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25 juillet 2008 5 25 /07 /juillet /2008 23:16

Tiens, un âne, dit Marco Valdo M.I. en relevant la tête du papier sur lequel il écrivait, on se sait trop quoi. Tiens, mais on dirait vraiment un âne....



Arrête ton char et dis-moi bonjour, je préfère. Je ne suis pas d'humeur, aujourd'hui, dit Lucien l'âne au pelage lisse et noir en faisant une sorte de révérence en pliant un des genoux avant, qu'il plie contrairement au chameau avec l'angle vers l'avant et comme tous ceux qui plient ainsi vers l'avant le genou pour saluer, il a l'air de tomber et il en a l'impression. C'est gênant. Alors, il déplie le genou et se redresse sur ses pieds ongulés.



Bon, bon, je n'insiste pas, dit Marco Valdo M.I.. Dis-moi quand même ce qui te chagrine à ce point.



Rien, rien. La chaleur, les taons, sales bêtes, ils n'ont pas arrêté de la journée. J'en ai plein le dos, au sens premier et même plein les fesses, de leurs piqures. Ne te moque pas, tu n'es pas un âne – au sens biologique du terme – alors tu ne sais pas ce que c'est de ne pas porter de pantalons ou au minimum de culotte. Oui, ne ris pas, ils m'ont piqué là, précisément là et je ne peux quand même pas me mordre pour combattre ces chatouillis. Alors, je compte un peu sur toi pour me faire oublier ces avanies; pour les framboises, il y en a des sauvages dans le bois et des d'élevage dans ton jardin.



Là, tu vas rendre perplexe ceux qui nous écoutent... dit Marco Valdo M.I..



Pas du tout, dit l'âne en se mordant quand même une bonne fois dans la fesse, ce qui ne facilite pas son élocution... Nous parlons de chansons... et sans doute, tout le monde ne peut pas tout savoir. Il nous suffit de le dire que c'est une allusion à la chanson de Lapointe, Avanies et framboises... et en plus, j'aime beaucoup Bobby Lapointe, moi.



C'est dit, n'en parlons plus, dit Marco Valdo M.I.. Aujourd'hui, j'avais encore l'idée de te faire connaître une étrange chanson et jouer un peu avec le vent, ce soir où il fait quand même encore un peu chaud...



Oui, tu as raison, on reviendra aux choses plus dures un autre jour. Et c'est quoi cette chanson ? Demande l'âne goulument intéressé.



Ô, elle n'est pas nouvelle, elle a bien trente ans, mais elle est jolie et d'excellente facture. Elle est l'œuvre de Francesco De Gregori, qui est un de ces auteurs, chanteurs, compositeurs qui donnent à la chanson italienne toute sa dimension que modestement, à mon tour, je découvre – avec de plus en plus de satisfaction... d'avoir pris ce chemin. Alors, cette chanson, elle raconte l'histoire d'une dame cerf-volant. C'est comment dire, une chanson poétique, onirique. On s'y sent comme dans un rêve et c'en est un, dit Marco Valdo M.I.. C'est mon cadeau pour la nuit. Ô nature, berce-le chaudement.



Une dernière chose, n'ayant pas de photo de note chanteur, j'ai pris une photo d'un ami qui chante aussi, juste pour illustrer mon propos... Elle est floue à souhait pour laisser la place à l'imagination... Mais enfin, si tu veux vraiment voir à quoi pouvait bien ressembler De Gregori ces années-là, tu peux toujours chercher une pochette de disque...











Dame cerf-volant 


Il y avait une femme, l'unique que j'ai eue

Elle avait les seins petits et le cœur muet

Elle ne possédait pas de maison ni au ciel, ni sur terre

Elle vivait doucement sous un arbre vert

Doucement sous son arbre vert.

Lié à ses flancs avec un fil d'argent

un vieux cerf-volant la portait dans le vent

et elle le suivait sans poser de question,

car le vent est son ami

et le ciel est grand.

Je lui dis en riant : « Mais Dame cerf-volant,

ne vous semble-t-elle pas un peu idiote cette occupation. »

Elle me prit la main et me dit : « Qui sait

peut-être au fond au bout de ce fil, il y a ma liberté;

peut-être au fond au bout de ce fil, il y a ma liberté. »


Et je repartis ainsi un peu plus sage

avec trois sous de doute et deux de courage

et je rencontrai un ivrogne travesti en saint

qui se saoulait chaque soir en buvant son propre pleur,

qui chaque soir se saoulait en buvant son propre pleur.


Je m'approchai et lui demandai pardon

Mais je voulais savoir si son pleur était bon

Il me dit : Frère, il est vieux comme Dieu,

mais il est plus doux que le vin car je l'ai fait moi-même.

mais il est plus doux que le vin car je l'ai fait moi-même.


Et avant que les étoiles deviennent des larmes

avant que les larmes deviennent des étoiles,

j'ai écrit des chansons pour toutes les douleurs

et peut-être celle-ci n'est pas des meilleures

et peut-être celle-ci n'est pas des meilleures.


Francesco De Gregori – Signora Aquilone – 1972

Version française : Marco Valdo M.I. - Dame cerf-volant

2008




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