Ah , dit Marco Valdo M.I. à son camarade l'âne.
Ah, dit Félix, l'âne noir et blanc en levant sa grosse tête d'âne vers son camarade Marco Valdo M.I., que
veux-tu dire par ah ?
C'est comme un soulagement, un soupir de contentement., répond Marco Valdo M.I. J'ai écrit les chansons qu' on
m'avait demandées.
Des chansons, dit l'âne aux yeux luisant de curiosité, késako ? Quelles chansons ? T'en as déjà fait tout
plein.
Oui, oui, c'est bien sûr, mais ici elles sont d'un genre particulier.
Qu'est-ce qu'elles ont de particulier ? s'étonne l'âne (mais pas vraiment, c'est juste par courtoisie, par
politesse, par amitié...Bref, pour relancer la conversation).
En fait, ce sont des parodies. Il y en a (provisoirement ) quatre.
Mais, dit l'âne en balançant la queue d'un air perplexe, c'est quoi ces parodies et pourquoi tu fais des
parodies, maintenant.
Au fait, tu as raison, mon camarade, dit Marco Valdo M.I. On croit toujours connaître la langue et voilà, on
dit un mot. On pense que c'est le bon mot. Et puis, d'un coup, comme ça, on se rend compte que c'est venu comme çà, que c'est intuitif. On dit un mot, on est certain que ce doit être le bon. Par
exemple, parodie. On se dit que c'est pour se moquer, une sorte de contrefaçon d'une chanson « sérieuse » et puis, on sent comme une ironie, comme une moquerie.
Oui, c'est ça que j'ai senti, dit l'âne en s'ébrouant. Mais, je me demande de qui ou de quoi, tu te moques. De
la chanson de départ, de l'auteur de cette chanson, ou du genre de chanson.
C'est assez juste, répond Marco Valdo M.I.. Tu prends par exemple, une scie majuscule, genre La Vie en Rose
(Quand elle me prend dans ses doigts, je me sens tout chose...) ou Le Chanteur de Mexico (Merci, coco...) et tout en conservant, la métrique, la structure, le rythme, la mélodie, tu en changes le
sens. Ou alors, « Les trois cloches », dont tu peux évidemment et facilement, faire « Les trois moches », ou « Les trois broches »... Ou alors, le célébrissime
« Petit c... de Ninon », si joli, si fragile, gai comme un papillon, le petit c... de Ninon. Bon, c'est vrai, dans la chanson, c'est le coeur de Ninon. Mais toi, tu avais compris autre
chose, comme j'ai vu à ton air goguenard.
Alors, c'est ça que tu as fait, dit l'âne un peu trop rapidement. Des chansons pour te moquer des chansons, de
ceux qui écrivent els chansons.
Non, pas vraiment, dit Marco Valdo M.I. Cette fois, j'ai fait des parodies, mais dans un autre sens du mot.
Pour ce sens va voir, par exemple, le petit Robert.
J'y vais. Où est-ce qu'il habite ?, dit l'âne du tac au tac.
Non, le petit Robert, c'est un dictionnaire. Eh bien, le petit Robert (le grand aussi d'ailleurs, car il y a
un plus grand Robert, en plusieurs volumes de grands formats) rappelle que le mot parodie a un deuxième sens, une deuxième signification. Vois-tu, mon camarade l'âne. Il dit très exactement :
« parodie : couplet, strophe composés pour être chantés sur un air connu. » Où a-t-il bien pu aller chercher ça, Robert ? C'est tout simple, chez Émile Littré, un siècle auparavant. Au
passage, note et rappelle-toi qu'il est toujours intéressant d'aller vérifier au dictionnaire. On y apprend plein de choses.
Donc, tu viens de faire des parodies et on dirait que ça te plaît, dit l'âne en souriant. Et tu as fait ça
comme ça ?
J'en ai fait quatre. J'en ferai d'autres, sans doute, car quand on a commencé, qui sait quand on pourra
s'arrêter. Mais, bien sûr, ce n'est pas vraiment un hasard. Je les ai volontairement construites sur des chansons existantes; c'est une tradition des chansonniers, tu sais, ces gens qui
brocardent les puissants, les gouvernants. Il suffit de voir d'ailleurs La Vache à Mille Francs de Jean Poiret, que Brel, auteur de la chanson parodiée par Jean Poiret qui était, je te le
rappelle, « La Valse à Mille Temps » (ces deux chansons ont connu leur heure de gloire et furent des scies industrielles) a reprise sur scène à l'Olympia en 1961. Bel hommage au
chansonnier.
Et les autres ? , demande l'âne alléché comme un renard au pied de l'arbre à corbeaux.
Il y en quatre au total :
Une sur la Valse à Mille temps de Brel que j'ai intitulée La Valse des chômeurs
Une sur la Vache à Mille francs de Poiret que j'ai intitulée Le chômage rend fou
Une sur Les Amoureux du Havre de Léo Ferré que j'ai intitulée Je chôme, tu chômes...
Une sur Y a pas de soleil en Alaska d'Antoine que j'ai intitulée Y a plein de chômeurs en
Wallonie.
Ah, dit l'âne un peu incrédule, tu crois que ça va aller.
Je ne sais pas trop, dit Marco Valdo M.I. Ce sont des versions qui peuvent évoluer. Mais enfin, c'est un
premier pas. Bien entendu, j'en ferai sans doute d'autres. Mais il me faut du temps. J'ai un milliard de choses en chantier.
Mais qui va bien pouvoir chanter ça, dit l'âne tracassé. Si on les chante jamais.
Oui, c'est une vraie question, dit Marco Valdo M.I. En fait, je pense à des chanteurs populaires, ceux qui
chantent dans les rues, ceux qui chantent dans les fêtes locales, dans les rassemblements, dans les manifestations... Je pense aussi aux chorales. Enfin, on verra bien.
Je chôme, tu
chômes...
Chanson des chômeurs
désœuvrés, de Marco Valdo M.I.
dérivée des Amoureux du
Havre – chanson de Léo Ferré.
On mange
mal,
On dort comme on
peut.
On vit
mal,
On survit comme on
peut
Je chôme, tu chômes, on
chômera
Jusqu'à la fin du
monde
Puisque la terre est
ronde
Mon ami t'en fais
pas
Les chômeuses, les
chômeurs, leurs enfants
Se fichent du capital et du
rendement
Ils survivent sans
salaire
Comme on survit sur la
terre
Je chôme, tu chômes, on
chômera
Jusqu'à la fin du
monde
Puisque la terre est
ronde
Mon ami t'en fais
pas
Les chômeurs
désœuvrés
Ont du temps pour
rêver
Et des jours
libérés
Pour pouvoir
s'entraider
Je chôme, tu chômes, on
chômera
Jusqu'à la fin du
monde
Puisque la terre est
ronde
Mon ami t'en fais
pas
Mon ami t'en fais
pas.
Les chômeurs
désargentés
Ont du temps pour
rêver
Et des jours
libérés
Pour pouvoir
s'entraider
La valse des
chômeurs
Sur la chanson de Jacques Brel - La Valse à Mille temps – 1959
La Chanson des Chômeurs - Marco Valdo M.I. 2008
Au premier jour de chômage
Tout seul, tu t'ennuies déjà
Au premier jour de chômage
Tu es seul mais tu t'aperçois
Que l'Forem bat la mesure
Le Forem t'impose un contrat
Et l'Onem qui bat la mesure
Te murmure murmure tout bas
Un chômeur bien content
Qui s'offre encore le temps
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour
Comme c'est charmant
Un chômeur mécontent
C'est beaucoup moins dansant
C'est beaucoup moins dansant
Mais pas aussi charmant
Qu'un chômeur bien content
Un chômeur mécontent
Être chômeur à vingt ans
Être chômeur à vingt ans
C'est beaucoup plus troublant
Mais tout aussi déprimant
Qu'être chômeur à cinquante ans
Quand il est chômeur à vingt ans
Le chômeur a tout le temps
De devenir chômeur à soixante ans
Un chômeur ça s'entend
A chaque carrefour
Avec sa rage que l'amour
Rafraîchit au printemps
Un chômeur à mille temps
Un chômeur à mille temps
Un chômeur a mis le temps
De patienter vingt ans
Tout en espérant
Trouver un emploi gratifiant
Un chômeur à mille temps
Un chômeur à mille temps
Un chômeur a mis le temps
A dix mille fois le temps
Dix mille fois le temps
De bâtir un roman
Au deuxième temps du chômage
Vous êtes deux, le contrôleur et toi
Au deuxième temps du chômage
Vous comptez tous les deux une deux trois
Et l'Forem qui bat la mesure
l'Onem qui limite tes droits
Et l'Onem qui prend des mesures
Te fredonne fredonne déjà
On va t'exclure du chômage
Car tu ne trouves pas l'emploi
On va t'exclure du chômage
Car des emplois, il n'y en a pas
Et l'Onem qui prend des mesures
Laisse enfin éclater sa joie.
Et l'Onem qui prend des mesures
L'Onem sanctionne déjà
Mais un chômeur mécontent
Un chômeur ça s'entend
Un chômeur ça s'entend
A chaque carrefour
Avec sa rage que l'amour
Rafraîchit au printemps
Mais dix chômeurs mécontents
Cent chômeurs mécontents
Mille chômeurs mécontents
Cent mille chômeurs, ça s'entend
A chaque carrefour
Avec leur rage que l'amour
Rafraîchit au printemps
Cent mille chômeurs, ça s'entend
A chaque carrefour
Avec leur rage que l'amour
Rafraîchit au printemps
Cent mille chômeurs mécontents
C'est bien embarrassant
Ça peut devenir méchants
Et foutre en l'air le gouvernement
Cent mille chômeurs mécontents
Cent mille chômeurs mécontents
ça descend dans la rue en chantant
pour faire valser les gouvernements...
Lalalala....
Le chômage rend fou
Sur la chanson de Jean Poiret – La Vache à Mille francs , 1961
parodie de la chanson de Jacques Brel - La Valse à Mille temps - 1959
La Chanson des Chômeurs - Marco Valdo M.I. 2008
Au premier temps du chômage,
Tout seul dans la file, je suis là,
Au premier temps du chômage,
Y a l'employeur, y a l'interim et y a moi,
Et l'Onem qui bat la mesure,
La mesure de mon emploi,
Et l'Onem qui bat la mesure,
Mesure aussi mes fins de mois.
Un chômeur obéissant,
Comme ce serait charmant,
Comme ce serait charmant
Et beaucoup plus tentant
Qu'un chômeur récalcitrant,
Un chômeur obéissant,
Un chômeur obéissant,
Fait un Onem content,
Un Forem performant,
Un marché du travail attrayant,
Un chômeur obéissant,
Un chômeur obéissant,
Ce serait plus intéressant
Pour les patrons
Et pour les exportations
Qu'un chômeur résistant
Un chômeur obéissant…
Un chômeur obéissant,
Ce serait plus intéressant
Pour les patrons
Et pour les exportations
Qu'un chômeur résistant
Un chômeur obéissant…
Au deuxième temps du chômage,
C'est à peine si je vois de l'emploi
Au deuxième temps du chômage,,
Y a du monde entre l'emploi et moi.
Il y a le contrôleur qui passe la mesure,
Le facilitateur qui lui emboîte le pas,
Pendant que les ministres nous assurent
Que le coût de la vie n'augmente pas.
Un chômeur débutant,
En quittant Marbehan,
Devient chemin faisant
Comme par enchantement
Un chômeur consentant
On ne sait pas comment,
Est menacé de sanctions,
Accepte les formations
Et devient par conséquent
Un chômeur encore plus obéissant,
Un chômeur obéissant,
C'est bougrement tentant,
C'est bougrement tentant
Pour les patrons et les gouvernants
D'en faire innocemment
Un chômeur encore plus obéissant.
Un chômeur servile,
Un chômeur servile,
En sortant de la ville,
Pris dans un tourbillon
Devient pour les patrons
Par un calcul habile
Une proie très facile
Et pour le gouvernement
Un citoyen consentant.
Un chômeur sanctionné
Un chômeur sanctionné
Sans ses allocations
Est une excellente leçon
Pour les récalcitrants
Pour tous les travailleurs
Qui auraient des idées
De vouloir être augmentés.
Et comme disent les patrons,
Le coût moyen de l'heure
Est beaucoup trop élevé,
C'est une grave erreur,
Et pour le compenser,
Il faut de la productivité,
De la mobilité, de la flexibilité,
Et de la docilité.
Pour garantir tout çà,
Y faudrait licencier,
Faut plus de syndicats,
Faut plus de délégués.
Les salaires trop élevés
Faudrait les diminuer
Pour pouvoir augmenter
Le revenu des rentiers,
Il faut diminuer
Les salaires trop élevés, bien trop élevés
Pour pouvoir augmenter
Le revenu des rentiers,
Il faut diminuer
Les salaires trop élevés, bien trop élevés
Au dernier temps du chômage,
Dans la rue, le chômeur est là,
Au dernier temps du chômage,
Y a le chômeur et toujours pas d'emploi.
Et l'Etat, qui prend des mesures,
L'Etat qui mesure notre émoi,
Et l'Etat qui prend des mesures,
Pour exclure un peu plus chaque mois.
Oh le chômage ! Le chômage …
Oh le chômage nous rendra fous !
Oh le chômage ! Le chômage...
Ils se foutent vraiment de nous.
Y a plein de chômeurs en Wallonie
Trois Carolos à l'entrée du métro
Écoutaient le chômeur Polo
Qui racontait ses ennuis
Depuis que l'Onem le poursuit
Quand t'es chômeur à Charleroi
Tu peux courir après un emploi
Y pas d'emplois à Charleroi
Que des petits boulots, que de la tonte de gazon
Rien que de l'intérim et des trucs à la con.
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Trois chômeurs liégeois assis sur banc
Se racontaient leurs emmerdements
Se disaient tous les ennuis
Qu'ils ont quand l'Onem les poursuit
Quand tu deviens chômeur à Liège
Tu tombes vraiment dans un piège
Car à Liège, y a pas d'emplois
Y en a pas plus qu'à Charleroi
Que des petits boulots, que de la tonte de gazon
Rien que de l'intérim et des trucs à la con.
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Trois Louvièrois au bord du canal
Regardaient l'eau sans avoir le moral
Se disaient tous les ennuis
Qu'ils ont depuis que l'Onem les poursuit
Y a pas travail pour les Louvièrois
Tu peux toujours courir quand t'habites là
Y en pas plus qu'à Charleroi
Que des petits boulots, que de la tonte de gazon
Rien que de l'intérim et des trucs à la con.
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Y a plein de chômeurs en Wallonie
Tu peux toujours aller en Flamanie
Y a pas d'emplois en Wallonie
Que des petits boulots, que de la tonte de gazon
Rien que de l'intérim et des trucs à la con.
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum
Boumbadaboumbadaboum boumboum