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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 20:58

Mais qui voilà... Ne serait-ce pas mon ami Lucien l'âne que je vois là bas ?, dit Mârco Valdo M.I..


Ne dirait-on pas Mârco Valdo M.I., que je vois ici, dit l'âne en arrêtant tout net son petit trot.


Oui, c'est bien moi. Bien entendu, je comprends que tu ne me reconnaisses as si facilement dans ce noir, mais c'est juste quelques instants à attendre avant que ne s'éclaire le lampadaire. Avec ces soirs qui tombent de plus en plus tôt et les matins encore pluvieux, on devrait s'équiper de lanternes...



Une lanterne, dis-tu. Une lanterne, comme celle de Diogène qui s'en allait cherchant un homme... Je me vois bien arpentant les fossés à ta recherche dans une nuit sans lune, avec une lanterne coincée dans mes dents, dit Lucien L'âne aux dents redoutables et solides comme le roc. Avec tout ça, il y a bien deux jours que je t'ai vu. Tu m'avais dit à demain et hier, qui tait demain pour avant-hier, je t'ai attendu.


Oh, tu sais Lucien mon ami, qu'il faut parfois dans cette vie, se donner des moments à soi, des moments où on se fait plaisir... et vois-tu, je me suis fait un de ces petits repas – pas tout seul, bien sûr. Mais un de ces repas bien agréable que je m'étais préparé tout tranquillement et le tout arrosé de quelques bouteilles de vin blanc. C'était un plat de moules au riz avec de l'ail, des oignons et des poivrons. Une petite merveille ! Évidemment, tout ce vin m'a conduit tellement tard dans la soirée et même dans la nuit que je n'ai pu te rejoindre. C'est un peu désolant, j'en conviens, surtout si tu m'as attendu.


C'est vrai, je t'ai attendu, mais à la vérité, dit l'âne Lucien qui est franc comme le hareng, ne te voyant pas venir, j'ai quitté rapidement notre lieu de rencontre et je suis allé me faire une petite fête avec d'autres asins. J'aime bien ce mot : les asins, ça me rappelle mes débuts. Du temps où j'étais encore un as; un as asin. Trêve de toutes ces fariboles, dis-moi plutôt, si tu as quand même pensé à tenir ta promesse... Je te rappelle que tu m'avais dit que tu me ferais entendre l'une ou l'autre chanson le dimanche. J'admets que cette promesse peut être retardée par diverses circonstances... Mais aujourd'hui que tu es là devant moi, dis-moi, vas-tu me dire des chansons et de qui et de quoi.


Oh, Lucien mon ami, comment as-tu pu supposer un instant, même de façon purement rhétorique que je n'allais pas tenir ma promesse. Si ce n'était toi, je me vexerais. Mais bien sûr que j'ai l'intention de la tenir et mieux que je vais la tenir illico. En plus, c'est une série de chansons-sœurs et séduisantes en diable.


C'est mignon çà, des chansons sœurs, dit l'âne en souriant de ses yeux d'un noir d'encre. Je n'avais jamais entendu parler de chansons sœurs... De quoi s'agit-il ? Car avec toi, Mârco Valdo M.I., il y a toujours d'étranges manières de dire les choses. Des chansons sœurs ????


En fait, dit Mârco Valdo M.I., je comprends que tu n'aies jamais entendu cette expression, car, vois-tu, je l'ai inventée tout récemment pour ces chansons-là. Et j'ai bien fait, car l'idée est à la fois très parlante et assez pertinente. J'appelle des chansons sœurs, les chansons qui sont liées par une même musique ou qui portent sur le même sujet; en l'occurrence, celles que je vais te présenter répondent aux deux critères. Je t'en présente trois. Deux sont d'un même auteur, Alfredo Bandelli, dont je t'ai déjà parlé et la troisième est de Francesco Guccini.


Rien que du bon, tu me gâtes, mon ami Mârco Valdo M.I., dit l'âne en passant sa longue langue rouge entre ses dents blanches. Rien que du bon. Il est vrai qu'avec toi, on ne risque pas de devoir subir des ignominies. Mais de quoi parlent-elles, ces canzones ?


Je t'explique, dit Mârco Valdo M.I.. Je vais te les exposer dans l'ordre chronologique de leur création. La première qui est une très belle chanson – et je l'aime vraiment beaucoup, a servi de base pour la deuxième. Et la troisième, celle de Guccini, est sur le même thème que la seconde. Tout cela à l'air bien compliqué.... Mais quand je te dirai le titre de la première, tu comprendras tout de suite qu'il s'agit de grands moments de poésie.


Ah oui ?, comment s'intitule-t-elle;


Je te donne son titre en italien : Bella Bimba, que j'aurais pu traduire par Belle poupée et son titre français, celui que je lui ai forgé est : La belle fille sans nom.


C'est tout de suite plus mystérieux, dit l'âne. J'adore ce titre. Et les autres canzones ?


La seconde de Bandelli se nomme, tout simplement : À Silvia et celle de Guccini : Chanson pour Silvia. Quant à Silvia et son arrivée dans la chanson, je l'explique en détails dans le commentaire des chansons. En bref, il s'agit d'une militante italienne des droits de l'homme, emprisonnée aux Zétazunis pendant des dizaines d'années et pour laquelle se sont battus bien des gens en Italie et ailleurs; dont nos deux chantauteurs. Et si tu veux bien, les voici toutes ces chansons.






LA BELLE FILLE SANS NOM

Chanson italienne – Bella bimba – Alfredo Bandelli – 1988

Version française – Belle fille sans nom – Marco Valdo M.I. – 2008


Alfredo Bandelli a longtemps chanté cette chanson; jusqu'à tant qu'il a pu chanter. Il lui a donné une chanson-sœur qu'il a consacrée à Silvia Baraldini, une militante pacifiste et anti-raciste italienne qui arrêtée en 1982, fut condamnée à 43 ans de prison et qui fut emprisonnée des années aux Zétazunis en raison de son engagement dans la lutte pour les droits civiques des Noirs. Puis en Italie, après son extradition en 1999; elle n'en sortit qu'en 2001.

Ce phénomène des chansons-sœurs n'est pas fréquent et mérite qu'on s'y arrête un instant pour en définir les limites. En l'occurrence, il s'agit d'une même musique et d'un texte presque semblable; en somme, une variante. Dans la chanson française, on peut citer « Carcassonne » et « Le nombril des femmes d'agents »... chansons de Georges Brassens ou encore, chez le même Brassens, le mariage de Francis Jammes – auteur catholique et de Louis Aragon – auteur communiste, par le biais d'une musique commune pour « La Prière » du premier et du second : « Il n'y a pas d'amour heureux ».



Où cours-tu si essoufflée

Belle fille sans nom ?

Où emportes-tu ton joli visage ?

Où emportes-tu tes ondulations ?


Je vais retrouver mon compagnon

qu'ils ont mis en prison

Lui porter mon cœur

Lui porter cette fleur.


Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.

Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.


Où cours-tu si essoufflée

Belle fille sans nom ?

Où emportes-tu ton joli visage ?

Où emportes-tu tes ondulations ?


Je vais rejoindre mes camarades

qui ont été licenciés

Je vais demander justice

pour tous les exploités.

Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.

Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.

Où cours-tu si essoufflée

Belle fille sans nom ?

Où emportes-tu ta rage ?

Où emportes-tu tes ondulations ?

Dans les rues, je vais marcher

contre l'arme nucléaire

contre toutes ces sales guerres

qui détruisent la terre.


Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.

Va, belle fille, va

égalité, paix, liberté.





À SILVIA





Chanson italienne – A Silvia -Alfredo Bandelli – fin des années 1980

Version française – À Silvia – Marco Valdo M.I. – 2008



Alfredo Bandelli a longtemps chanté cette chanson; jusqu'à tant qu'il a pu chanter. Dans le répertoire de Bandelli, elle a une chanson-sœur (Bella Bimba – La belle fille sans nom), qui l'a sans doute précédée. [ Je ne sais si tu es au courant , disait Luciano Filippi – Gildo dei Fantardi à Riccardo Venturi, que cette chanson était d'abord intitulée Bella bimba et elle n'avait rien à voir avec Silvia Baraldini. Quand suurvint l'affaire, Alfredo Bandelli utilisa la mélodie de Bella Bimba et ne fit cette splendide composition.], Celle-ci « A Silvia » est consacrée à Silvia Baraldini, une militante pacifiste et anti-raciste italienne qui arrêtée en 1982, fut condamnée à 43 ans de prison et qui fut emprisonnée des années aux Zétazunis en raison de son engagement dans la lutte pour les droits civiques des Noirs. Puis en Italie, après son extradition en 1999; elle n'en sortit qu'en 2001 et ne fut entièrement libre qu'en 2006.

 

Par ailleurs, on ne peut passer sous silence la chanson « Canzone per Silvia » que plus tard, Francesco Guccini consacra à son tour (1993) à cette militante des droits de l'homme (fût-il noir...).



Silvia est renfermée dans sa cellule

à cause d'un rêve, pour un idéal,

dans cette Amérique sœur

progressiste et libérale.

Condamnée à la mort lente

dans une prison spéciale

par le maître blanc et fort

en son juste tribunal.

Non, il ne s'arrêtera pas

ce combat ne s'arrêtera pas !

Non, il ne s'arrêtera pas

égalité, paix et liberté !


Écoutez votre conscience,

démocrates et chrétiens,

qui siégez à toutes les tables

qui serrez mille mains.


Rendez à Silvia un peu d'air,

rendez à Silvia un peu de vent,

pour qu'elle puisse défaire

ses ailes du ciment !

Non, il ne s'arrêtera pas

ce combat ne s'arrêtera pas !

Non, il ne s'arrêtera pas

égalité, paix et liberté !


Et vous muets, arbres fatigués

Soulevez vos racines

vous, oui vous, camarades avancez

sans sourires hypocrites.


À bas les barres, à bas les gendarmes,

ce sera la liberté ou les flammes !

Que chaque Silvia soit recueillie...

ce sera liberté ou révolte !

Non, il ne s'arrêtera pas

ce combat ne s'arrêtera pas !

Non, il ne s'arrêtera pas

égalité, paix et liberté !




Silvia Baraldini



CHANSON POUR SILVIA.


Chanson italienne – Canzone per Silvia – Francesco Guccini – 1993

Version française – Chanson pour Silvia – Marco Valdo M.I. – 2008




Silvia, la Silvia de la chanson, c'est Silvia Baraldini.

Elle fut arrêtée en emprisonnée aux Zétazunis en 1982 pour sa participation à la lutte pour les droits civiques des Noirs. On la condamna à 43 ans de prison.

Le FBI ( comme le faisaient les polices fascistes...) a plusieurs fois offert à Silvia Baraldini de l'argent en échange de dénonciations. Pour avoir refusé, sa peine fut augmentée de trois ans.


Elle fut enfermée au pénitencier de Lexington où elle fut soumise à un régime carcéral d'isolement, de fouilles corporelles, de censure de la poste, de limitations des visites et de contrôle de tous les isntants, y compris les plus intimes. Une « Achtung Banditen ! » en quelque sorte !


Silvia malade d'une tumeur dut être opérée, enchaînée sur la table.

La prison de Lexington fut fermée après la dénonciation des conditions par Amnesty International.

Silvia fut transférée au quartier de haute sécurité de la prison de Marianna.

Un mouvement pour sa libération fut mené pendant des années en Italie; y participèrent entre autres : Antonio Tabucchi, Dario Fo, Umberto Eco, Francesco Guccini et bien évidemment, Alfredo Bandelli auteur lui aussi d'une chanson À Silvia.


Après son extradition en Italie en 1999, Silvia dut encore attendre 7 ans avant de recouvrer la liberté en 2006.





Les cieux d'Amérique sont mille cieux au-dessus d'un continent,

Le ciel de la Floride est une étoffe baignée de bleu,

Mais le ciel, là, en prison, n'est pas un ciel; c'est quelque chose qui couvre

le jour et je jour d'après et encore un autre jour, toujours du même rien.



Et dehors, il y a une route à l'infini, longue comme l'espoir,

et tout au long, il y a un village effiloché : motel, église, maisons, buissons

Des marais où en un temps lointain régnait le Séminole,

Mais autour de la prison, c'est un désert ou souvent danse le vent.


Tant d'années ont passé et tant doivent encore passer

Des jours et des jours et des jours qui font des mois qui font des années et des années amères.
Que reste-t-il à Silvia, là, en prison ? Il ne lui reste qu'à regarder.

L'Amérique dans les yeux en souriant de ses yeux limpides et clairs...


L'Amérique est grandiose et puissante, tout et rien, le bien et le mal,

Des villes avec des gratte-ciel, avec des slums et la nostalgie d'un grand passé,

Des technologies avancées et à l'horizon, l'horizon des pionniers

Mais parfois l'horizon est seulement une prison fédérale.


L'Amérique est une statue qui t'accueille et symbolise, blanche et pure,

la liberté, et du haut, fière, elle embrasse toute la nation.

Pour Silvia, cette statue symbolise seulement la prison

car l'Amérique a peur de cette petite Italienne.

Peur du différent et du contraire, de qui lutte pour changer,

Peur des idées des gens libres, de qui souffre, se trompe et espère.

Nation de bigots ! Maintenant je vous demande de la laisser rentrer

car il n'est pas possible d'enfermer des idées dans une prison...


Le ciel d'Amérique sont mille ciels au-dessus d'un continent,

mais le ciel que tu enfermes là, n'existe pas; c'est seulement un doute ou une intuition;

Je me demande s'il y a des idées qui valent la peine de rester là en prison

et Silvia n'a tué personne, jamais et jamais, n'a rien volé.

Je me demande à quoi on pense le matin quand on retrouve le soleil

ou comment on fait entre ces murs pour chasser sa grande nostalgie

ou quand à l'improviste une averse brise la monotonie,

je me demande ce que fait pour l'instant Silvia pendant que moi ici doucement je la chante...


Je me demande, mais je n'arrive pas à me l'imaginer; je pense à cette femme forte

Qui lutte encore et espère car elle sait à présent qu'elle ne sera plus seule.

Je la vois avec , sur son dos, sa chemise où il est écrit :

Que toujours l'ignorance fait peur et son silence est égal à la mort;

Que toujours l'ignorance fait peur et son silence est égal à la mort;

Que toujours l'ignorance fait peur et son silence est égal à la mort;


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