jours, passent les semaines

Les fêtes battent toujours plus pleines

Les gens disent : « Ce n'est pas normal

N'est-il pas déjà passé le Carnaval ? ! ? »

 

Ce ne fut pas Mao mais un camarade bourré

Qui en assemblée se mit à crier

« Camarades, c'est l'heure cette fois

Il faut arriver au coeur de l'État »

 

Avec un masque de démocrate-chrétien

Dans le palais, un d'eux est entré

Le Pape lui dit : « Giulio, voilà les clés

Mon ami, de toi, je ne crains rien ! ! ! »

 

Le Pape dupé, en un instant

On arriva au coeur de l'État

Un robot unique et rare, celui-là

Avec son coeur d'argent

 

Et avec les sous, on démonta

Tout l'appareil de l'État

Démo-chrétien en même temps

Que les escroqueries du Vatican.

 

La révolution avait triomphé

Non, je ne pouvais pas m'être trompé

Mais au meilleur moment, je me suis réveillé…

 

C'était un rêve, malheureusement,

 

C'était un rêve, malheureusement.

 

 

MAO AU PARADIS
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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 19:17

ATHÉE : DERNIER TABOU

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (19 décembre 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/12/19/usa-presidente-ateo-ultimo-tabu/

 

 

 

Précepte laïque

 

Laïques et athées de tous les pays, révélez-vous !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nos amis de l'UAAR, qui connaissent bien l'Italie, relaient ici une considération sur une hypothétique laïcité ou un supposé athéisme du Président des États-Unis d'Amérique et si de fait, la question de l'élection d'un Président athée est pertinente au regard du tournant cagot que D.D. Eisenhower fit prendre à son pays, l'Uaar regarde au loin pour parler aussi de l'Italie. Et si on traduit des articles à propos de la laïcité ou de l'athéisme en Italie, c'est aussi pour parler d'ici, car globalement, la situation est assez semblable. Par exemple, il y eut des Pères fondateurs des États-Unis qui étaient athées, des Présidents des États-Unis athées... Mais c'était dans le passé ; ainsi, les États-Unis n'ont pas toujours été si crédules et si cagots ; l'Italie non plus. Elle l'est devenue sous le fascisme, de la même manière que les États-Unis le sont devenus sous la pression de l'anticommunisme délirant qui les emporta dans les années dites de la Guerre Froide. Et alors que les populations sont de plus en plus laïcisées, c'est-à-dire de moins en moins susceptibles de plier le genou devant l'Église (quelle qu'elle soit, d'ailleurs...), les responsables politiques quant à eux continuent à faire des grâces aux religions... Reste que s'affirmer tranquillement athée ou simplement, mécréant est encore dans nos pays un acte de courage et de rébellion contre cet hypocrite pilier de pouvoir qu'est la religion.

Nos amis italiens, rejoignant le point de vue la sociologue étazunienne Jennifer Michael Hecht, auteure de « Doute. Une histoire », estiment qu'il est temps et utile de faire sa révélation (coming out) et en quelque sorte de cesser de taire ses convictions dans la mesure où ce silence des athées et des laïques laisse le champ libre aux religieux et sectateurs de tous genres.

Laïques et athées de tous les pays, révélez-vous !


 


 

Les États-Unis, pays traditionnellement « under God » (sous dieu), sont toujours plus sécularisés. La proportion des areligieux atteint 23% , surtout parmi les jeunes, et l'exaspération face aux ingérences confessionnelles dans la vie publique s'étend. Cependant subsistent des préjugés encore répandus envers les mécréants, tandis que les politiciens tiennent donner à une image proreligion et répugnent à se déclarer athées.

 

Si selon les sondages, jusque il y a quelque temps, les mécréants inspiraient bien peu de confiance, pire même que des violeurs, la situation change, spécialement parmi les millennials ou génération Y, ou génération Quoi ? – disons la génération Vingt (ans), c'est-à-dire ceux nés après 1980 et avant 1995 – dans la perspective de l'An Deux Mille. La majorité serait à présent disposée à voter pour un président ouvertement athée, mais il reste des résistances pour une pleine acceptation des mécréants dans la société.

 

Le président athée reste toujours le « dernier tabou », écrit Jennifer Michael Hecht dans le Politico. Elle affirme qu'aux USA, il est plus difficile de se proclamer athée qu'homosexuel. «  »La question s'est posée à partir du paradoxe de l'ex député au Congrès Barney Frank, hôte du show du célèbre comique athée Bill Maher. Frank, de famille juive qui a accompli 16 mandats et qui s'est déclaré homosexuel en 1987, laisse entendre que lui aussi n'est pas croyant. Et Hecht se demande pourquoi il n'a pas voulu révéler précédemment sa position existentielle, au moment où il remplissait des tâches politiques.


 

Actuellement, il n'y a aucun membre du congrès qui soit ouvertement mécréant. Seul en 2007, le premier à se dire tel fut Pete Stark, démocrate de Californie, quoique formellement c'était un « unitarien qui ne croit pas en un être suprême ». Réélu deux fois, il a dû céder le pas en 2012 à Eric Swalwell, lui aussi démocrate et qui l'a attaqué précisément pour son irreligiosité, en citant le vote contraire de Stark à la devise « In God We Trust » (dans une traduction pascalienne : « Nous parions sur Dieu ! »).


 

La Secular Coalition of America, organisation active pour la promotion de la laïcité aux Usa, avait repéré seulement 5 mécréants déclarés qui occupaient des tâches publiques dans tout le pays. Selon une récente enquête Gallup, bien deux tiers des citoyens voteraient pour un président gay ou lesbienne, tandis que, un peu plus de la moitié pour un président athée. Dans sept États, sont encore en vigueur des lois qui interdisent formellement aux mécréants de obtenir des charges publiques ; parmi eux le Maryland, où les mécréants peuvent être exclus du jury ou comme témoins.


 

Frank, interpellé par Hecht, a dit que déclarer son athéisme n'était pas «opportun en politique » et que de toute façon, il s'est engagé pour la laïcité, mais il a admis qu'il évite le terme « athée » car « il ne plaît pas aux gens », « c'est un mot dur », « il sonne à l'oreille des gens comme un désaveu », « c'est agressif ». Il est vrai que beaucoup préfèrent employer des termes plus feutrés, mais la rédactrice fait remarquer que « nous devrions apprendre la leçon du mouvement pour les droits homosexuels, qui a revendiqué un mot employé comme offensant (« queer » : bizarre, par extension : homosexuel, pédale...) et en a fait un cri de ralliement ».


 

Depuis quelques années, les associations qui représentent les mécréants se sont beaucoup démenées, en stimulant la révélation ( en anglais : « coming out ») et en proposant une image positive des athées et des agnostiques, avec même des campagnes d'affichage. Mais la mécréance a une longue tradition aux Usa, même parmi les pères fondateurs comme Thomas Jefferson et John Adams, des philosophes comme l'agnostique Robert Ingersoll ; des présidents comme Abraham Lincoln et James Monroe n'avaient pas d'affiliation religieuse. La situation changea avec la guerre froide et le maccarthysme, lorsque la lutte contre le communisme devint acharnée. Dans les années Cinquante, le président Dwight D. Eisenhower insère la référence à Dieu dans la « Pledge of Allegiance » (le serment au drapeau la main sur le cœur et le regard dans les étoiles..., formulé ainsi :« Je jure allégeance au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la République qu'il représente, une nation unie sous l'autorité de Dieu, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous ») et impose la devise « In God We Trust » sur les billets de banque.


 

Selon le Center for Inquiry, il y a actuellement quelques athées au Congrès (des USA), cependant qu'une dizaine d'élus se sont refusés à spécifier leur affiliation religieuse. Hecht, auteure de « Doute. Une histoire », a longtemps hésité à se définir athée. Ensuite, elle y a réfléchi et a décidé, par honnêteté intellectuelle, de se déclarer telle ; et elle invite les politiciens à faire de même, même s'il peut en coûter.
Isaac Chotiner, dans la
New Republic, est plus optimiste, parce que l'opinion publique américaine maintenant est plus tolérante par rapport au passé sur de nombreux thèmes. On ne peut pas dire si un président athée sera élu en 2016 ou en 2020 mais, il conclut, « je pense que lorsque l'instant arrivera, le peuple américain se montrera étonnamment large de vues ».


 

Passant des Usa à l'Italie, même chez nous existe aussi le problème des politiciens athées qui préfèrent ne pas faire de révélation (en anglais, coming out). Souvent, les rares qui osent franchir le pas ne lésinent pas sur les assurances quant au fait qu'ils respectent la religion catholique et se prodiguent en gestes obséquieux envers l'Église ; c'est le cas du président de la République Giorgio Napolitano, antérieurement membre du Parti communiste et incroyant mais avec des manières confessionnelles, de ce point de vue évident. Parmi les autres, on entend les déclarations comme « Je ne suis pas un bon chrétien mais… » ( voir Ignazio La Russa et Mario Borgherzio), ou des expressions de sujétion parmi les laïques tel « je crois ne pas croire » (Walter Veltroni) ou « les croyants ont une marche en plus » (Giuliano Amato).


Parfois, comme les homosexuels, les athées et agnostiques sont accusés « d'afficher » leur mécréance. Mais un pays pleinement libre et laïque est seulement celui où on peut dire librement ce qu'on pense. Mieux, c'est celui où personne n'est stigmatisé parce qu'il se déclare mécréant et où les gens ne jugent pas fondamental le fait qu'un politicien affiche une appartenance religieuse (ou non). Si se dire mécréant peut coûter en Italie, c'est seulement parce qu'on n'est pas entièrement libre d'exprimer ses convictions. De cette façon, bon gré, mal gré, on finit cependant par transmettre un signal à toute la population et au voisinage, en contribuant à ce cercle vicieux qui fait se cacher les athées et les agnostiques. Au contraire, faire la « révélation » (de son athéisme...) est une nécessité pressante.

 

La rédaction

 

 

ATHÉE : DERNIER TABOU
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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 18:27

UN PARENT ATHÉE FAIT

SAUTER LA BÉNÉDICTION À

L'ÉCOLE...

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (12 décembre 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/12/12/genitore-ateo-fa-saltare-benedizione-scuola-famiglia-cristiana-prende/

 

 

 

 

 

 

Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

 

Le sans-gêne confessionnel dans les écoles italiennes est encore plus marqué, si possible, pendant la période de Noël. Malgré que les actes de culte soient expressément défendus dans l'horaire scolaire, on fait comme si de rien n'était en se référant à la tradition. Mais toujours plus de personnes se tournent vers l'Uaar pour signaler des messes, bénédictions, visites de religieux dans les instituts, qui souvent sont autorisées avec l'active collaboration des dirigeants scolaires. Face à cela, notre association a mis à disposition de tous une fiche d'information et un modèle de réclamation à adresser à l'école.

 

Un cas parmi tant d’autres est remonté dans la presse nationale, rapporté par Il Fatto Quotidiano . À Tradate en province de Varese, Elia Bogani, parent d'un élève de l'institut d'État « Galilei », a téléchargé notre modèle, l'a réajusté pour l'occasion et l'a envoyé à l'école, où était programmé sous peu une bénédiction de Noël. Bogani et sa femme, deux athées déclarés, ont ainsi décidé de contester une tradition qui tous les ans se répète quoiqu'elle ne convienne pas dans une école où sont présents des élèves de fois différentes et même, des mécréants. La circulaire du dirigeant scolaire avait prévu pour le 18 décembre, « suite à des demandes de nombreux parents » et « comme de coutume », la bénédiction en masse dans différentes écoles de la zone. Dans l'avis distribué dans les classes, il était prévu que celui qui ne participerait pas, resterait en classe pour des « activités récréatives », pendant que les autres seraient menés au rite.

 

Aux parents qui faisaient remarquer l'irrégularitéde la chose et demandaient d'annuler ou de postposer ce rite en dehors des heures d'école, la principale Paola Tadiello a répondu, en tentant de se justifier, disant qu'il s'agissait seulement d'une « légère modulation de l'horaire de religion », en « forme collective » et « seulement pour cette occasion », expédient de toute façon non prévu par la réglementation, qui défend même de tels accommodements. Par la suite, le conseil de l'institut a reconnu que la procédure n'était pas régulière en suspendant la bénédiction.

 

L'épisode a été commenté par divers journaux [http://www.giornalettismo.com/archives/1242033/la-storia-della-benedizione-vietata-in-classe-a-varese/]. Il y a qui en appellent à la majorité, comme un lecteur du Corriere de la Sera dans la rubrique de Sergio Romano. Famiglia Cristiana en a parlé également et a activé un espace pour commenter l'événement. Ce que rapporte l'hebdomadaire paulinien n'est pas du tout correct, car s'il est vrai que dans la sentence du Conseil d'État du 2010, on lit que « la visite pastorale ne peut pas être définie comme activité du culte », dans le cas de Tradate, il s'agissait d'un acte de culte — avec prière, signes de croix et usage d'eau bénite — et donc illégitime. Il ne nous semble pas que la révolution bergoglienne ait ramené de tels contenus sacrés à la coupe d'un ruban. 

 

Malheureusement la réaction de certains parents et politiciens n'a pas été tolérante et les parents ont été objet d'âpres critiques. L'assesseur à la culture et à l'instruction Andrea Botta (Pd) a pris parti en se disant « déçu » car il s'agissait d'une « tradition qui se répétait depuis des années et n'avait jamais gêné personne ». Les insultes et les attaques n'ont pas manqué sur les réseaux sociaux. Tout cet ostracisme pour avoir simplement demandé le respect des lois et de la laïcité dans l'école, sur base d'un sens civique qui devrait appartenir à tous, surtout à ceux qui assument des tâches institutionnelles.

 

Notre association tient à faire connaître sa proximité morale et sa solidarité à cette famille. Nous sommes convaincus, comme Bogani, que tant d'autres gens se rendent compte de l’inopportunité des rites religieux dans les écoles, mais qu'ils ne sortent pas à découvert par peur, pour leur tranquillité ou car protester leur paraît indécent. Seuls les cléricaux peuvent considérer comme fanatique celui qui demande le simple respect d'un principe fondamental comme la laïcité de l'État. Surtout maintenant que nous vivons dans une société où les athées, les agnostiques et les non-catholiques sont maintenant nombreux et envoient leurs enfants à l'école, il est toujours moins soutenable d'affirmer que les messes et les bénédictions dans les écoles publiques et laïques — ce qui veut dire de tous et qui devraient représenter tous — soient une tradition inoffensive dans laquelle la collectivité doit se reconnaître. Il est important de réaffirmer que les parents laïques peuvent agir et contester les actes de culte qui de fait, sont imposés dans les instituts scolaires ; notre association, qui entre autres, a aussi entamé le parcours légal qui a conduit à la sentence du Conseil d'État, sera toujours à leurs côtés. Car c'est avec ces petits gestes que s'amorcent les grands changements.

 

La rédaction

 
UN PARENT ATHÉE FAIT  SAUTER LA BÉNÉDICTION À  L'ÉCOLE...
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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 16:27

DÉMOCHRÉTIEN MALGRÉ LUI

 

Ou LA MÉTAMORPHOSE DU PD (Parti Démocratique)


 

Version française d'un article d'Ernesto Galli della Loggia

La metamorfosi (e i rischi) del PdDemocristiani loro malgrado

Il Corriere della Sera – 30 novembre 2013 - Democristiani loro malgrado


 


 


 

 

 

 

La décision du président Napolitano à propos de la nécessité d'une vérification parlementaire pour le gouvernement Letta est difficilement contestable. En effet avec l'effritement du Pdl, et la sortie de Forza Italia de la coalition, l'exécutif conserve la majorité, mais sa nature politique est radicalement changée. D'un gouvernement Droite-Gauche - c'est-à-dire pd-Pdl (numériquement suffisants) plus des autres – s'est transformée en un gouvernement de Centre – Gauche. Dans lequel le Parti démocratique, de ce fait, représente dans les deux Chambres le noyau fort, tandis que le Centre, constitué de Scelta Civica-Udc plus le Nouveau centre droit (Ncd) d'Alfano, déroule la partie d'acolyte.


 

Coïncide avec ce déplacement de l'axe politique du gouvernement - et en certain sens, l'a rendu possible et en même temps, en est le fruit - un second et plus important changement : la démochristianisation du Pd. À savoir la progressive mais maintenant accomplie absorption-imitation de la part du Parti démocratique pas seulement de la fonction systémique, mais aussi des caractères internes de ce que fut la Démocratie chrétienne (ex - Dc). Une telle démochristianisation du Pd ne s'est pas produite fortuitement à mesure que le système politique de la soi-disant Deuxième République allait perdant son partiel caractère bipolaire pour s'orienter vers une réédition du morcellement parlementaire de la Première République, fruit en son temps de la proportionnelle. À laquelle - de nouveau pas fortuitement – la Deuxième semble maintenant aussi inéluctablement condamnée à tourner. Un parlementarisme proportionnaliste qui, s'il ne veut pas naufrager dans le néant, doit dès lors nécessairement s'organiser autour d'un parti pivot. Qui hier était la Dc, et aujourd'hui est très exactement le Pd.

 

Le Parti démocratique est candidat à être un tel parti avant tout à cause de sa nouvelle position centrale dans la topographie parlementaire ; du moment où aujourd'hui il se trouve de fait être la composante principale d'un gouvernement qui à la Chambre doit faire face en même temps à une consistante opposition de gauche (environ 130 députés) et petite minotié d'opposition de droite. Ceci rappelle-il quelque chose à quelqu'un ? Ne fut-elle pas peut-être précisément, pendant 40 ans, la situation de la Dc ?

 

La centralité « démocrate-chrétienne » du Pd vient même du fait d'être aujourd'hui le seul et vrai « parti des institutions ». En réalité, il l'est depuis les années 90, à cause de la faillite dont la Droite a fait preuve aussi sur ce terrain. En ne réussissant pas à se distinguer même pas d'une minime partie de la figure de Berlusconi, de son image « corsaire », erratique et improvisatrice, la Droite politique, en effet, n'a jamais réussi à se libérer de quelque chose fortuit et de provisoire, d'incompatible avec la stabilité dans le temps, avec le sens du passé historique, avec la fiabilité et avec les aspects legalistico-formels qui sont le propre de la dimension institutionnelle. À laquelle, par contre, la gauche d'origine communiste a toujours montré traditionnellement une grande attention. Le résultat est que depuis longtemps la grande partie de l'establishment italien, dans l'État et dans la société, se reconnaît dans le Pd.


 

Mais naturellement être « comme la Dc », commencer à occuper une position centrale analogue à la sienne dans la constellation du pouvoir, a un prix : celui de finir par s'occuper, justement, seulement du pouvoir. Et donc se transformer en une classe bureaucratique-politique sans idées et sans projets, divisée en courants férocement en lutte les uns contre les autres, dont la principale activité, au centre comme en périphérie, devient de fait le partage des places et des moyens : justement ce que le Pd risque toujours plus de devenir.
 

30 novembre 2013

 

 

DÉMOCHRÉTIEN MALGRÉ LUI
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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 22:57

LES ATHÉES : DÉNIGRÉS, NORMAUX, LIBRES


 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (3 juillet 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/07/03/atei-denigrati-normali-liberi/


 


 

Précepte laïque 


 

Crédules, encore un effort pour devenir (tous) laïques !


 


 

D'abord, un petit ex cursus relatif au mot qui désigne celle ou celui qui n'a aucune croyance... On peut avoir recours à divers substantifs : laïque, non-croyant, incroyant, incrédule, irréligieux... et on remarquera la curieuse appellation étazunienne : les « nones » (en gros, les « non inscrits »), mais celui que je préfère : mécréant. Nous utiliserons dorénavant ce mot comme dans les Pays-Bas espagnols fut utilisé celui de Gueux ; l'insulte est devenue un terme de reconnaissance. Mécréants, nous sommes... Mécréants, nous resterons ! Per che « Noï, non siamo cristiani, siamo somari »

 

Asino risuscitato


 


 


Les enquêtes sur la religiosité ou la mécréance reflètent souvent le temps où elles sont faites, beaucoup sont fortement conditionnées par la désirabilité sociale et par la manière de formuler les questions. Toutes ne sont pas également crédibles. Elles constituent cependant au moins l'occasion pour discuter de situations réelles. Le nombre de mécréants augmente et augmentent les enquêtes qui les prennent en considération. Tant à faire penser que maintenant la majorité des études s'oriente vers la compréhension des différences entre les croyants et les mécréants.

Un récent sondage du Pew Tribune réfléchit sur l'opinion que les Étasuniens ont de la croissance des irréligieux. Il en ressort que 48% retient que c'est une chose négative, le 11% que c'est positif, pendant que pour 39%, ça n'a pas d'importance. Aux Usa, le préjugé contre les mécréants est encore fort, mais les choses semblent changer dans le sens d'une plus grande tolérance, ou au moins indifférence. Le groupe qui accepte le moins l'augmentation du nombre des mécréants est celui des protestants évangéliques (avis négatif à 78%), pendant que les plus ouverts sont les catholiques hispaniques (à 36% ne plaît pas la croissance des Nones – mécréants ).

Hemant Mehta, animateur du blog Friendly Atheist, se demande comment il est possible même qu'un discret pourcentage de « non affiliés » ( 19%) voit la croissance du nombre des mécréants comme quelque chose de négatif, face à 24% qui en ont une idée positive (surtout parmi les plus jeunes) et 55% qui sont indifférents. Mehta propose quelques explications : dans la catégorie « sans religion » sont comprises des personnes qui ont une approche spirituelle, ou bien des croyants plus indifférents auxquels ne plaît pas « la croissance du bruyant activisme athée » ; peut-être pour certains la perte de la foi comporte la carence du sens de « communauté et esprit d'équipe », vu que le principal succès de la religion est de créer des instants de socialisation. Pour cela, il suggère qu'il faudrait faire davantage pour améliorer l'image des athées et des agnostiques.

Ce sont des occasions utiles, vu que parfois même notre association est critiquée pour le seul fait d'exister ou pour une initiative jugée excessive, pas seulement par les intégristes religieux mais aussi par certains incroyants. Une autre réflexion qu'on peut faire à propos de cette étude est que l'augmentation des incroyants fait percevoir que ce qui compte, pour évaluer une personne ou la société, ce n'est pas seulement la religion (ou son inexistence) : on peut lire en ce sens les hauts pourcentages d'indifférents.

Une autre recherche intéressante sur les athées vient de l'University of Tennessee de Chattanooga, signée de Christopher F. Silver, proche des groupes sceptiques et laïques américains. Dans son étude, il distingue six types de mécréants, habituellement tous repris parmi les « nones » et étiquetés comme asociaux et agressifs par la propagande religieuse intégriste. Chez les mécréants, il y a en effet différentes typologies caractérielles et d'approche de la mécréance : un signe de richesse et de complexité, comme dans n'importe quel autre milieu ou groupe social. Le directeur de l'enquête, Thomas J. Coleman III, synthétise avec ironie : « Congratulations mécréants, vous êtes fondamentalement normaux ».

Les « Intellectual atheist/agnostic » (Intellectuels athées et agnostiques) sont le groupe le plus considérable, intéressés à l'enrichissement culturel et philosophique, signe que la culture est le moyen principal à travers lequel on arrive à la mécréance. Il y a ensuite les « activist atheist/agnostic » (militants athées et agnostiques), « les moins narcissiques et les plus engagés dans la communauté » et dans l'associationnisme, souvent pour les droits humains, des femmes, des homosexuels et engagés contre les injustices sociales et économiques. Silver repère même les « seeker-agnostics » (agnostiques chercheurs), qui se montrent plus ouverts à la métaphysique. Il y a ensuite les « anti-theist » (antidieux), les anticléricaux qui attaquent beaucoup la religion et sont les plus visibles, quoiqu'ils se révèlent entretemps les moins répandus. Les « non-theist » (les sansdieux), en croissance, sont ceux qui n'accordent pas beaucoup d'importance à la religion dans la vie ou en n'en ont pas été influencés, et sont peu enclins au militantisme. Pour conclure, la recherche mentionne les « ritual atheist/agnostic » (les athées et agnostiques ritualistes), qui trouvent utiles les rites, traditions ethniques, cérémonies ou formes de méditation (par exemple beaucoup de juifs, qui se définissent culturellement tels quoiqu'ils soient peu ou pas croyants).

La troisième enquête dont nous parlons aujourd'hui est celle du psychologue Ryan Ritter de l'University of Illinois sur Twitter, publiée dans Social Psychological & Personality Science. Les chercheurs ont analysé des centaines de milliers de tweets écrits par des suiveurs de personnalités chrétiennes et athées (déjà un critère douteux, qui ne permet pas d'identifier croyants ou non). Ceux qui suivent les personnalités chrétiennes importantes, synthétise Mehta, tendent à employer plus de mots comme « je connais », « je sais », « je sens », à employer des termes positifs (« heureux », de l'« amour ») et à décrire des situations. Pendant que les athées se focalisent sur l'analyse (« je pense », « je retiens »), emploient plus souvent des mots négatifs et tendent à exprimer plus souvent des critiques. Soutenir sur base de cette recherche que les croyants soient plus aimables et heureux et les athées plus enragés et malheureux est simpliste. Le même Ritter précise : « cela ne veut pas dire que les seconds soient en général plus malheureux », vu que les mécréants ne sont pas moins heureux que les croyants dans les nations moins religieuses. En somme, soutient-il, l'augmentation du bonheur parmi les mécréants dépend plutôt de la plus grande disponibilité de lieux de socialisation et de support laïques et du plus grand sentiment d'estime perçu dans la société, lorsque s'affaiblissent les préjugés anti-athées.

Cette recherche nous suggère qu'il existe des différences dans la façon dont sont employés les moyennes sociales de ces groupes. Ce n'est pas un hasard si les mécréants sont plus réfléchis et plus critiques : ils vivent plongés dans une société où la religion a une position dominante et où parfois ils sont discriminés ou doivent répondre à des contestations. Pour cela, parmi leurs défauts, il y a aussi celui d'être plus polémiques. Les croyants parlent plus souvent de ce qu'ils font (comme se rendre à l'église) et assaisonnent leurs discours avec des commentaires doucereux concernant Dieu.

Cela n'est pas étonnant, au fond la liberté d'expression est un principe revendiqué et promu par le monde mécréant et fort stigmatisée par le religieux, qui préfère tant qu'il le peut promouvoir la soumission. Mais aussi parce que le problème n'est pas l'expression de sentiments positifs. Très probablement, même les pires inquisiteurs comme Torquemada et Pie V ont laissé plus de mots positifs que négatifs. Du reste, les textes sacrés comme Bible et Coran ne se comportent pas autrement : abondance de bons principes, mais en même temps formulation d'indications terribles appliquées à tours de bras pendant des millénaires. La raison nous enseigne par contre que ce qui compte le plus, c'est la pratique. Et nous attendons donc la prochaine recherche sur le sujet.


 

La rédaction


 

L'Opéra des Gueux

L'Opéra des Gueux

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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 10:13

LE PAISIBLE PAPE PASSÉISTE


 


 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (7 juillet 2013) :

Texte italien :http://www.uaar.it/news/2013/07/03/pacioso-papa-antimodernista/


 


 

Précepte laïque 


 

Papes, encore un effort pour devenir laïques !


 


 


 

Face à la vague de papolâtrie doucereuse qui déferle depuis des semaines de mille sources médiatiques ensorcelées, il est utile d'analyser un brin la réalité de François Ier d'Outre-Tibre. Derrière l'ombre mouvante qui s'agite sur les écrans, il y a un vrai pape noir, un soldat de Jésus... qui manipule habilement la marionnette. Double et triple jeux sont des pratiques courantes qu'il convient de relever.

Somme toute, la caque sent toujours le hareng.

Nos amis de l'Uaar l'avaient qualifié de « paisible pape antimoderniste »... J'ai préféré lui donné son vrai visage de paisible pape passéiste.

De fait, il coulera de l'eau sous les ponts du Tibre avant qu'un pape accepte que le monde soit laïque... On ne peut quand même pas supposer que le successeur de Pierre liquide l'entreprise à la tête de laquelle on l'a placé.


 


 

Ce pape, objet de sympathies répandues et combien acritiques, sinon d'un véritable culte surtout de la part des médias, semble à beaucoup un « progressiste », même un « révolutionnaire ». La comparaison impitoyable joue beaucoup entre Ratzinger, plus froid et franc à niveau théologique, et le paisible Bergoglio, sur lequel les catholiques ont remis de grandes attentes et que même beaucoup de laïques et de mécréants voient positivement. Une dynamique qui ressemble à l'histoire du bon et du mauvais flics.

Plutôt, en confrontant la consistance réelle de certaines de ses déclarations au pied levé avec ses positions officielles et ses actes concrets, François devrait être plus honnêtement considéré comme un réformateur. Bergoglio apparaît plus sobre et exprime une volonté (tardive) de dépoussiérer l'Église, ou au moins d'assainir certaines pratiques qui en entament la crédibilité. Voir le nettoyage pressé de l'Ior (Institut des Oeuvres de la religion) ou les règlements de comptes internes dans la curie romaine. Entretemps, ce même pape « révolutionnaire » confirme un réactionnaire comme le cardinal Carlo Caffarra en tant qu'archevêque de Bologne pour deux années. Et sur le front doctrinaire, il repropose les mêmes positions granitiques du catholicisme. Et comment pourrait-il faire autrement ? Il a cependant la perspicacité d'employer un langage habile, gagnant et parfois moins direct, en évitant les questions les plus embarrassantes.

Beaucoup se joue sur les équivoques engendrées par les petites phrases prononcées en marge d'événements ou de discours officiels, promptement amplifiées par les journaux et les commentateurs. Souvent, on oublie les « contextualisations » qui reviennent rapidement du Vatican. Comme c'est arrivé il y a longtemps précisément pour l'Ior, avec l'assurance de l'archevêque Angelo Becciu, substitut au secrétariat d'État : « Le pape est resté surpris de se voir attribué des phrases qu'il n'a jamais prononcées et qui déforment sa pensée ». De la même manière, Oltretevere (l'Outre-Tibre – comprendre le Vatican) dément aussi des ouvertures présumées de François en vue de concéder la communion à des divorcés remariés.

Pour comprendre l'ambiguïté de la « bergoglio-pensée », il est utile de focaliser l'attention sur les aspects de la doctrine auxquels s'arrête le nouveau pape, ainsi que sur sa vision de l'histoire et de la politique. En laissant de côté les rapports ambigus avec des milieux de la dictature argentine, dans les années passées comme archevêque et chef de la conférence épiscopale argentine, il s'était distingué par son interventionnisme politique contre les mariages gay (qualifiés de fruits « du démon » ), quoique certains soutiennent qu'il ait ouvert aux unions civiles comme un « mal mineur » : circonstance sèchement démentie du côté catholique. Un exemple de la façon dont François est chargé de grandes attentes par les secteurs plus ouverts de l'Église et par les laïques impressionnables, qui lui attribuent des positions modernes, qui toutefois sont ponctuellement redimensionnées.

Bergoglio a maintenu ses positions réactionnaires, comme rappelé, aussi à propos de l'avortement et de l'euthanasie. En tant que pape il s'est adressé de manière ambivalente vers les athées, autrefois en citant Léon Bloy (« Qui ne prie pas le Seigneur, prie le Diable ») et ensuite en recherchant la « confrontation » avec les mécréants. Selon certains, le pape aurait dit aussi que même les mécréants sont sauvés par le Christ et vont au paradis, mais tout cela a fait naufrage en de confuses vagues théologiques. D'ailleurs, la doctrine catholique est par nature exclusiviste, malgré quelque expédient conciliant, et la préoccupation des athées et des agnostiques n'est certes pas d'être sauvés par qui que ce soit. Les discours de François font souvent référence au Diable comme un être réel et pas mythique, à l'enseigne d'une vision plus antimoderne de la doctrine. Il en est même apparu une histoire quand a été attribué au pape un exorcisme en direct.

Quant à la politique, le mois passé, recevant une délégation de parlementaires français, il a réaffirmé son idée de la laïcité (qui ne doit pas comporter « exclusion des religions du champ social et des débats qui l'animent ») et rappelé que les politiciens catholiques ont une « tâche » « technique et juridique » qui « consiste à proposer des lois, les amender ou même les abroger » mais aussi « d'insuffler en elles un supplément, un esprit, je dirais une âme ».

La saveur antimoderniste de la pensée papale émerge même de ses fréquentes références aux martyrs chrétiens et de sa réécriture de l'histoire corollaire à ces évocations. En avalisant les estimations gonflées des victimes de persécutions, Bergoglio a soutenu qu'aujourd'hui, il y a beaucoup plus martyrs qu'aux temps de l'empire romain (déjà objet de mythisations apologétiques). Il a fallu corriger le tir en parlant de « martyrs quotidiens », ou bien de gens qui se prodiguent en diverses activités dans le sens chrétien, comme les familles, les prêtres et les jeunes.

Encore plus explicite est ce qu'il a soutenu pendant l'Angélus de samedi passé, pour la fête des saints Pierre et Paul : « l'Église de Rome est devenue soudain, spontanément, le point de référence pour toutes les Églises répandues dans le monde, pas par le pouvoir de l'empire, mais par la force du martyre, du témoignage rendu au Christ ». Il s'agit d'affirmations tranchantes que la recherche historique considère maintenant comme inconsistantes et qui sont souscrites seulement par le christianisme le plus intégriste. Juste bonnes pour les proclamations aux fidèles les plus ignares : il ne surprend pas qu'elles soient le fait du pape, qui doit justifier ainsi la position qu'il occupe.

L'Église de Rome a assumé une position centrale en vainquant la concurrence d'autres sectes ou d'autres courants. Plusieurs des apologistes et des pères de l'Église, fondamentaux pour l'élaboration des doctrines et pour les premières apologies, n'ont pas par hasard été par la suite qualifiés d'« hérétiques » ou sur eux est tombé un silence embarrassé. Il s'en est suivi un processus d'adaptation et même une réécriture de la production chrétienne, pour faire rentrer tout dans une vision providentielle qui voulait faire de l'Église romaine, l'héritière naturelle de Pierre et Paul. Dans cette réadaptation orwellienne, commencée avant que naisse Orwell, le pouvoir de l'empire pesa et comment. Avec Constantin, la religion d'une minorité (pas plus de 10% des sujets) établit son hégémonie à la cour, et à partir de Théodose furent prises des mesures qui déclarèrent hors-la-loi les autres cultes et hérétiques, les sectes. Des lois qui facilitèrent la consolidation de l'Église romaine en balayant la concurrence interne et externe.

Pour conclure, François est un pape qui, comme Pie X et Jean XXIII, se montre plus proche du fidèle catholique. Dans ses mots et dans ses gestes, sont mises peut-être trop d'attentes, et de là à parler de « révolution », il faut courir. Car du côté de la doctrine, de la vision de l'histoire et de la politique, il confirme son approche antimoderne, solidement ancrée dans les principes du catholicisme romain. Dichotomie dont il faut être conscients, pour ne pas se faire trop d'illusions. Comme ses prédécesseurs, il sera du reste jugé sur des faits. Nous sommes jusqu'à maintenant face à un personnage qui a le pouvoir absolu dans les domaines dans lesquels il agit, et au lieu de faire de quelque chose de concret, il souhaite seulement que certaines choses arrivent. Il paraît encore être un curé de province auquel de temps en temps, échappe une critique vis-à-vis du Vatican. Il semble ne pas s'être rendu compte que c'est lui, le Vatican.

La rédaction

LE PAISIBLE PAPE PASSÉISTE
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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 22:21

ÉTAT-UAAR : LA CASSATION REPOUSSE LE RECOURS DU GOUVERNEMENT

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (29 juin 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/29/intesa-stato-uaar-cassazione-respinge-ricorso-del-governo/

 

Préceptes laïques

États, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

 

Nos amis de l'Uaar, selon l’article ci-après, ont obtenu une grande victoire. Du moins, c'est ce qu'ils disent et on ne peut que s'en réjouir. Mais de quoi s'agit-il ?

 

C'est précisément, ce que je me posais comme question et ce que j'allais te demander, dit Lucien l'âne en secouant les oreilles qu'il porte sur le tête et qui sont assez longues, comme chez tous les ânes. De quoi s'agit-il ?

 

Tout simplement que l'Italie vient de franchir une étape très importante dans la laïcisation de la société. Tu liras les détails dans l'article de l'Uaar, mais je te résume l'affaire en te disant qu'après vingt ans de lutte juridique, l'Uaar vient de gagner sa cause et d'obtenir que l'État ne puisse plus arbitrairement favoriser une confession religieuse au détriment de l’ensemble des citoyens et du reste des confessions.

 

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. Et Lucien Lane

 

 

 

 

Ça fait maintenant presque vingt ans que l'Uaar demande aux divers gouvernements de passage au pouvoir d'entamer des négociations pour la conclusion d'un Accord. Et les péripéties légales relatives à cette question durent maintenant depuis dix-sept ans. La sentence du Tar (Tribunal administratif) du Latium de 2008 avait établi que le non du gouvernement Berlusconi ne devait même pas être motivé. L'Uaar fit recours au Conseil d'État, lequel lui donna raison en 2011 . Contre cette sentence, cependant, le gouvernement technique de Mario Monti présenta un recours politique en Cassation. Soutenant d'être « libre de se déterminer comme il croit », et de ne permettre « à aucun autre pouvoir de contrôler ses choix dans la matière religieuse ».


Les Sections Unies ( de la Cassation) se sont réunies hier, et ont donné raison au Conseil d'État (et à l'Uaar) et ont donné tort au gouvernement. Selon la Cour Suprême, le juge doit pouvoir entrer dans le fond de la légitimité des décisions des organes politiques : le Tar par conséquent est appelé à se prononcer à nouveau sur le fond, et il ne pourra cette fois pas esquiver l'évaluation de la légitimité de la décision du gouvernement. On devra en somme finalement entrer dans le fond, en décidant si l'Uaar a titre ou non de prétendre à une reconnaissance.


La sentence de la Cassation est très importante et va bien à au-delà du cas de l'Uaar. Elle établit en effet que le gouvernement ne peut pas se comporter de manière arbitraire, lorsque l'absence d'une loi semble le lui permettre. Il doit toujours justifier ses comportements, de sorte qu'il soit possible de les évaluer, autrement elle ferait preuve d'« une partialité suspecte de discriminations ». La sentence, en général, apporte donc un soutien juridique à tous ceux qui pensent être discriminés par un acte du gouvernement dérivant d'une réglementation lacunaire. Du point de vue du droit, ce n'est pas peu.

 

La décision de la Cassation attribue en outre un droit à toutes les confessions minoritaires actuellement non reconnues. Jusqu'à hier, les divers gouvernements qui se sont succédés dans les trente dernières années adoptèrent une politique discriminatoire : ils ont passé des accords avec les confessions religieuses considérées comme « amies », et ils n'en ont pas passé avec les communautés religieuses qui leur plaisaient moins. Jusqu'à hier, les gouvernements n'ont jamais dû justifier un tel comportement absolument illibéral, parce qu'il manque une loi sur la liberté religieuse et de conscience : la législation est encore incroyablement arrêtée à la réglementation fasciste sur les cultes admis, remontant à 1929. La Cassation a cependant établi que, même s'il manque une loi, dans un régime de « pluralisme confessionnel et culturel » ce qui est ou devrait être le nôtre, « l’égale liberté des confessions religieuses » doit être assurée . En deux mots, les confessions religieuses sans accord maintenant peuvent agir judiciairement pour forcer le gouvernement à traiter. Il s'agit donc, réaffirmons-le, d'une très importante victoire de principe : les Sections Unies de la Cassation confirment que le droit ecclésiastique est régi par l'égalité et pas par l'arbitraire du gouvernement.


La Cassation a même ajouté que, de toute façon, « si une législation existait, le système des garanties générales en sortirait renforcé, puisqu'elle concernerait chaque manifestation collective du sentiment religieux et ferait s'affaiblir la tentative (ou le danger) de conquête, par les arrangements, de règles privilégiées ». Une invitation claire au parlement d'agir, vu qu'après plus de dix ans d'auditions (même l'Uaar a été écoutée trois fois) aucun résultat n'a été obtenu.


L'affaire montre bien que les revendications de l'Uaar ne sont pas faites en l'air, et combien elles sont porteuses de droits même pour celui qui il n'en fait pas partie, ou même est croyant.

 

L'engagement de l'association en faveur d'une société où les citoyens soient réellement considérés égaux, indépendamment de leurs opinions en matière religieuse, continuera évidemment de manière plus déterminée que jamais. Dans un pays meilleur, nous le répétons souvent, l'Uaar ne devrait même pas exister. Depuis hier l'Italie est toutefois « un peu meilleure » par rapport à avant hier.
L'association remercie les avocats qui l'ont assistée dans cette importante bataille.

 

 

 

L'association
 

 

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