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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 18:36

LA MORT REND BEAU

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (20 juin 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/20/la-morte-ci-fa-belli/

 

Précepte laïque

Mortels, encore un effort pour devenir (tous) laïques !

 

Boris Vian disait : « Je voudrais pas crever... avant d'avoir goûter la saveur de la mort ». Comme disait ma grand-mère chaque chose en son temps et les vaches seront bien gardées. Faut dire qu'elle disait aussi... « Change pas de main, je sens que ça vient... », mais peut-être ne parlait-elle pas nécessairement de mort ; dans sa jeunesse, elle avait été bergère, puis, infirmière à Verdun en 1914-18. Alors, la mort, elle connaissait. Encore un mot à son sujet : lors de la dernière visite que je lui ai faite, c'était la veille de son départ vers le néant : « elle était souriante. »... Voilà pour la mort... Quant à la vie... Toujours Vian : « La vie, c'est comme une dent... il faut vous l'arracher », souvenez-vous :

« La vie, c'est comme une dent
D'abord on n'y a pas pensé
On s'est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis
Et pour qu'on soit vraiment guéri
Il faut vous l'arracher, la vie. »

 

Et puis, cette pensée lucrécienne de Léo Ferré :

« On vit on mange et puis on meurt
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements » (Y en a marre ! , Léo Ferré – http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=7794),

voilà qui me semble régler assez exactement la question de la mort, laquelle fait justement partie de la vie, même si elle en est la dernière étape et sans doute, une des plus belles.

 

 Tous-partis.jpeg

 

 

Conversation

 

 

 

 

À propos des incroyants circulent tant de légendes contemporaines, la plupart du temps répandues par les intégristes religieux. Ils sont parfois décrits par des textes sacrés et par des apologistes comme amoraux, insensibles, étroits, malheureux. Tout autant que terrorisés par la mort, comme raconte l'anecdote — souvent apocryphe — qui voudrait leur voir invoquer Dieu à la fin de la vie. Un livre intéressant pour dégonfler les mythes qui exaltent les croyants au détriment des athées et des agnostiques, rempli de données concrètes et de recherches citées, est « What You Don't Know about Religion (but Should) » (Ce que vous ne connaissez pas de la religion, mais vous devriez..) – du sociologue Ryan T. Cragun. Quel est, par exemple, le rapport des incroyants par rapport à la mort ? Le blog Friendly Atheist reprend le livre de Cragun qui traite la question, en apportant des considérations intéressantes.

 

Cragun (http://www.ryantcragun.com/) part de son expérience personnelle d'ex-mormon devenu athée et de la disparition de ses proches. Alors que ses parents faisaient leur deuil en croyant que la personne disparue vivait une autre vie dans l'au-delà, il l'a fait en acceptant avant tout le caractère inévitable de la mort. Dans le cas de son frère, il pouvait supporter sa disparition en sachant qu'il ne souffrirait plus (raisonnement analogue à celui d’Épicure). Il s'est aussi employé à le remémorer et à le célébrer, par exemple, en écrivant à son propos. Cragun a en outre dû comprendre que la raison pour laquelle la perte d'un proche est difficile à affronter réside dans le fait que « nous sommes animaux sociaux et que nous incorporons nos proches en nous mêmes ». De son point de vue, « ajouter des questions concernant le sort éternel semble rendre l'élaboration plus difficile, pas plus facile ».

 

Selon ce chercheur, toujours plus de recherches semblent conforter l'idée que les incroyants réussissent plus facilement à affronter la mort que les croyants. Les incroyants semblent moins préoccupés, moins enclins à employer des moyens invasifs pour allonger leur propre vie dans des situations désespérées et moins anxieux pendant l'agonie, quoique cela semble « extraordinairement contre-intuitif ». Les croyants sont convaincus qu'il y a une autre vie après la mort et ceci, prétend-t-on, les rend plus sereins, mais en fait, il se révèle qu'ils sont plus incertains d'où ils finiront. Aucun d'eux ne peut être sûr à cent pour cent de se réveiller au paradis.

 

En jetant un coup d’œil aux données du « World Values Survey », on remarque que plus on considère la religion importante et plus on est porté à penser à la mort. On se demande si être religieux n'inspire pas une plus grande peur de la mort ou si la peur concrète de la mort ne pousse pas les gens à être religieux. Cragun, suivant en cela d'autres spécialistes, penche pour la seconde hypothèse, quoiqu'il soit difficile donner une réponse définitive.

 

Les recherches suggèrent en outre que la religion peut aider à affronter en général les traumatismes comme la mort, car elle fournit « des explications, des justifications ou des rationalisations » (sous réserve de la vérification qu'elles soient fondées ou non) et l'espoir de rejoindre ses proches. Mais la religion parfois peut aussi aggraver l'élaboration du deuil, car il peut arriver que certains rejettent la faute sur Dieu et considèrent qu'ils sont punis par lui, ou bien tombent dans un état d'angoisse car ils sont incertains du sort du défunt. Il suffit de penser à la croyance selon laquelle les enfants baptisés vont en enfer, doctrine réaffirmée sans compromis au cours des siècles par l'Église catholique, croyance seulement récemment tempérée et rendue plus vague.

 

Cragun conclut que « même dans un domaine où la religion est largement considérée comme une aide considérable pour les personnes, elle peut être problématique ». Ce n'est pas la première fois que quelqu'un met en évidence la meilleure approche des incroyants face à la mort ; déjà certains médecins l'avaient remarqué et parmi eux des Italiens, comme Umberto Veronesi. L'enquête confirme de telles impressions. Ce doit être parce qu'ils sont habitués depuis toujours à concevoir la vie avec une fin, que les athées et les agnostiques semblent savoir mieux l'affronter. Ils paraissent même savoir exploiter mieux la vie auparavant. Serait-ce que la diabolisation de leur éthique énoncée par tant de croyants serait seulement le reflet de leur envie diffuse ?

 

 

 

La rédaction

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 14:32

FAISONS L'HYPOTHÈSE

 

Discours de Piero Calamandrei au IIIième Congrès de l'Association de défense de l'école nationale

11 février 1950 – Rome

 


Chers collègues,

 

Nous sommes ici des enseignants de tous les types d'écoles, des écoles élémentaires aux universités [...]. Nous sommes ici réunis dans ce congrès qui est consacré à la Défense de l'école. Pourquoi défendons-nous l'école ? Peut-être l'école est-elle en danger ? Quelle école défendons-nous ? Quel est le danger qui pèse sur l'école que nous défendons ? Il peut venir à l'esprit que nous sommes réunis pour défendre l'école laïque. C'est sans doute vrai et on l'a dit ce matin. Mais ce n'est pas tout, il y a quelque chose de plus. Il ne faut pas enfermer notre colloque dans une polémique entre des cléricaux et des anticléricaux. Sans dire, ensuite, que nous défendons ce que nous avons. Maintenant, êtes-vous vraiment sûrs qu'en Italie, nous ayons l'école laïque ? Qu'on puisse défendre l'école laïque comme si elle existait, après l'article 7 ? Mais laissons, allons au-delà. Nous défendons l'école démocratique : l'école qui correspond à cette Constitution démocratique que nous avons voulu nous donner ; l'école qui est comme cette Constitution, qui peut être un instrument, pour que cette Constitution écrite sur le papier devienne réalité [...].

 

L'école, comme je la vois, est un organe « constitutionnel ». Elle a sa place, son importance au centre de ce complexe d'organes qui forment la Constitution. Comme vous savez (vous avez tous lu notre Constitution), dans la seconde partie de la Constitution, qui s'intitule « le système de l'État », sont décrits ces organes au travers desquels s'exprime la volonté du peuple. Ces organes à travers lesquels la politique se transforme en droit, les vitales et saines luttes de la politique se transforment en lois. Maintenant, lorsqu'il vous vient à l'esprit de vous demander quels sont les organes constitutionnels, à tous, vous viendra naturellement la réponse : ce sont les Chambres, la Chambre des députés, le Sénat, le président de la République, la Magistrature ; mais il ne vous viendra pas à l'esprit de considérer parmi ces organes aussi l'école, qui par contre est un organe vital de la démocratie telle que nous la concevons. Si on devait faire une comparaison entre l'organisme constitutionnel et l'organisme humain, on devrait dire que l'école correspond à ces organes qui dans l'organisme humain ont la fonction de créer le sang [...].

 

L'école est l'organe central de la démocratie, car elle sert à résoudre ce qui selon nous, est le problème central de la démocratie : la formation de la classe dirigeante. La formation de la classe dirigeante, pas seulement dans le sens de classe politique, de cette classe qui siège à l'assemblée et discute et parle (et peut-être hurle) et qui est à la tête des organes plus proprement politiques, mais aussi la classe dirigeante dans le sens culturel et technique : ceux qui sont à la tête des ateliers et des entreprises, qui enseignent, qui écrivent, les artistes, les praticiens, les poètes. Voilà le problème de la démocratie, la création de cette classe, qui ne doit pas être une caste héréditaire, fermée, une oligarchie, une église, un clergé, un ordre. Non. Dans notre idée de la démocratie, la classe dirigeante doit être ouverte et toujours renouvelée par l'afflux des meilleurs éléments de toutes les classes, de toutes les catégories. Chaque classe, chaque catégorie doit avoir la possibilité de délivrer ses éléments meilleurs, pour que chacun d'eux puisse temporairement, transitoirement, pour ce bref instant de vie que le sort concède à chacun de nous, contribuer à apporter son travail, le meilleur de ses qualités personnelles au progrès de la société [...].

 

La démocratie doit servir à rendre chaque homme digne d'avoir sa part de soleil et de dignité (applaudissements). Mais ceci seule l'école peut le faire, elle qui est le complément nécessaire du suffrage universel. L'école, qui a vraiment ce caractère au sens politique le plus élevé, car seule elle peut aider à choisir, elle seule peut aider à créer les personnes dignes d'être choisies, qui proviennent de toutes les classes sociales.

 

Voyez, cette image est fixée dans un article de la Constitution, même si la formule est moins imagée. C'est l'article 34, dans lequel il est dit : « L'école est ouverte à tous. Les capables et les méritants, même privés de moyens, ont le droit de parvenir aux plus hauts degrés des études ». C'est l'article plus important de notre Constitution. Il faut se rendre compte de la valeur politique et sociale de cet article. Seminarium rei pubblicae, disaient les Latins du mariage. Nous pourrions le dire de l'école : Seminarium rei pubblicae : l'école engendre les meilleurs pour la rénovation continue, quotidienne de la classe dirigeante. Maintenant, si telle est la fonction constitutionnelle de l'école dans notre République, demandons nous : comment est construit ce moyen ? Quels sont ses principes fondamentaux ? Avant tout, l'école d'État. L'État doit établir ses écoles. Avant tout l'école publique. Avant d'exalter l'école privée, il faut parler de l'école publique. L'école publique est le prius, la privée est le posterius. Pour avoir une bonne école privée, il faut que celle de l'État soit excellente (applaudissements). Vous voyez, nous devons avant tout mettre l'accent sur cet alinéa de l'article 33 de la Constitution qui dit : « La République dicte les règles générales de l'instruction et institue des écoles d'État pour tous les types et les degrés ». Donc, par cet alinéa [...] l'État a en matière scolaire, avant tout une fonction normative. L'État doit poser la législation scolaire dans ses principes généraux. Immédiatement après, l'État a une fonction de réalisation [...].

 

L'État ne doit pas dire : je fais une école modèle, puis que les autres le fassent le reste . Non, l'école est ouverte à tous et si tous veulent fréquenter l'école d'État, ils doivent tous trouver place dans tous les types d'écoles, toutes écoles excellentes, correspondant aux principes fixés par l'État, des écoles publiques, qui permettent d'accueillir tous ceux qui s'adressent à l'État pour aller dans ses écoles. L'école est ouverte à tous. L'État doit donc établir des écoles excellentes pour recevoir tous. Ceci est écrit dans l'article 33 de la Constitution. L'école d'État, l'école démocratique, c'est une école qui a un caractère unitaire, elle est l'école de tous, elle crée des citoyens, elle ne crée ni des catholiques, ni des protestants, ni des marxistes. L'école est l'expression d'un autre article de la Constitution : de l'article 3 : « Tous les citoyens ont parité sociale et sont égaux devant la loi, sans distinction de sexe, de race, de langue, de religion, d'opinion politique, de conditions personnelles et sociales ». Et l'article 151 : « Tous les citoyens peuvent accéder aux fonctions publiques et aux charges électives dans des conditions d'égalité, selon les critères établis par la loi ». De ces deux articles, il ressort que l'école d'État doit être l'instrument, l'instrument de cette égalité civique, de ce respect pour les libertés de toutes les confessions et de toutes les opinions [...].

 

Quand l'école publique est ainsi forte et sûre, alors, mais alors seulement, l'école privée n'est pas dangereuse. Alors, mais alors seulement, l'école privée peut être un bien. Il se peut que des forces privées, des initiatives pédagogiques de classes, de groupes religieux, de groupes politiques, de philosophies, de courants culturels, coopèrent avec l'État à élargir, à stimuler, et à renouveler la culture dans une variété de tentatives. Au droit de la famille, qui est institué dans un autre article de la Constitution, dans l'article 30, d'instruire et d'éduquer les enfants, correspond cette opportunité qui doit être donnée aux familles de faire fréquenter à leurs enfants des écoles de leur choix et donc de permettre l'institution d'écoles qui correspondent mieux que maintenant aux préférences politiques, religieuses, culturelles de cette famille, avec toutefois, certaines garanties. Mais il faut bien se rendre compte qu'alors que l'école publique est expression d'unité, de cohésion, d'égalité civique, l'école privée est expression de différence, qui peut vouloir dire d'hétérogénéité de courants décentralisateurs, dont l'État doit empêcher qu'ils deviennent des courants désagrégateurs. L'école privée, en d'autres mots, n'est pas créée pour cela.

 

L'école de la République, l'école de l'État, n'est pas l'école d'une philosophie, d'une religion, d'un parti, d'une secte. Donc, pour que les écoles privées puissent être un bien et pas un danger, il faut : (1) que l'État les surveille et les contrôle et qu'il soit neutre, impartial vis-à-vis d'elles. Qu'il ne favorise pas un groupe d'écoles privées au détriment d'autres. (2) Que les écoles privées correspondent à certaines qualités minimales de sérieux d'organisation. Seulement de cette façon et d'autres plus spécifiques, que je dirai sous peu, on peut avoir avantage à la coexistence de l'école publique avec l'école privée, à la compétition entre les écoles d'État et les écoles privées. Que s'établisse une compétition entre les écoles publiques et les écoles privées, de sorte que de la création de ces écoles privées, et qui éventuellement peuvent apporter des idées et des réalisations qui jusqu'à présent n'existaient pas dans les écoles publiques, l'État se sente stimulé à faire mieux, à rendre, qu'il me soit permis l'expression, « plus excellentes » ses propres écoles. L'école privée doit être pour l'État un aiguillon, pas une raison d'abdication.

 

Il y a des écoles de parti ou des écoles d'église. Mais l'État doit les surveiller, doit les réguler ; il doit les maintenir dans leurs limites et doit faire mieux qu'elles. L'école d'État, en somme, doit être une garantie, pour qu'on ne bascule pas dans ce qui serait la fin de l'école et peut-être la fin de la démocratie et de la liberté, c'est-à-dire dans l'école partisane. Comment fait-on pour instituer dans un pays une école partisane ? Il peut y avoir deux manières. Une est celle du totalitarisme ouvert, avoué. Nous l'avons expérimentée, hélas. Je crois que tous ici vous vous en rappelez, mais cependant nombre de gens ne s'en rappellent plus. Nous l'avons expérimentée sous le fascisme. Toutes les écoles deviennent des écoles d'État : l'école privée n'est plus permise, mais l'État devient parti et dès lors, toutes les écoles sont des écoles d'État et par cela, elles sont aussi des écoles de parti. Mais il y a une autre manière pour arriver à transformer l'école d'État en école de parti ou de secte. Le totalitarisme sournois, indirect, froid, comme certaines pneumonies froides qui arrivent sans fièvre, mais qui sont très dangereuses. Faisons l'hypothèse, ainsi abstraitement, qu'il y ait un parti au pouvoir, un parti dominant, lequel cependant veut respecter formellement la Constitution, il ne veut pas la violer, en somme. Il ne veut pas faire la marche sur Rome et transformer la Chambre en logement pour manipules ; mais il veut instituer, sans qu'il y paraisse, une dictature larvée. Alors, que faire pour s'emparer des écoles et pour transformer les écoles d'État en écoles de parti ? Ce parti s'aperçoit que les écoles d'État ont le défaut d'être impartiales. Il y a une certaine résistance ; dans ces écoles, il y en a toujours ; même sous le fascisme, il y en eut. Alors, le parti dominant suit une autre route (C'est une hypothèse toute théorique, entendons-nous bien ).

 

Il commence à négliger les écoles publiques, à les discréditer, à les appauvrir. Il les laisse s'anémier et il commence à favoriser les écoles privées. Pas toutes les écoles privées. Les écoles de son parti, de ce parti. Et alors toutes les aides commencent à aller à ces écoles privées. Aides d'argent et de privilèges. On commence même à conseiller aux jeunes d'aller dans ces écoles, parce qu'au fond, elles sont meilleures, dit-on, que celles d'État. Et peut-être, donne-t-on des primes, comme maintenant, ou propose-t-on de donner des primes aux citoyens qui sont disposés à envoyer leurs enfants dans les écoles privées au lieu des écoles publiques. À « ces » écoles privées. Les examens sont plus faciles, on y étudie moins et on y réussit mieux. Ainsi l'école privée devient une école privilégiée. Le parti dominant, en ne pouvant pas transformer ouvertement les écoles d'État en écoles de parti, déglingue les écoles d'État pour donner la prédominance à ses écoles privées.

 

Attention, mes amis, dans ce congrès, c'est le point qu'il faut discuter. Attention, c'est la recette. Il faut tenir à l’œil les cuisiniers de cette basse cuisine. L'opération se fait en trois temps : (1) je vous l'ai déjà dit : ruiner les écoles d'État. Les laisser à l'abandon, qu'elles périclitent. Appauvrir leurs budgets. Ignorer leurs besoins. (2) Atténuer la surveillance et le contrôle sur les écoles privées. Ne pas en contrôler le sérieux. Y laisser enseigner des enseignants qui n'ont pas les titres minimums pour enseigner. Permettre que les examens soient des « plaisanteries ». (3) Donner aux écoles privées l'argent public ! Voilà le nœud. Donner aux écoles privées de l'argent public ! C'est la méthode la plus dangereuse. Elle est la phase plus dangereuse de toute l'opération [...]. Voilà donc le point, c'est le point plus dangereux de la méthode. L'argent de tous les citoyens, de tous les contribuables, de tous les croyants des différentes religions, de tous les membres des différents partis, qui est ainsi destiné à alimenter les écoles d'une seule religion, d'une seule secte, d'un seul parti [...].

 

Pour se prémunir contre ce danger, il ne nous faut pas beaucoup de ruse. Pendant la Constituante, pour le prévenir, il fut mis dans l'article 33 de la Constitution cette disposition : Des « organismes et privés ont le droit d'instituer des écoles et des instituts d'éducation sans charges pour l'État ». Comme vous le savez cette formule naquit d'un compromis ; et comme toutes les formules nées de compromis, elle donne droit, aujourd'hui, à des interprétations sophistiques [...]. Mais ensuite, il y a une autre question qui est apparue, qui devrait permettre de contourner la loi. Il s'agit de ce que nous juristes appelons « fraude à loi », qu'il est ce que les clients demandent aux casuistes de peu de scrupules, vers lesquels le client se tourne pour savoir comment il peut violer la loi en ayant l'air de l'observer [...]. Et ainsi est apparue l'idée des allocations familiales, des allocations familiales scolaires.

 

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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 14:25

 

 

LE MIRACLE DE BOLOGNE (SUITE)



FAISONS L'HYPOTHÈSE

 

Discours de Piero Calamandrei au IIIième Congrès de l'Association de défense de l'école nationale – 11 février 1950 – Rome



Texte italien : http://www.uaar.it/uaar/ateo/archivio/2002_3_art1.html

 

Calamandrei-Discorso-Uaar.jpeg

 

Incroyablement lucide et actuelle cette question de Piero Calamandrei à ses collègues enseignants d'Italie : « Êtes-vous vraiment sûrs qu'en Italie nous ayons l'école laïque ? » Les gens de Bologne n'en sont pas vraiment sûrs, eux qui réclament une école véritablement publique et pas un ersatz privatisé et sous-traité à l'Église catholique. Micro-Mega titre au lendemain de ce référendum : « Miracle à Bologne »... [http://temi.repubblica.it/micromega-online/miracolo-a-bologna-davide-batte-golia/] et en effet, c'en est un. Quelques laïques de bonne volonté, écœurés par le système en place (Cet écœurement, c'était déjà la position des premiers antifascistes lorsqu'ils lancèrent en janvier 1925 de Florence le journal clandestin : « Non Mollare! » – Ne pas céder !), ont affronté tout l’establishment ou comme on dit en Italie, toute la caste et l'ont emporté.

C'est d'ailleurs un des arguments fondamentaux (c'est le cas de le dire) avancés par Calamandrei qui servit de fondement au groupe « Article 33 », qui a fédéré les citoyens de Bologne : la constitutionnalité de l'école, l'absolue priorité de l'école publique, la subsidiarité de l'école privée (fût-elle sous l'aile protectrice de l'évêché et du Vatican) et l'impératif constitutionnel qu'elle ne coûte rien à la collectivité publique.

On verra ci-après que Calamandrei est respectueux du prescrit de la Constitution qui est double : l'État, le service public doit fournir aux citoyens les meilleurs écoles à tous les niveaux et la liberté accordée de créer des écoles privées, mais sans qu'il en coûte à la collectivité. Car et c'est là aussi l'intérêt du discours de Calamandrei, cet argent, ces subventions publiques à l'enseignement catholique se feraient nécessairement au détriment de l'enseignement public, gratuit et démocratique, au détriment du meilleur enseignement et conduirait (et ce n'est pas innocent) à la destruction de l'enseignement public et dès lors, au détricotage de la Constitution et de cet embryon de démocratie qu'elle avait mis en place.



Il est intéressant de lier ce discours à celui que le même Piero Calamandrei fit quelques années plus tard devant les étudiants à la Société Humanitaire de Milan, le 26 janvier 1955, où il met en garde les jeunes gens contre la « desistenza » – désistance, qui au détricotage de la Constitution ajoute le retour progressif des fascistes dans la vie quotidienne et politique italienne et une sorte de grimace de mépris vis-à-vis de tout ce qui touche à la Résistance. À partir de là, on comprend le terrible destin de déchéance qui a frappé l'Italie depuis la liquidation du gouvernement de Ferruccio Parri en 1946 – issu de la résistance au fascisme, ce gouvernement n'eut pas l'heur de plaire aux libérateurs atlantistes... On imposa la démocratie chrétienne et l'heure des grands arrangements, comme on dit aujourd'hui : des « larges ententes » (larghe intese). Ces « larges ententes » qui font actuellement fureur en Italie (bâties sur le chantage : ou on vote la confiance ou c'est le chaos – rengaine de toutes les dictatures), se retrouvent d'ailleurs un peu partout en Europe ; ce sont elles, ces larges ententes, qui servent à faire avaler la « pilule de crise » aux populations médusées. C'était aussi l'argument (Ou le vote de confiance au Chancelier ou la dissolution et le chaos) qui l'emporta au Reichstag, le 30 janvier 1933 et mit en selle le Troisième Reich, celui qui devait durer mille ans.



L'école – à tous ses niveaux – telle qu'elle est prévue et voulue par la Constitution, l'école publique et démocratique sert à préparer, à former la classe – je dirais la couche – dirigeante de la société. Calamandrei ajoute « et non la caste »... et ô combien, il voyait juste. Il s'agit de l'école de la démocratie et souligne Calamandrei : « La démocratie doit servir à rendre chaque homme digne d'avoir sa part de soleil et de dignité. »



Dès lors, priorité absolue à l'école publique : « L'État doit établir ses écoles. Avant tout l'école publique. Avant d'exalter l'école privée, il faut parler de l'école publique. L'école publique est le prius, la privée est le posterius. » Priorité de principe et conséquemment, tous les moyens de cette priorité.



Ce discours est intitulé : « Faisons l'hypothèse... » et ce ne peut être par hasard, mais tout au contraire, le titre est là pour attirer et focaliser l'attention sur le point central de l'analyse de Calamandrei. Et où trouve-t-on ce « Faisons l'hypothèse... » ?  On trouve cet écho du titre juste au moment du discours où Calamandrei aborde l'école de parti, qui pour lui, est l'antithèse de l'école d'État démocratique. Mais qu'on ne s'y trompe pas, quand Calamandrei parle des écoles de parti, il vise clairement un parti : la démocratie chrétienne, qui pendant quarante ans va tenir l'État italien sous son auréole. Aujourd'hui qu'elle a disparu en tant que parti, elle se reconstitue en tant que caste ou que mouvement souterrain téléguidant les partis – de gauche comme de droite – P.D. ou PDL et quand il y a lieu, du centre. Elle est devenue ubiquitaire. Elle s'est infiltrée partout, elle a essaimé partout ; en cela, elle retrouve son origine, elle est catholique bien plus que chrétienne. C'est sous son empire que l'on a maintenu les cadres issus du fascisme en place, c'est sous sa houlette que l'on a laissé prospérer les rejetons du ventennio, des vingt ans de fascisme.



Disons-le tout net,pour ce qui des résurgences et des régurgitations futures, Calamandrei voyait juste et clair, tout comme l'avait fait également Carlo Levi dans son roman L'Orologio (1948) et dans ses éditoriaux d'Italia Libera, quand il dénonçait la liquidation du gouvernement de Ferruccio Parri et des Comités nationaux de la Libération.



Comme on le voit, la question de l'école et de l'enseignement n'est pas neutre, n'est pas une pure affaire comptable....







Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.



 

Comme on le voit, la question de l'école et de l'enseignement n'est pas neutre, n'est pas une pure affaire comptable....

 

En raison de la longueur du texte, il nous a fallu le scinder... la suite sous le titre Faisons l'hypothèse (2)  Discours de Piero Calamandrei

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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 10:46

 


OBJECTION DE CONSCIENCE SAUVAGE,


QUELQUE CHOSE FINALEMENT BOUGE

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (12 juin 2013) : Résumé.

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/12/obiezione-coscienza-selvaggia-qualcosa-si-muove/

 

 

non-au-retour-des-aiguilles.jpeg

 

 

Précepte laïque

Médecins, encore un effort pour devenir laïques !

 


L'objection de conscience a rejoint maintenant des niveaux insoutenables et met maintenant en danger même l'application de la loi 194 (Loi organisant l'avortement médical). Nous le soutenions depuis longtemps, mais maintenant, ce l'a été de façon officielle même au gouvernement et au Parlement. C'est une bonne nouvelle.


Le noeud crucial est vraiment l'objection sauvage, ...La Repubblica a récemment mis en garde : maintenant les médecins objecteurs dans les hôpitaux ont dépassé les 80%. À la Chambre ont été présentées diverses motions pour engager le gouvernement à réaliser pleinement la loi 194.


Du Parlement arrivent des signes encourageants, qui, espère-t-on, pourront protéger les droits des femmes, maltraités depuis tant d'années. Cette évolution récompense le travail de sensibilisation et d'information, notamment de l'Uaar, par exemple avec la campagne « Le bon médecin n'objecte pas » et la mobilisation internet #save194. Mais cela ne suffit pas : l'objection de conscience est un statut obsolète, né pour garantir des droits acquis, mais devenu maintenant un pur expédient pour faire carrière spécialement dans les régions les plus cléricales. Ainsi qu'un moyen employé pour démanteler de l'intérieur la loi qui permet aux femmes de choisir d'interrompre une grossesse, en limitant fortement leurs droits. Mais c'est un peu comme un musulman qui veut être employé dans une fabrique de charcuterie sans avoir à faire avec des suidés. Un « Non sens ».

 


Le résultat de la confrontation confirme que, dans le nouveau Parlement, les voix des cléricaux sont effectivement affaiblis. Elle est une occasion pour reproposer quelques thèmes, ce que nous avons défini comme le « minimum syndical laïque » pour un pays occidental qui se veut civilisé : comme les unions civiles, le testament biologique et l'autonomie de fin de vie, l'interdiction de l'homophobie, le réalisation de la loi 40 sur la fécondation assistée, la mise en œuvre de la loi 194 (instituant l'IVG), le divorce rapide, la réduction des coûts publics de l'Église. En dépit des larges ententes, il y a la possibilité de les adopter. À l'enseigne d'un large accord laïque qui surpasse les palissades cléricales.

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 20:41

AYALA ET LES RABBINS



Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (10 juin 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/10/storia-ayala-rabbini-vogliono-togliere-figli/

 

 

 

 

Précepte laïque


États, encore un effort pour devenir (tous) laïques !

 

 

 

Il en va de la religion comme de la politique... Il y a beaucoup de partis, beaucoup de candidats et quand même aussi, beaucoup d'élus.

Il y a aussi beaucoup de religion, mais une seule laïcité – cette dernière étant un état de fait, les religions étant des croyances, c'est-à-dire de pures supputations, des non-faits. Autrement dit, du point de vue de la réalité, les religions sont des non-réalités, des propositions négatives ; souvent, elles nient le réel au profit de fantasmatiques hypothèses.

Mais laissons les religions se débrouiller entre elles... Et si elles voulaient bien s'en tenir à leurs sphères, sans interférer dans le monde des humains, tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais voilà, elles débordent et leur suffisance est infinie.



Cette fois, pour montrer qu'il n'y a pas que l'Église catholique qui professe l'aberration, les autres religions aussi. Ici, la religion hébraïque dans sa version hard : les haredim. Nos amis de l'Uaar relatent un épisode de confrontation entre une femme (!) qui devient laïque et qui tente de quitter avec ses enfants (elle eût été seule, les choses auraient peut-être été plus simples) la communauté ultraorthodoxe des haredim. Voir la suite dans l'article...



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L'appartenance au judaïsme se transmet par la mère. Toutefois, lorsque la mère ne semble pas fort convaincue de la pratique juive, on peut tranquillement confier les enfants au père. C'est ce qui ressort d'un événement, aux aspects dramatiques, dont le quotidien israélien Haaretz rapporte la nouvelle .

Une femme élevée dans une famille ultra-orthodoxe, connue sous le nom d'Ayala, épouse à dix-huit ans à peine un pieux haredi dont l'occupation est l'étude intensive des textes sacrés dans une yeshiva (école religieuse). Elle commence à fournir des enfants et s'adapte au rôle d'isolée chez elle pour s'occuper de ses enfants, coupée des ses anciennes amitiés et relations. La femme cependant est curieuse, elle veut apprendre et se pose des questions, supporte de moins en moins son mari oppressif. Le couple se tourne vers les rabbins, qui lui disent d'être respectueuse vis-à-vis de son mari.

À un certain moment, Ayala conçoit des doutes par rapport à la religion, jusqu'à ne plus se sentir croyante. Le mari évidemment la considère dénaturée, dit que les femmes ne doivent pas se poser des questions de ce type. Mais elle trouve des nouvelles et des réflexions intéressantes sur internet, son passage à l'incroyance est ainsi entretenu. Le choc arrive lorsque le sixième enfant dont elle accouche, une fille, naît morte. Elle se retrouve emprisonnée dans une réalité qui ne lui appartient pas et dont il est très difficile sortir, celle des intégristes ultraorthodoxes. Elle demande à son rabbin de pouvoir employer des contraceptifs, mais cela lui est refusé. Quatre mois après l'accouchement mal tourné, elle est à nouveau enceinte.

Sur le web, elle tombe sur une tribune d'haredim qui ont perdu la foi mais qu'ils ne veulent pas rompre avec la tradition pour ne pas diviser la famille. Du coup, elle s'inscrit en sociologie, mais la décision est mal vue de la communauté, qui offre de la payer pour qu'elle interrompe les études. Sa « seconde vie » et contacts avec les « hérétiques » sont découverts par son mari, qui demande le divorce.

Commence alors l'odyssée légale pour Ayala. Elle se tourne vers un tribunal civil, mais son mari ensuite tente de se rabibocher avec sa femme, ou au moins le fait-il croire. Peu de jours après la clôture de la procédure civile, l'homme en appelle à un tribunal rabbinique en demandant la garde des enfants. En Israël en effet, il est admis, à l'enseigne du communautarisme qui garantit des privilèges aux communautés religieuses intégristes, que les cours rabbiniques délibèrent à propos des enfants et des aliments en cas de séparation. Pour l'avocat de la femme, le mouvement du mari est clairement instrumental, il vise à détourner la procédure de la cour laïque vers la cour religieuse, qui favorise l'homme. Entre temps, Ayala reste à la maison avec son mari, qui l'humilie et tente de lui enlever les enfants. Ensuite il se transfère ailleurs et il lui est provisoirement concédé la garde jointe. Mais le mari insiste, de sorte que la femme est accusée de consommer des drogues et il dit aux les enfants qu'elle fait partie d'une secte et que sa maison est maudite.

Le cas est arrivé à la Cour d'appel, à laquelle la femme a fait recours grâce à l'aide économique d'une association. La cour devra décider de renvoyer les actes à un tribunal civil : un cas qui risque de faire exploser aussi en Israël la contradiction criante entre les espaces concédés à la jurisprudence communautariste et le cadre de la loi civile, présumée laïque et égalitaire. Problème d'ailleurs semblable à celui des tribunaux islamiques en Grande-Bretagne, où précisément, les femmes sont la partie plus faible.

Entre temps a été reconnu aux femmes israéliennes le droit pouvoir réciter la Torah devant le Mur des Lamentations à Jérusalem, avec avec le châle traditionnel (tallit) et rubans de cuir (tefillin), malgré l'opposition des plus orthodoxes, qui a donné lieu à beaucoup à de tensions. Il s'agit d'une autre question qui prête à discussion : pour beaucoup de femmes cela représente un pas en avant « féministe », mais cela peut aussi être interprété comme vouloir métaboliser et reproposer ces logiques intégristes qui tiennent les femmes dans un état de minorité, plutôt que de viser leur libération.



Les confessions religieuses sont au premier rang quand il s'agit de combattre la reconnaissance du droit à l'adoption de la part des homosexuels. Un enfant a besoin d'une mère et d'un père, disent-elles. Sauf ensuite à déroger souvent et volontiers à cette thèse. Le fin ultime de la foi, de toute confession religieuse, est du reste sa reproduction dans le temps. Tout le reste — les vies des femmes, des hommes et des enfants, les principes de la religion-même — ne compte pas. L'État existe quand même pour poser une limite à certaines délirantes manies des grandeurs. Ayala, malheureusement pour elle, s'est heurtée à un État complice (de la religion), comme l'immense majorité des États de cette planète.


La rédaction

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 22:57

 

SORTIR DU TROUPEAU



Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (8 juin 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/08/sostegni-uscire-bene-dal-gregge/

 

 

 

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Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour sortir du troupeau !

 

 

Dans le temps, les apostats étaient passés par les armes. Et ça arrive encore aujourd'hui, dans quelques pays islamiques. Toutefois, dans les pays occidentaux, il n'est pas toujours aussi simple de quitter une religion, lorsqu'il n'y a pas une autre religion qui vous attend. Nous savons combien il est difficile pour des athées et des agnostiques, même en Italie, de vivre, de manière ouverte et sans drame, l'incroyance dans des contextes sociaux fortement imprégnés de religiosité et où des préjugés envers les sceptiques sont répandus. Il peut se passer dans des cas qui nous font honte, qu'on doive s'affronter avec la famille ou qu'on vive dans l'incertitude un certain isolement ; tout cela peut être très stressant du point de vue émotif et psychologique, ou conduire à des attitudes destructives. Par ailleurs, la religion fonctionne pour beaucoup de personnes car elle représente un facteur de participation et de socialisation et permet l'accroissement du capital social, de la même manière d'autres groupes humains.

Comment sortir de l'impasse où vit une certaine tranche d'incroyants ? Parmi les solutions, il y a cette proposition de l'association laïque Recovering from Religion, présente aux Usa et en Grande-Bretagne. Elle propose une ligne téléphonique , lit-on sur un blog de CNN, qui fournit un support aux incroyants par un groupe d'écoute 24 heures sur 24. Les cas ne sont en effet pas rares où certains craignent de s'affirmer publiquement ou sont préoccupés du jugement de leurs familles et de leurs leaders religieux, ou bien cherchent à entrer en contact avec d'autres personnes aux idées semblables.

Comme explique la directrice de Recovering from Religion, Sarah Morehead, il ne s'agit pas « de convertir » à l'athéisme, mais de fournir de l'aide ;« Souvent, les gens ont seulement besoin de quelqu'un avec qui parler ». Elle même affirme recevoir l'un ou l'autre appel par jour et des centaines d'email par mois de la part de personnes qui exposent leurs problèmes. De là est née l'idée d'organiser un service professionnel. Notre association (l'Uaar) aussi d'ailleurs reçoit beaucoup de messages et d’appels téléphoniques de ce type, bien que notre aide ne soit pas de type psychologique, mais plutôt d’assistance légale sur des questions comme le débaptême et l’heure alternative (heure d'école à la place du cours de religion).

Le schéma est semblable à celui du support LGBT ou des lignes anti-suicide : celui qui en a besoin peut appeler un numéro vert de manière anonyme. Pour répondre il y a un expert, à qui exposer ses problèmes personnels. Le conseiller fournit des solutions concrètes pour aider l'intéressé à abandonner la religion d'une manière non-traumatique et à rejoindre, s'il le veut, un groupe d'incroyants ou une communauté religieuse dans sa zone. Les critiques de conservateurs et d'intégristes ne pouvaient pas donc manquer, qui parlent de plan pour augmenter le nombre des athées. Mais Morehead fait remarquer que « la plupart des personnes qui nous contactent se sont déjà engagées à leur manière pour devenir des incroyants ».

Aux États-Unis, la croissance des « nones » (sans [religion] – non affiliés) est maintenant évidente, surtout parmi les jeunes. Et internet est un moyen très utile pour permettre de rencontrer avec autres personnes et de trouver des informations utiles qui renforcent la conscience. Ces dernières années, vu l'intensité du phénomène, fleurissent les groupes et l'assistance vers ceux qui abandonnent une foi. Comme le Clergy Project, pour les prêtres et les religieux qui ne croient plus en Dieu. Justement Teresa MacBain, ex-pasteur passée à l'athéisme et à présent directrice du Project, voit positivement la « help-line », affirme qu'elle l'aurait employée et se propose pour le « conseil » : « elle est une autre manière pour les gens de contacter quelqu'un de manière anonyme et de parler des luttes qu'elles ont pour leurs croyances ».

La sécularisation toujours plus étendue change le panorama religieux mondial avec une profondeur jamais observée auparavant. Faire partie d'une religion, ou mieux, seulement dire d'en faire partie, est toutefois un phénomène qui a été toujours fortement aidé par le mécanisme de la désirabilité sociale. C'est pour cela qu'il doit être combattu : des athées et des agnostiques engagés ne font pas du « prosélytisme » — car ils n'ont pas de paradis à vendre ou de dogmes salvateurs — mais ils agissent pour créer un monde dans lequel chacun soit réellement lui-même et libre de se réaliser, et le plus possible imperméable à toute forme de conditionnement social. C'est pour cela que l'Uaar a par exemple promu le droit au débaptême [http://www.uaar.it/laicita/sbattezzo/] et a créé la section Ecco gli atei e gli agnostici (Voici les athées et les agnostiques) et le test « Scopri quanto sei cattolico(Découvrecombien tu es catholique) ». Et c'est pourquoi elle a lancé la campagne « Bien Sans D ». Existent, dans la seule Italie, des millions d'incroyants cachés. Tant qu'il en restera même seulement un, ici il y aura de quoi faire.

 

La rédaction

 



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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 23:31

 

 

« NOUS VIVONS BIEN SANS D... »


UNE CAMPAGNE DE L'UAAR.

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (4 juin 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/06/04/bologna-cagliari-milano-continua-campagna-uaar-viviamo-bene-senza-d/

 

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Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir (tous) laïques !

 

 

Voilà donc, les amis italiens de l'UAAR qui se lancent dans une nouvelle campagne de sensibilisation et d'affirmation publique de l'existence des athées, agnostiques... Bref, de laïques en Italie. On pourrait, d’aucuns diraient même on devrait, s'en réjouir et trouver que cette affirmation de dix millions de laïques en Italie est in se une bonne chose... Qu'on nous permette d'en douter...

 

Cette affirmation par le nombre n'est pas – d'un point de vue laïque – une bonne idée... ni un argument recevable. Il n'y aurait qu'un seul laïque (Ni Dieu, ni Maître) que la laïcité n'en serait pas déforcée, car elle est un principe de vie et son fondement est tout entier dans le « moi », dans le « io »... En cela, comme on le verra, l'UAAR a raison. Notons au passage qu'une affirmation exacte ne pourra jamais être anéantie par un nombre infini d’affirmations erronées « E pur si muove... ». Dunque, on en revient pour ce qui est de la vie humaine (le reste est hors de propos), à ce que l'homme concret, individuel, vivant, respirant... est la mesure de toutes choses. Pour la simple, bonne et unique raison qu'il est le seul en état de mesurer. Autement dit, sans homme, pas de mesure (possible).

 

Par ailleurs, que la solidarité s'exerce entre tous ces humains laïques soit une excellente chose, dans le principe et dans les faits... Là aussi, l'Uaar a raison.

 

Le danger ( et l’origine de notre doute) est dans les comptes d'apothicaires... et dans l'agonisme face aux religions. Jamais, au grand jamais, sous peine de se perdre, le laïque et cette nébuleuse de laïques qu'est la laïcité ne peuvent entrer dans ce jeu de concurrence, ni ne doivent accepter d'être mis dans le même sac que les sectes et les religions. Pour l'unique et solide raison qu'ils les rejettent en bloc et sans aucune discrimination. Reste à comprendre – hors Dieu qui n'existe pas et dès lors, dans notre raisonnement, ne compte pas – ce qui caractérise les religions et dès lors, ce qu'il conviendrait à toutes forces d'éviter... La religion est précisément ce que l’étymologie nous enseigne : un lien entre des gens, lien dont le fondement est la croyance commune ... La laïcité, venue au monde bien avant la théorie chrétienne, cette laïcité qui n'est rien d'autre que le peuple des gens (hic et nunc), l'humaine nation dans sa quotidienne concrétude, se fonde elle sur la solidarité, instaure la reliance sociale entre des vivants, précisément parce qu'ils sont vivants et existants là. Cette solidarité laïque, cette reliance qui s'instaure entre les laïques, est une conséquence de l'autonomie de chacun de ses composants ; elle n'implique aucune subordination. Dès lors, pour exister, la laïcité n'a aucun besoin de singer le religieux et ses rites... La laïcité est un en soi et vit à l'intérieur de l'humain quotidien, c'est-à-dire du laïque que je suis, sans qu'il soit besoin de rien d'autre, d'aucun adjuvant. Tout rite, toute cérémonie, toute marque ou tout lien d'appartenance est par essence religieux. L'homme, la femme (ô surtout, la femme !) ne peut appartenir à personne, ne peut appartenir à rien et encore moins à des entités nébuleuses et fantasmatiques. Le laïque n'appartient pas à la laïcité, c'est exactement l'inverse qui est exact. C'est la laïcité qui est propriété du laïque. On pourrait le dire autrement ainsi : le laïque et sa propriété. On pressent aisément la portée révolutionnaire de cette simple affirmation... La femme ne peut appartenir à personne... Suivez mon regard... L'homme ne peut appartenir à rien, ni à personne... Confrontée à la laïcité, toute la société, toute société patriarcale (ou matriarcale... cela ne change rien) explose instantanément... Tout signe d'appartenance est signe de soumission et de soumission forcée à une entité par essence dictatoriale. Toute religion est par essence liberticide... Comment pourrait-il en être autrement ? Et par conséquent, la laïcité ainsi comprise est libertaire... Forcément, libertaire.

 

 

« Nous vivons bien sans D » : telle est la nouvelle campagne de sensibilisation de l'Uaar afin de donner de la visibilité aux incroyants, à leurs instances et à leurs droits. Une série d'affiches ont été placées à Milan et dans autres villes italiennes pour l'affirmer et pour rappeler que l'Uaar est aux côtés des athées et des agnostiques dans la lutte pour leurs droits et contre les discriminations.

 

Selon les recherches les plus crédibles, il y a dix millions d'incroyants en Italie. Mais ils n'ont pas voix au chapitre, sont souvent maltraités et parfois, craignent de s'affirmer publiquement. Nous ne sommes pas dans un pays laïque, l'influence de l'Église catholique est forte, le conformisme social obséquieux envers la tradition est répandu et le laxisme de la politique est évident. En outre, les incroyants sont l'objet de diabolisation, de préjugés, leur « manque » de foi est qualifié d'absence d'humanité, de sentiments ou de sens éthique. Malgré cela, les athées et les agnostiques peuvent vivre une vie pleine et font partie intégrante de la société. Et cet « io » (moi) de la campagne, loin d'être une expression d'égoïsme, d'étroitesse d'esprit, d'isolement ou de fermeture individualiste, veut être vraiment la valorisation de cette précieuse individualité possible sans dogmes et sans impératifs religieux, déclinée à l'enseigne de la liberté et de la conscience critique. Au fond, dix millions de « moi » font un énorme « nous ».

 

À Milan ont été placées des affiches de 6×3 ( place Belfanti, place Ospedale Maggiore e via dei Vespri Siciliani). Il y a aussi un camion-voile qui circule dans les rues de Milan et dans les communes limitrophes (Segrate, Pioltello, Cernusco, Brugherio, Agrate, Concorezzo, Monza, Lissone, Muggiò, Cinisello, Cusano, Bresso, Sesto, Cormano, Paderno, Cesano, Meda, Seregno, Desio, Seveso, Varedo, Limbiate, Senago, Garbagnate, Caronno, Saronno, Lainate, Arese, Fiera).

À Bologne, dix affiches viennent d’être placées, ou en voie d'affichage via Giotto, via Lipparini, via Saffi, via Ferrarese, via Terracini, viale Felsina, via Stalingrado, via Mattei, via Marco Emilio Lepido et dans la commune de Casalecchio di Reno dans la via Monroe.

Une campagne toujours plus diffusée rendue possible par l'engagement des membres et des cercles sur le territoire et qu'on étendra même dans autres villes, dans les prochaines heures dans la zone de Cagliari, Olbia et Carbonia. Comme le rapporte la Repubblica, rappelant comment même dans ce cas, après l'expérience de l'« ateobus » , il y a eu censure et ostracisme de la part des sociétés publicitaires. Pour l'instant les prélats n'ont pas crié au scandale. L'important est qu'athées et agnostiques d'Italie sachent qu'ils sont nombreux et que l'Uaar est à leurs côtés chaque jour.


La rédaction

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 22:59

L'ÉCOLE PUBLIQUE APRÈS BOLOGNE

(Référendum suite 5)

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (28 mai 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/05/28/scuola-pubblica-dopo-bologna/

 

 

Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

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Cette affaire du référendum de Bologne est finalement réjouissante et assez cocasse.


On croirait une nouvelle version du film des Lumières : « L'arroseur arrosé ».

 

Résumons l'affaire : un petit groupe de parents mécontents de devoir mettre leurs enfants dans des écoles catholiques en raison du fait que la ville de Bologne, aidée en cela par la Région et l'État, alloue des millions d'Euros (un peu plus d'un million pour la seule commune) aux écoles privées – soi-disant pour compenser le manque d'écoles publiques et renvoie les parents vers ces mêmes écoles catholiques et payantes. Évidemment, si ces millions d'Euros allaient aux écoles publiques – comme le prévoit explicitement la constitution italienne dans son article 33, d'où le nom du groupe de parents – il y aurait sans doute toutes les places utiles et disponibles pour tous les enfants d'Italie.

Ces parents après avoir vainement tenté de se faire entendre des politiques, s'étaient résolus à lancer un référendum sur la question. Ce qui n'est pas une mince affaire, soit dit en passant. Ces quelques personnes ont donc franchi tous les obstacles (et on leur en inventait au besoin) et forcé la Ville de Bologne à organiser un référendum sur le sujet. Après avoir freiné la chose, retardé la consultation, dispersé les bureaux de vote dans des endroits incongrus, la majorité politique hétéroclite cathophile, emmenée par le maire et l'évêque (à moins qu'il ne soit cardinal...), a finalement appelé aux urnes en catastrophe le ban et l'arrière-ban de ses fidèles (y compris les bonnes soeurs, qui comme chacun sait, ont une nombreuse descendance), de ses affiliés, de ses clients et de ses affidés afin de noyer dans ses voix les référendaires. Et là, surprise ! Le référendum a certes eu lieu, a rassemblé pas mal de monde, mais curieusement, encore un coup du Diable sans doute, a donné raison aux protestataires... Le tout avec un retentissement national et même, on le voit ici : international.

Bien entendu, maintenant, les politiques minimisent aujourd'hui ce qu'ils avaient magnifié hier, crient au loup, inventent une fois encore des tunnels imaginaires et se ridiculisent plus encore si c'est possible aux yeux du monde (ce dont ils se foutent), mais aussi aux yeux des électeurs... Il est vrai qu'on ressuscite toujours du ridicule.


Pour le reste, n'épiloguons pas ici, on reverra la question de fond avec la publication d'une version française du discours  de Piero Calamandrei : « Faisons une hypothèse ».

 

 

 

 


Le référendum de Bologne avait déjà réussi à reproposer à l'attention de tous le destin de l'école publique. Le résultat du référendum, avec la surprenante (vue la disparité des forces en présence) affirmation des partisans de l'école pour tous, pourrait réussir à augmenter ultérieurement l'attention pour le ce thème très délicat. Nous écrivons « pourrait, » et non « devrait», parce que la classe dirigeante semble se révéler toujours plus sourde aux signaux qui lui arrivent de la population.

 

Le 26 mai ont voté pour le référendum communal, qui était seulement consultatif, 85.934 Bolognais, soit 28,71%. De ceux-ci, 59% ont voté contre les subventions aux écoles maternelles privées et le reste 41% en faveur. L'option soutenue par un comité de citoyens a donc vaincu, malgré que même le maire Virginio Merola spit descendu directement dans l'arène pour boycotter le référendum. Les bureaux de vote prévus étaient peu et mal répartis, et le référendum a été réduit à une journée, avec des graves dysfonctionnements et manque d'information aux électeurs, qui dans beaucoup de cas ne savaient pas où voter. Le comité Article 33 a dénoué toute une série de problèmes et a attaqué la Commune car elle a de fait rendu difficile, si pas impossible le vote à énormément de citoyens.

Malgré la victoire de l'option A, beaucoup ont contesté la légitimité du résultat en parlant participation réduite. Si cependant , on analyse les données des précédentes consultations référendaires communales on se rend compte en effet que l'affluence a été en général basse, encore davantage dans une période de désaffection de la politique comme celle que nous vivons. Par exemple, en 1997 au référendum sur la privatisation des pharmacies communales votèrent 37,11%, mais la consultation se tint durant trois jours. À la lumière même des récentes élections administratives, qui ont vu un écroulement de la participation, la mobilisation de Bologne a réussi malgré des moyens insuffisants là où beaucoup de partis chevronnés échouent par manque de contact avec les réalités du terrain. À dire vrai, il a été plutôt le rassemblement en faveur des écoles privées qui n'a pas réussi à mettre sur le terrain les résultats qu'on attendait, malgré la puissance de leurs moyens et de leurs canaux de propagande et d'information.

Aux communales de 2011, environ 50.000 électeurs avaient voté pour les listes qui ont voté A, donc leur appui s'est maintenu, malgré la déception de la politique. Par contre, environ 140.000 citoyens s'étaient exprimés en faveur des listes favorables à B : mais lorsque il s'est agi d'aller voter pour le référendum, ils en est resté beaucoup moins. Et malgré l'appui de tous les pouvoirs forts : Église, gouvernement, patrons, Cisl (Syndicats catholiques), ainsi que des médias et des journaux locaux, comme Il Resto del Carlino. Ici l'Église a été forcée de descendre dans l'arène, car une des deux options, l'option B était expressément pour les fonds aux écoles privées catholiques. Pas comme lors du référendum national sur la procréation médicalement assistée de 2006, où l'Église avait invité à l'abstention car la loi 40, elle aussi liberticide, ne satisfaisait pas pleinement la doctrine catholique (qui est contraire à la fécondation [médicalement assistée] tout court, là où la loi la limite fortement).

 


Ce front si étendu, riche et influent n'a réussi à mobiliser qu'un nombre incroyablement bas de ses (supposés, ndt) partisans, signe qu'il n'est pas capable de comprendre les revendications de ses inscrits, militants, associés ou fidèles. Pendant qu'un comité né spontanément à la base a réussi à faire converger beaucoup plus de consentements que ce à quoi il s'attendait. Il n'est pas à exclure que la volonté de se mobiliser pour un nombre relativement bas de fils de riches qu'ils veulent payer des minervals plus bas grâce à l'argent public ait été particulièrement réduite.

 

À la lumière de cette affirmation par les urnes, le comité entend aller de l'avant et l'expérience bolognaise pourrait s'enraciner aussi dans autres villes où le détournement des fonds publics est fort au profit des écoles privées (catholiques), malgré les coupes à l'école publique et les temps de vaches maigres (soyons bibliques ! Ndt).

 

Le député Pd et politologue Carlo Galli, qui s'était exprimé pour le B comme tant de responsables de son parti, dans une entrevue à Repubblica a tancé le maire, qui « a géré l'affaire de manière comptable » : « Le A a gagné, il n' a aucun doute, ce serait une erreur de se cacher derrière l'affluence insuffisante ». Le professeur de l'université de Bologne a dit que les citoyens «  sont fatigués et démotivés, mais ils se mobilisent encore sur ces thèmes » de principe. Quelqu'un a fait remarquer la duplicité du maire Merola, qui parlait d'« affluence record » aux primaires du centre-gauche à Bologne en 2011 qui l'avaient élu candidat maire (28.000 votants) alors que pour le référendum il a minimisé le résultat : une « minorité » engagée dans une « bataille idéologique » (mais les votants étaient trois fois plus, soit 85.000).

Après le référendum la Federazione Lavoratori della Conoscenza della Cgil fait remarquer que le résultat du vote « est clair » : « l'école publique a gagné et maintenant l'administration communale doit en tenir compte en ouvrant une discussion publique ». Aussi le secrétaire Mimmo Pantaleo rappelle que « ce serait une erreur d'utiliser argument de l'insuffisante participation au vote ». Et s'adressant à la ministre de l'Instruction Maria Chiara Carrozza, qui aussi avait demandé à grande voix plus de oyens pour l'école : « ce vote reflète les sentiments des personnes qui veulent plus d'école publique et pas la privatisation de l'instruction ». Il faut donc « ouvrir immédiatement une table ronde sur l'urgence dans laquelle se trouve l'école fondamentale en écoutant le cri de détresse qui vient de tant de collectivités locales qui ne réussissent plus à assurer l'offre publique communale et demandent d'étatiser leurs écoles ». Beaucoup de familles en effet, avec la lourde coupe dans les services (publics), se voient donner souvent la lettre de recommandation par les mêmes institutions vers lesquelles ils se tournent et renvoyer vers des écoles privées (catholiques) qui font payer des droits très élevés, malgré qu'ils aient droit à une école publique.

 

Romano Prodi, qui avait invité à voter B, a reconnu que les résultats de Bologne « s'acceptent » (doivent être acceptés). La Commune de Bologne a fait savoir qu'elle n'abolira pas la convention avec les écoles paritaires (catholiques) de l'enfance, mais le maire admet qu' « il est juste d'écouter cette demande d'attention vers l'école publique ». Position partagée la ministre Carrozza : c'est « un vote qui pousse à une réflexion sur le service public, à approfondir au niveau national ». Le maire et la ministre comprennent qu'on ne peut pas éluder la portée nationale de la question, même si rien changera dans l'immédiat. (Paroles, paroles... pour noyer le poisson dans la brume des discours ndt)

 

Parmi les critiques, ne pouvait manquer l'ex ministre et le sénateur Pdl Maurizio Sacconi, qui a qualifié le référendum de fruit « d'une minorité idélogisée, divergente par rapport au sens commun » et a invoqué le quorum pour rendre inefficace même l'instrument du référendum local. L'ex ministre de l'Instruction et vice-chef de groupe des députés Pdl, Maria Stella Gelmini (celle qui avait déjà parlé quand elle aurait mieux fait de se taire en affirmant lors de la découverte du boson: « "L'Italie a contribué à la construction du tunnel entre le Cern (en Suisse) et les laboratoires du Gran Sasso (dans les Abruzzes) où se sont déroulées les expérimentations, en y affectant près de 45 millions d'euros" » – on en rit encore tout au long des 750 km du tunnel fantôme de Madame Gelmini, dont on devine qu'elle a dû fréquenter assidûment les écoles catholiques ), a parlé carrément de « désastre sous tous les points de vue », à cause de l'affluence et parce qu'on « a brisé la gauche ». Gelmini parle d'un référendum « né comme une effraction d'une minorité politique extrémiste, étatiste, privée de culture (et sans doute à jamais du pseudo-tunnel), qui depuis toujours voit avec de la fumée dans les yeux, le privé qui fonctionne, souvent même mieux que le public ». La gestion de Gelmini (celle-là oui, vraiment désastreuse pour l'école) a montré que le secteur privé de l'école prospère et se consolide à détriment du public qui déchoit précisément parce que le premier est fortement arrosé de subsides d'État au détriment du secteur public. D'ailleurs, comme on sait, les écoles privées (qui ne brillent pas du tout par leur « fonctionnement », et bien au contraire, elles sont évaluées de qualité bien plus insuffisante que les écoles publiques) ont toujours existé et elles n'auraient certes pas besoin du soutien public, malgré tout, on veut faire passer le chantage qu'autrement les enfants ne pourront pas aller à école.

Pour le professeur Stefano Zamagni, un des initiateurs de l'option B au référendum et pas par hasard lien entre les Pd et la conférence épiscopale, « personne ne peut chanter victoire ». Et il parle de « masse critique » non rejointe des partisans du référendum, en dévalorisant le résultat : « il sera donc politiquement insignifiant ». Malgré que le monde de la politique se rende compte vraiment du contraire et que le tout soit parti d'un comité sans moyens et sans appuis formé de quelque dizaine de personnes. Il minimise même la portée de son extension qui sur le papier, était très étendue — il comprenait les partis majoritaires et la puissante curie locale — en attribuant son échec Pd. De son coté , le journal catholique (Communion et Liberté) Tempi parle de « faillite » de la tentative des référendaires « de faire de Bologne le laboratoire pour mettre en crise toutes les écoles paritaires (catholiques) ». Avvenirre, le quotidien des évêques, rebat le « flop » d'affluence et relance commentaire négatif de l'Agesc, qui réunit les parents des élèves des écoles catholiques et parle « risque de précédent pour tout le Pays ».

 

Si de l'analyse du vote, il ressort encore une fois l'exigence d'une partie importante de la société d'avoir des institutions attentives à la laïcité de l'État, de l'analyse des réactions de la classe politique vient encore une fois à la lumière surtout l'exigence de sauvegarder les larges accords, avec l'Église en plus de celles entre les mêmes partis. Le résultat du référendum a démoli la prétention d'une satisfaction plébiscitaire pour le subsidiarisme sauvage d'origine catholqiue, qui a déjà fait tant de dégâts, mais la classe dirigeante ne semble pas moralement équipée pour en tenir compte. Ce croissant (et peut-être désormais abyssal) distanciement entre les opinions des citoyens et celles des politiciens, qui ne concernent évidemment pas seulement l'école publique, interpelle ceux qui demandent plus de laïcité. Il semble difficile trouver des représentations plus adéquates, mais même la route de la démocratie directe (référendum, pétitions populaires) demande beaucoup travail et elle n'est pas dépourvue d'obstacles. Peut-être il faut insister sur chaque front : un engagement encore plus grand, donc. Mais les résultats commencent à venir. Et tôt ou tard, même les politiciens plus zélés devront commencer à tenir compte de la réalité.


La rédaction

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 22:13

 

LE SOURIRE DES ATHÉES


ET LES MASS-MEDIAS CATASTROPHISTES

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (29 mai 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/05/29/mass-media-catastrofici-sorriso-atei/

 

Précepte laïque

Zétazuniens, encore un effort pour devenir laïques !

 

 

Une tornade dévastatrice qui détruit une petite ville, en faisant nombreux morts. Une équipe de CNN s'approche d'une jeune survivant qui tient son enfant dans les bras. Le journaliste Wolf Blitzer lui demande : « Il faut remercier Dieu, non ? » Et s'entend répondre : « Vraiment ? Je suis suis athée ». Et elle rit. Le journaliste rit aussi. L'épisode se conclut avec un rire général, malgré la tragédie omniprésente.


Qu'un journaliste se sente obligé de poser de telles questions, cela ne surprend pas. Il y a un préjugé, archaïque et très diffus, selon lequel tous les êtres humains sont des croyants. Et il s'appuie sur le lieu commun subséquent que Dieu est de toute façon à remercier : même là où règnent mort, destruction et désespoir, on doit de toute façon remercier Dieu d'être saufs ( Juste une question, dit l'âne Lucien : pourquoi faudrait-il remercier l'auteur de la catastrophe ? Ce Dieu est un vieux pervers... Un peu comme si Hitler avait demandé aux survivants des camps de le remercier d'être saufs...). Quant aux morts, eh bien, maintenant, ils vivent heureux au Paradis, et de là-haut, observent avec bienveillance les survivants.

Et dire que, maintenant, même aux Zétazunis, un citadin sur cinq ne relève d'aucune religion. Une donnée bien connue même dans le monde de l'information. Mais on sait qu'il est difficile d'accepter les évidences lorsqu'elles sont contrintuitives. Ainsi ce faisant, cependant, les mass media fabriquent leurs propres préjugés, les amplifient, les reproposent, dans une spirale vicieuse apparemment sans fin.

 

Et toutefois il suffit de peu, pour enrayer ce mécanisme. Une déclaration en direct, en ce cas. Qui devient immédiatement virale sur le web. Une nouvelle preuve que ne pas avoir peur d'affirmer son incroyance peut représenter un exemple significatif pour de nombreux autres. Ainsi que pour les mass media. Le coming out est de toute façon un acte d'honnêteté, envers les autres et envers so-même. Sa maison a été détruite, mais Rebecca Vitsum est rayonnante. Maintenant, elle le sera encore davantage : « Atheist unite », une récolte de fonds lancée en sa faveur par le comique Doug Stanhope pour lui permettre d'avoir de nouveau une maison, a déjà ramassé 100.000 dollars, le double de l'objectif fixé.


La rédaction

 

 

 

http://www.youtube.com/v=rIDrmYyfWe8

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 21:36

 

 

GENÈSE ET NATURE DE LA VIOLENCE

 

CONTRE LES FEMMES

 

Version française des Dernières Nouvelles de l'UAAR – Union des Athées, Agnostiques et Rationalistes. (29 mai 2013) :

Texte italien : http://www.uaar.it/news/2013/05/29/genesi-natura-violenza-donne/

 

Précepte laïque

Italiens, encore un effort pour devenir laïques !

 

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L'approbation de la Convention d'Istanbul est, à sa manière, un titre de mérite pour la Chambre des députés italiens, parmi les premières à la ratifier. Sans doute moins digne d'applaudissements est l'absence des députés, pendant le débat et à l'instant du vote. Nous prenons toutefois acte que, dans un moment où les journaux sont pleins de nouvelles d'horribles violences criminelles contre les femmes, un signal a été donné.

La Convention du Conseil d'Europe, paraphée à Istanbul en mai 2011, tend à prévenir et contrecarrer la violence vis-à-vis des femmes et la violence domestique. Un thème chaud, vus les nombreux cas de violences et d'homicides qui frappent les femmes en Italie. La Convention a été ratifiée par la Chambre et maintenant passera au Sénat pour l'approbation définitive. Le texte tend à contrecarrer non seulement les agressions, les féminicides, la persécution et le harcèlement envers les femmes, mais aussi les mutilations génitales féminines et les mariages combinés, pour affirmer une vraie autonomie et l'égalité des droits par rapport à l'homme.
En théorie, les principes affirmés par la Convention d'Istanbul devraient être généralement partagés par tous ceux qui soutiennent les droits des femmes. Mais pendant la phase d'élaboration du document, comme cela fut dénoncé par Amnesty International, la Russie et le Vatican ont proposé d'enlever la référence à la violence homophobe contre les lesbiennes, les bisexuels et les transexuels, avec l'intention de rayer la référence à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre comme base inadmissible de discrimination.

Dans le passage en question, article 4 alinéa 3,on peut lire :

La réalisation des dispositions de la présente Convention de la part des Parties contractantes, en particulier les mesures destinées à défendre les droits des victimes, doit être garantie sans discrimination fondée sur le sexe, sur le genre, sur la race, sur la couleur, sur la langue, sur la religion, sur les opinions politiques ou de n'importe quel autre type, sur l'origine nationale ou sociale, sur l'appartenance à une minorité nationale, sur le cens, sur la naissance, sur l'orientation sexuelle, sur l'identité de genre, sur l'âge, sur les conditions de santé, sur le handicap, sur le statut matrimonial, sur le statut de migrant ou de réfugié ou sur quelque autre condition.


Considérant les épisodes d'intolérance et les violences spécialement à l’égard des gays (dans ce cas des lesbiennes), enlever cette référence apparaît fort inopportun. Mais le monde catholique le plus intransigeant a accueilli mal le « risque » que soit reconnue la discrimination à l’encontre des homosexuels. Au Parlement, Paola Binetti, député Udc affiliée à l'Opus Dei, a fait approuver un ordre du jour pour maintenir la « cohérence » de la Convention avec la Constitution et « éviter quelques ambiguïtés particulières ». Traduit, l'objet de la dispute était l'article 3 relatif aux définitions, qui au point c dit : avec le terme « genre », on vise des rôles, comportements, activités et attributs socialement construits qu'une société déterminée considère appropriés pour des femmes et hommes
« On ne voit pasle besoin d'introduire le concept de genre dans un traité où au centre de l'attention, il y a la femme en évidente et claire opposition avec le mâle », a soutenu Binetti. Sur cette touche elle a battu même le député Pdl (ex Pd) Dorina Bianchi dans le journal Tempi : « L'Italie signera, mais il faut que la ratification du traité se produise dans le respect de son système ». Sur le quotidien des évêques Avvenire, le juriste Francesco D'Agostino en profite pour critiquer la dérive (du point de vue catholique) qui conduit à une plus grande acceptation des homosexuels et de leurs droits, et critique la Convention d'Istanbul.
Tout cela paraît dans la ligne de la doctrine catholique : au fond, les douze apôtres étaient tous hommes et la femme a été placée par Saint Paul dans une position de minorité, donc reléguée à celle d'« ange du foyer » comme épouse fidèle au côté de l'homme — sans possibilité de divorcer — avec la carrière religieuse comme unique forme d'ascenseur social pour la célibataire.
Une ligne restée solide au cours des siècles, même avec l'encyclique Casti Connubii (1930) de Pie XI, qui attaquait ouvertement les conceptions modernes et libérales du mariage et qui reste toujours parmi les références doctrinaires du catholicisme. Dans son encyclique, le pape réaffirmait que le mariage est un sacrement institué par Dieu et donc indissoluble. Parmi ses buts, il y a la procréation et l'éducation chrétienne des enfants, donc sont condamnés contraception et avortement. L'émancipation de la femme est qualifiée de contraire à la doctrine paulinienne, qui veut la femme soumise.
D'ailleurs, encore aujourd'hui, les prêtres sont seulement des hommes ; l'Église nie les droits reproductifs de la femme et n'admet pas le divorce. Même lorsque le mari est brutal : le conseil informel des curés est celui de « supporter » . Récemment, même l'archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, connu en Allemagne pour ses positions conservatrices, a conseillé aux femmes de rester à la maison pour faire plus d'enfants. Tout cela n'implique pas, bien entendu, que le catholicisme incite à la violence sur les femmes. Mais de fait, il la ratifie à l'intérieur d'un modèle de société machiste et patriarcale et d'une conception « propriétaire » des femelles, qu'il ne remet en cause en aucune manière. L'impression est que ce cadre est interprété comme biologique, donc « naturel » (Et Dieu là-dedans, il fait quoi ? il sert à quoi ? Si c'est la ntaure qui détermine les choses... ndt). En ne prenant pas les distances envers un tel modèle, il est inévitable qu'il est difficile de développer la condition féminine.


Le dernier cas de féminicide mis en exergue par la chronique est celui de Corigliano Calabro en province de Cosenza, dans lequel la jeune fille de seize ans Fabiana Luzzi a été tuée par son fiancé. Encore une fois, il en ressort, écrit Fabio Sabatini sur le blog du « Fatto », cette culture « médiévale et sexiste partagée » et « cultivée dans la famille, dans le village et dans le reste du pays », malheureusement fort enracinée surtout dans l'Italie du Sud. Est intervenu à propos de cet événement jusqu'à l'archevêque de Rossano-Cariés, Stefano Marcianò, qui a demandé de prier pour l'assassin. Il manque dans les mots du prélat l'attention pour la dignité de la femme, qui est toujours traitée comme un objet.
Encore une fois, un évêque ne se préoccupe pas d'intervenir sur les causes qui mènent à la violence vis-à-vis des femmes. Encore une fois, aucune concession n'est faite à leur souhaitable émancipation. L'attention est seulement pour l'homme et à la demande de pardon pour ce dernier. Cela ne nous semble pas une attitude adaptée aux risques que courent tant de femmes.

La rédaction

 

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